, par Alain Berenboom, Genèse éditions, 317 p.

Berenboom Blues

 » Dans un pays où la mer représente un danger permanent, on n’aime pas trop les vagues. « Ce pays, c’est Hong Kong,  » le port aux parfums  » désormais aseptisé, redevenu  » région administrative spéciale de la République populaire de Chine  » après 155 ans sous pavillon britannique. Une ville-monde en plein bouleversement, que le romancier Marcus Deschanel ne devait que traverser, le temps d’écrire un carnet de voyage qui devait lui faire oublier le flop de son dernier ouvrage. Sauf que Marcus a perdu son passeport, que l’on retrouve dans le sac d’une jeune manucure, assassinée dans une discothèque. Fauché, sans papier, voilà Marcus coincé dans ce chaudron moite et grouillant, obligé de faire face aux événements, à lui-même, et à un étrange bal des faux-semblants. Que s’est-il passé, et qui l’aidera vraiment ? Certainement pas son éditeur, qui vient d’être racheté et qui ne jure plus que par les feel good books ; probablement pas, non plus, l’énigmatique Patricia qui l’entraîne dans un étrange jeu de séduction. Et qu’il ne compte au final pas non plus sur Alain Berenboom, visiblement trop content de le plonger dans le brouillard – et de lui piquer ses bonnes feuilles !

On retrouve ici ce qui a fait d’Alain Berenboom, en 27 ans et 9 romans, une valeur sûre – comme on dit – des lettres belges ; l’autodérision omniprésente depuis 1990 et La Position du missionnaire roux, le goût du polar dévoyé comme dans Le Lion noir ou ses romans sériels autour du détective Michel Van Loo, et une fascination certaine pour l’Empire du Milieu, déjà exprimée, entre autres, dans La Table de riz. Et si cet étonnant Hong Kong Blues n’est pas aussi biographique que son Monsieur Optimiste, prix Rossel en 2013, il y a d’évidence beaucoup de Berenboom dans ce Deschanel à la dérive, sur fond de révolution des parapluies, y compris de jouissives mises en abîme littéraires, avec lesquelles s’amuse beaucoup ce spécialiste du droit d’auteur. Et ses lecteurs aussi.

Retrouvez l’actualité littéraire aussi dans Focus Vif : cette semaine, les géniales et déjantées mémoires de Cookie Mueller, égérie de la contre-culture américaine des années 1970, page 38, et Assez de bleu dans le ciel, puzzle romanesque tragi-comique signé Maggie O’Farrell, page 39.

O. V. V.

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