>Caroline, 23 ans : « Le ciel décide de notre emploi du temps »

Elle parle doucement.  » Je voulais continuer le travail accompli par mes parents.  » Résolue, Caroline a acquis la moitié de la ferme familiale, fichée juste à côté de Gerpinnes, dans le pays de Charleroi, de ses terres et de son bétail. Depuis quinze mois, elle se lève à l’aube et retrouve ses 80 vaches laitières pour les traire, deux heures durant. Quelque 140 autres bêtes, veaux et blancs bleus belges à l’engraissement, complètent le cheptel.  » Si le compagnon de Caroline n’avait pas aimé la vie à la ferme, nous n’aurions pas donné notre feu vert à la reprise, précise la maman de la jeune agricultrice. C’est déjà tellement difficile comme ça ! Leur couple aurait été voué à disparaître. « 

Lorsque ses parents auront pris leur retraite, Caroline veillera, seule, sur 95 hectares de terres de froment, de triticales, de maïs et de pommes de terre. Enfin, elle devra assurer la vente directe d’£ufs, de lait, de beurre, de poulets, de lapins et de pommes de terre.  » J’aimerais vendre aussi de la glace faite maison « , glisse-t-elle. Et peut-être ouvrir une table d’hôtes ou un service traiteur avec les produits de la ferme. Aujourd’hui, la vente directe rapporte ce qu’il faut d’argent pour payer les visites du vétérinaire et celles de l’inséminateur.

Depuis dix ans, soucieux de diversifier leurs activités et leurs sources de revenus, les parents de Caroline tentent de lancer un élevage de poules. Mais la population locale n’en veut pas. Ni les autorités régionales.  » On nous met sans arrêt des bâtons dans les roues, s’emporte le père de Caroline. Allez voir en Flandre ! Là-bas, on ouvre des porcheries à tous les coins de rue sans que personne proteste. Après ça, il ne faut pas s’étonner si la Wallonie est à la traîne ! « 

 » Sur le plan financier, rien ne va vraiment bien pour le moment, reconnaît Caroline. Le prix du lait, on sait ce qu’il en est. Le prix des céréales n’est pas terrible non plus…  » Comprenez que, pour l’instant, Caroline ne se paie pas.  » Beaucoup m’ont dit que j’étais folle de reprendre une ferme, surtout en tant que femme. C’est vrai que, pour nous, le travail passe avant les loisirs. Il faut surveiller la météo tout le temps. C’est le ciel qui décide de notre emploi du temps.  » Le ciel et les vaches qui fabriquent à qui mieux mieux des petits, peu préoccupés par le respect de la semaine des 38 heures. Comme les autres agriculteurs, Caroline ne connaît ni vacances ni week-ends complets de relâche. Quand, le samedi soir, elle rentre des soirées organisées par la Fédération des jeunes agriculteurs, à 4 heures du matin, elle ne va pas dormir. Elle enfile ses bottes et se rend directement à l’étable  » Je n’ai pas peur de ne pas avoir de vacances, dit-elle. J’ai l’habitude. Je n’en éprouve pas le besoin. « 

L.v.R.

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