Boris, 10 mois

Les deux papas de ce bébé ont eu recours aux services d’une mère porteuse américaine.

La photo est floue. On lui pardonne : c’est une échographie. Le cadre en argent qui l’abrite porte cette formule :  » Your first father’s day  » (1). Didier sourit. Ce cadeau, Mélissa qui le lui a envoyé des Etats-Unis, où elle portait son fils et celui de son compagnon Eric.

Aujourd’hui, l’enfant photographié s’appelle Boris. Les deux hommes, en couple depuis quinze ans, sont devenus pères.

A présent, les techniques médicales sont venues au secours des couples confrontés à l’impossibilité de donner naissance. En 2004, l’enfant qui leur manque revient titiller les deux hommes.

L’âpreté de la procédure d’adoption et l’attente qui y est liée découragent le couple. Deux tentatives de coparentalité sont lancées, sans succès. Faute d’autres choix, Didier et Eric s’intéressent alors à la maternité pour autrui (MAP), une procédure qui n’est pas reconnue en Belgique.

Tous deux ont la nationalité américaine : ils se tournent dès lors vers les Etats-Unis, où la MAP est autorisée et où les agences spécialisées sont légalement encadrées. Les Américains sont pragmatiques…  » Comme toute entreprise, ces agences commerciales font du bénéfice sur les services qu’elles proposent. C’est un pas qu’il faut franchir dans sa tête « , reconnaît Didier.

Décembre 2006. Dans leur maison bruxelloise, Eric et lui, d’un clic sur un site Internet, lancent la procédure. L’agence se charge de tout : elle rédige un contrat en bonne et due forme qui prévoit jusqu’au paiement des vêtements de grossesse pour la future maman. Trouve une mère porteuse, qui doit obligatoirement être mariée et déjà mère de famille ; payée 25 000 dollars, elle est présentée aux papas demandeurs qui l’acceptent, ou non. Recrute une donneuse d’ovocytes (dont coût : 8 000 dollars) – la mère porteuse n’est pas la mère biologique de l’enfant. S’assure que les cycles des deux femmes soient synchronisés. Réserve une chambre dans la clinique où aura lieu la récolte de sperme des deux hommes et l’insémination, etc.  » Nous ne savons pas lequel d’entre nous est le père. Nous ne voulons pas le savoir. « 

Didier, qui se rend régulièrement aux Etats-Unis pour son travail, assiste dans la mesure du possible aux visites que Melissa effectue chez le gynécologue. Elle leur téléphone en moyenne deux fois par semaine.

Vient le jour où Boris déboule dans la vie et le monde. Son acte de naissance est établi au nom des deux papas. Didier est supposé être le père et Eric, le père adoptif. L’un s’appelle Daddy, l’autre Papa.

Entre le dépôt de candidature et la naissance de Boris, 21 mois se sont écoulés. L’opération a coûté près de 100 000 euros.  » Oui, nous avons dû emprunter. Non, tout le monde ne peut pas se le permettre, admet Didier. Mais tout cela n’a pas de prix. Je regrette juste de ne pas avoir franchi ce pas plus tôt. « 

(1) Traduction :  » Votre première fête des Pères « 

L.v.R.

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