Cherchez la femme

Peter Vandermeersch

A propos, le Vlaams Belang, vous en avez encore entendu parler ces derniers temps ? Il est en tout cas certain que le parti qui a dominé la Flandre pendant presque deux décennies traverse une grave crise. Ce que ni les autres partis – tant francophones que néerlandophones, ni le boycottage par la VRT et par d’autres médias, ni la mise en place d’un cordon sanitaire ont réussi à faire, Marie-Rose Morel, la pasionaria blonde, y est parvenue, à elle seule. Au cours de l’année qui s’achève, l’ancienne députée au parlement flamand est devenue beaucoup plus que l’enfant terrible du parti. Ou la Mata Hari comme beaucoup l’appellent. Il devient ainsi chaque jour plus manifeste que le Vlaams Belang est brouillé avec lui-même. Dans le Standaard, Morel a désigné Gerolf Annemans, chef de groupe à la Chambre, comme  » un gamin qui attend qu’on s’incline toujours devant ses exigences « . A son tour, dans le talk-show Phara, diffusé sur la chaîne Canvas (VRT), Annemans a traité Morel de  » femme de rien du tout « . Voilà le niveau auquel, ces jours-ci, s’est abaissé le débat au sein d’un parti qui, jusqu’à il y a quelques années, a constamment magnétisé et paralysé l’ensemble du monde politique belge. Il n’y a pas que les ambitions personnelles qui alimentent les disputes au Belang. C’est surtout la voie à suivre qui bouleverse les esprits. Faut-il donner la préférence à la ligne dure incarnée par la figure de proue Filip Dewinter ? Ou plutôt à la version soft, plus policée, chère à Marie-Rose Morel. Depuis belle lurette, Dewinter et Morel sont engagés dans une lutte acharnée et empoisonnée à propos de ce dilemme. Dans un premier temps, on a cru que Dewinter sortirait vainqueur de l’affrontement, voire même que Morel finirait par être écartée des rangs des nationalistes flamands d’extrême droite. Mais, à la fin du mois dernier, on a pu mesurer toute la profondeur du gouffre qui divise le Belang : alors que la candidature de Morel à la vice-présidence avait été proposée aux membres du conseil du parti, ceux-ci sont allés jusqu’à refuser la confiance à la nouvelle direction. Les choses devraient s’éclaircir d’ici à la fin du mois. Ainsi, donc, le Vlaams Belang, qui avait obtenu 24 % des voix en 2004, avant de s’être tassé à 15 % aujourd’hui, devient-il de plus en plus un parti  » ordinaire « . TOUTES LES CHRONIQUES  » Vu de Flandre  » SUR WWW.LEVIF.BE

PETER VANDERMEERSCH

La pasionaria blonde a mis le feu aux poudres

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