Cinq classiques pour les vacances

Voici, à l’intention du vacancier mélomane, une sélection de cinq enregistrements estampillés 2009. A emporter dans ses valises ou son sac à dos.

Commençons par un brin de belgitude vibrante : le coffret consacré au dernier Concours Reine Elisabeth, session violon. Une performance de réalisation à saluer puisque les CD consignant les prestations des six lauréats étaient disponibles quelques jours après les derniers coups d’archet victorieux de Ray Chen. Menée avec discernement, la sélection permet de revivre les concertos présentés par les 3 premiers, dont l’extraordinaire Shostakovich du Moldave Ilian Gârnet. Avec, aussi, d’excellents moments des épreuves éliminatoires, comme le concerto de Mozart proposé par Kim Suyoen. En bonus, un CD coup de c£ur échappe au carcan imposé du palmarès. On y retrouve Lorenzo Gatto dans la Sonate n°3 d’Enescu ou le fascinant  » A Paganini  » de Schnittke (1982) exécuté par Ye-Eun Choi.

Belgitude encore avec le dernier René Jacobs : l’opéra Idoménée de Mozart. C’est plutôt pour des vacances sportives car les 3 disques dégagent une énergie omniprésente. Uniforme, reprochent certains critiques. N’empêche, c’est du Mozart palpitant, avec un ch£ur et une distribution remarquables (Bernarda Fink, et surtout Kenneth Tarver !). Et, un grand Freiburger Barockorchester :  » Pour l’orchestre, c’est un défi énorme, clame le chef gantois. Mozart a voulu montrer ce dont il était capable en composant une musique d’une grande difficulté, certains traits sont redoutables.  »

On célèbre, cette année, avec force opéras et oratorios, le quart de millénaire de la mort de Haendel. Né en 1685 comme Bach, on en oublie presque que lui aussi était un maître du clavier. Et pourtant, que d’équilibre et d’imagination sensible dans les suites concoctées entre 1720 et 1733. Au fil de ce triple CD, la pianiste allemande Ragna Schirmer égrène ces joyaux de musicalité.

Côté musique de chambre avec vue sur coucher de soleil rougeoyant, le récent CD consacré à Albert Huybrechts (1899-1936) mérite une mention particulière. Outre que ce compositeur bruxellois méconnu devrait vous ménager un certain effet au grand quizz classique de l’été, sa musique à l’expressionnisme radical vaut beaucoup mieux qu’un détour. Ce qu’ont parfaitement compris et ressenti le violoniste Pierre Amoyal et ses comparses, dont la violoncelliste Marie Hallynck. Ecoutez sa lecture sobre et inquiétante du Chant funèbre, avec le piano de David Lively. Et ce Trio à corde à l’émotion âpre et désolée, comme sorti de nulle part. Vous pleurez ? Non, juste le sel marin…

Enfin, pour les nuits embaumées et tièdes, place au tango, à Astor Piazzolla. Dans un marché assez encombré ces derniers temps, l’enregistrement tout frais de l’ Artemis quartet constitue une option de haute qualité. Avec le concours déluré du pianiste Jacques Ammon, ils explorent la palette expressive du  » Tango Nuevo « . Fuga y Misterio, par exemple, est un enchantement où la rigueur de la fugue se conjugue à la pulsation de la danse.

Concours Reine Elisabeth, violon 2009. Un coffret de 3 +1 CD QEC.

A. Huybrechts, Musique de chambre 1, Un CD Cypres.

W.A. Mozart, Idomeneo, René Jacobs. Un coffret (3 CD) Harmonia Mundi.

G.F. Haendell, Die Klaviersuiten HWV 426-441, Ragna Schirmer, un coffret Berlin Classics.

The Piazzolla project, Artemis Quartet, Jacques Ammon (piano). Un CD Virgin classics.

Philippe Marion

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