Philippe Videlier, éminent spécialiste du roman d'histoire. © M. ROUGEMONT/BELGAIMAGE

Boxe et dictature

Avec Rome en noir, Philippe Videlier croque l’Italie fasciste avec férocité.

 » C’est toi le boxeur ?  » avait demandé l’individu avant de lui mettre son poing dans la figure et de lui coller trois balles dans le buffet. En 1932, dans un bal à Villeurbanne, l’assassinat de Di Mauro, boxeur moyen mais fasciste d’élite, devient un enjeu politico-médiatique. OEil vif et moustache conquérante, la police française enquête. Les Chemises noires fulminent : l’Italie fait d’Antonio Di Mauro l’un de ses héros, un martyr. Pendant ce temps, parvenu au summum de la puissance, à la plénitude de son être, Benito Mussolini savoure l’engouement dont il est l’objet.  » Du-ce ! Du-ce ! Du-ce !  » Les temps lui sourient, seul le Führer lui fait de l’ombre.  » Moi, expliquait-il à sa maîtresse, j’étais raciste dès 1921 ! Je ne sais pas comment on peut imaginer que j’imite Hitler qui n’était pas encore né ! Y m’font rire ! On a besoin de donner le sens de la race aux Italiens.  » Dans le genre particulier du roman d’histoire, dont il est un éminent spécialiste, Philippe Videlier ( Nuit turque, Dernières nouvelles des bolcheviks) croque Mussolini dans sa folie, son narcissisme triomphant : poète, peintre, chaud lapin et dictateur. Des années 1930 jusqu’à la mort du Duce, la précision documentaire le dispute à la farce bouffonne. Avec tambours, trompettes, fifres et oriflammes, une reconstitution passionnante et féroce.

Boxe et dictature

Rome en noir, par Philippe Videlier, Gallimard, 320 p.

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