Joyce Azar

Les bonnes actions ne sont plus à l’abri de l’opportunisme politique

Joyce Azar Journaliste VRT-Flandreinfo et co-fondatrice de DaarDaar

Fâcheuse semaine pour De Warmste Week. La plus grande action de charité du nord du pays a été ternie par des actualités déroutantes, impliquant un escroc, un prêtre coupable d’abus sur mineurs et une campagne du Vlaams Belang.

C’est sans doute l’info concernant le parti d’extrême droite qui a le plus interloqué, le Belang ayant démontré, à travers une collecte d’argent, que les bonnes actions n’étaient désormais plus à l’abri de l’opportunisme politique.

De Warmste Week, que l’on peut traduire par  » la semaine la plus chaude « , a lieu depuis 2006, sept jours avant Noël. L’opération de solidarité, chapeautée par la VRT et qui a inspiré le Viva for Life de la RTBF, rassemble chaque année la population et les célébrités flamandes autours de milliers d’engagements bénévoles et de récoltes de fonds. Objectif : épauler des associations en tout genre, soutenant l’environnement, les personnes précarisées ou celles atteintes d’un handicap ou d’une maladie. Dès la mi-septembre se tiennent ventes de gaufres, spectacles et marathons pour récolter un maximum d’argent. L’an dernier, au terme de l’habituelle soirée d’apothéose, la collecte avait livré le généreux montant de 17 286 122 euros.

Fin novembre, des nouvelles moins réjouissantes ont émergé : un homme a encaissé de l’argent avant de disparaître dans la nature sans jamais fournir les crêpes promises ; l’organisation Caritas s’est, elle, vue obligée de mettre un terme à son action après l’ouverture d’une enquête judiciaire à l’encontre d’un de ses travailleurs, un prêtre flamand accusé d’abus d’enfants en République centrafricaine ; plus récemment, l’asbl Boven de Wolken, qui soutient les parents de bébés décédés lors de la grossesse ou après la naissance, a refusé les donations récoltées via une action du Vlaams Belang. En cause : la méthode utilisée.

Il faut dire que celle-ci est interpellante : en échange de cinq euros, le parti nationaliste propose au donateur une carte d’identité flamande symbolique et personnalisée. Dans le cadre de cette campagne, le Belang explique que l’émouvante solidarité du Warmste Week fait partie de l’identité flamande et rappelle, dans la foulée, que la volonté électorale des citoyens n’a pas été respectée. La seule manière d’y remédier, selon le parti, est que la Flandre accède à son indépendance, d’où l’idée d’offrir le fameux document d’identité. Pour marquer le coup, lors du lancement de l’action, la formation de Tom Van Grieken a procuré la carte fictive à tous les parlementaires flamands, ainsi qu’aux députés néerlandophones fédéraux. Une démarche qui n’a pas tardé à susciter des réactions sur les réseaux sociaux.

S’il est habituel pour les partis d’offrir des chèques lors des actions de solidarité, aucun n’avait jusqu’ici osé détourner un acte de bienfaisance pour transmettre ouvertement un message politique. Mais au vu de l’imagination débordante du Vlaams Belang et des sommes astronomiques dont il dispose pour propager ses idées, certains en arrivent à ne plus être surpris par les procédés utilisés. A la longue, ces méthodes pourraient pourtant permettre à leurs initiateurs d’aboutir à leurs fins.

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