Construite en 1932 par l'architecte Paul Aernaut, le 59 du boulevard Auguste Reyers frappe l'oeil en raison de sa belle façade de couleur blanche et vert d'eau. Elle s'ouvre sur un très beau travail de ferronnerie. © DEBBY TERMONIA

Bruxelles par-delà ses façades

Trois week-ends pour découvrir les salons privés du patrimoine architectural bruxellois, tel est le programme du Banad Festival. Art nouveau, Art déco et modernisme à tous les étages.

Pour qui a l’habitude de lever les yeux de ses lacets quand il se promène dans la capitale, ce n’est pas un secret : malgré les effets ravageurs de la  » bruxellisation « , la ville ne manque pas d’attraits architecturaux. Qu’il s’agisse d’Art nouveau, d’Art déco ou même de modernisme, il y a là de quoi faire le bonheur de l’amateur de patrimoine, néophyte ou confirmé. Seul hic : la plupart du temps, la découverte ne peut se faire qu’à distance, depuis l’extérieur, à la faveur de songes vaporeux. Vous êtes du genre, la nuit tombée, à plonger dans d’interminables rêveries en apercevant l’éclat de soleil terni d’un luminaire ? Votre esprit s’emballe lorsqu’il s’agit d’imaginer ce que cachent les perles architecturales ? Aucun doute, le Banad Festival, dont c’est la deuxième édition sous cette forme, vous tend les bras.

La maison Aernout abrite une splendide salle de bains entièrement marbrée.  Le type de marbre en question s'apparente à du
La maison Aernout abrite une splendide salle de bains entièrement marbrée. Le type de marbre en question s’apparente à du  » Grand Antique « .© DEBBY TERMONIA

A la faveur de trois week-ends de mars, les intérieurs fantasmés d’une soixantaine de bâtiments exceptionnels, construits entre 1893 et la fin de l’entre-deux-guerres, offrent leur intimité au regard. Seule condition à ce passage dans les coulisses privées de l’architecture bruxelloise : la nécessité de réserver la visite de son choix, guidée par un professionnel, sur le site de la manifestation – dans la foulée, on notera que sont programmées des visites spécifiques pour les personnes à mobilité réduite (le 24 mars, parcours adaptés aux malvoyants, aux malentendants et aux personnes en fauteuil roulant). Attention, sachant que quelque 30 000 personnes – dont 40 % d’étrangers – ont participé au millésime 2017, on prendra soin de ne pas traîner à se décider. Cela d’autant plus que les réservations sont ouvertes depuis le 1er février.

La maison Aernaut témoigne d'un schéma récurrent en matière d'architecture de l'entre-deux-guerres : la façade est plus audacieuse que l'intérieur. Aux lignes modernistes de l'extérieur répond cette verrière Art déco.
La maison Aernaut témoigne d’un schéma récurrent en matière d’architecture de l’entre-deux-guerres : la façade est plus audacieuse que l’intérieur. Aux lignes modernistes de l’extérieur répond cette verrière Art déco.© DEBBY TERMONIA

La version 2018 du Brussels Art nouveau & Art déco Festival décline toute une série d’activités annexes, qu’il s’agisse de concerts, de visites guidées en costumes d’époque, de spectacles et autres conférences. Pour ceux qui auraient déjà participé à cette initiative, on pointera qu’une dizaine d’adresses se sont ajoutées au casting précédent : l’atelier Ernest Salu et le Palais expo 1935, à Laeken ; la maison Marcel Spittael et la maison Petit, à Uccle ; la maison Herent et l’immeuble Minnigh, à Schaerbeek ; ainsi que l’ancienne maison-atelier du sculpteur Fernand Dubois, réalisée par Victor Horta (actuelle ambassade de Cuba), située avenue Brugmann, à Forest…

85 mètres carrés, et pas un mètre de plus, tel est l'intérieur restreint de la maison Tenaerts. En compensation, le propriétaire évolue dans un espace rempli d'histoire et parfois d'énigmes - la demeure aurait été construite pour une certaine Adèle qui eût été la maîtresse de l'architecte.
85 mètres carrés, et pas un mètre de plus, tel est l’intérieur restreint de la maison Tenaerts. En compensation, le propriétaire évolue dans un espace rempli d’histoire et parfois d’énigmes – la demeure aurait été construite pour une certaine Adèle qui eût été la maîtresse de l’architecte.© DEBBY TERMONIA

Outre l’émoi esthétique de l’événement, on relèvera l’aspect de rencontre comme autre axe fort du Banad Festival. Il est amusant, en effet, de constater qu’une étrange alchimie s’opère entre les maisons de style et leurs propriétaires. En réalité, les habitations sont moins à l’image de leurs occupants que ceux-ci ne se mettent au diapason du lieu qu’ils ont un jour acquis. On en a eu le pressentiment notamment à Laeken dans la maison Draps, où Bert Hoecks nous a semblé totalement envoûté par son bien – au point d’assurer lui-même les visites. Mais la preuve la plus éclatante nous a peut-être été offerte par Massimo Minneci, Ucclois possédant une merveilleuse maison signée par l’architecte Louis Tenaerts. Soucieux de  » revenir à la justesse initiale du bâti « , le propriétaire s’interdit certains conforts que d’autres jugeraient essentiels. Il n’en éprouve aucun regret, trop heureux de communier avec le savoir-faire et l’esprit d’une époque révolue… mais pas dépassée pour autant.

Dessinée par Louis Tenaerts, cette maison uccloise datant de 1930 résulte d'une prouesse : réaliser une habitation particulière assez remarquable sur une parcelle relativement étroite.
Dessinée par Louis Tenaerts, cette maison uccloise datant de 1930 résulte d’une prouesse : réaliser une habitation particulière assez remarquable sur une parcelle relativement étroite.© DEBBY TERMONIA

Brussels Art nouveau & Art déco Festival (Banad), les week-ends des 10 et 11, 17 et 18, 24 et 25 mars.

www.banad.brussels

Bert Hoecks, le propriétaire de la maison Draps,  s'est totalement passionné pour cette demeure Art déco. Respectueux de ce patrimoine, il ne s'interdit  pas pour autant de l'habiter à la faveur  de touches plus contemporaines.
Bert Hoecks, le propriétaire de la maison Draps, s’est totalement passionné pour cette demeure Art déco. Respectueux de ce patrimoine, il ne s’interdit pas pour autant de l’habiter à la faveur de touches plus contemporaines.© DEBBY TERMONIA
A Laeken, le 47 de l'avenue Prudent Bols était la demeure personnelle de l'architecte Henri Draps.  Il l'avait un peu conçue comme une vitrine de son travail. La cage d'escalier, fraîchement rénovée, en témoigne.
A Laeken, le 47 de l’avenue Prudent Bols était la demeure personnelle de l’architecte Henri Draps. Il l’avait un peu conçue comme une vitrine de son travail. La cage d’escalier, fraîchement rénovée, en témoigne.© DEBBY TERMONIA
Briques fines et esprit
Briques fines et esprit  » paquebot « , notamment avec les hublots et la loggia aux angles arrondis, la maison Brunfaut a été construite par Gaston Brunfaut, architecte et théoricien moderniste, pour son cousin Georges.© DEBBY TERMONIA
Avec ce vaste pan de verre, la maison Tenaerts aimante le regard des passants. Le propriétaire, Massimo Minneci, est parvenu à remplacer la fenêtre originale par du double vitrage en sollicitant le savoir-faire d'un artisan.
Avec ce vaste pan de verre, la maison Tenaerts aimante le regard des passants. Le propriétaire, Massimo Minneci, est parvenu à remplacer la fenêtre originale par du double vitrage en sollicitant le savoir-faire d’un artisan.© DEBBY TERMONIA

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