Beaux livres

Incomparables plaisirs des yeux et de l’esprit, les livres d’art restent des cadeaux d’exception. Voici notre sélection, à offrir ou à s’offrir

sous la direction de Jean Malaurie. Citadelles & Mazenod, 598 p.

L’Art du Grand Nord

Il aura fallu huit années de travail pour réunir en un seul ouvrage les savoirs dispersés des scientifiques passionnés par ce grand méconnu: le Grand Nord. Seuls les artistes, André Breton en tête, avaient, dans les années 20, pressenti toute l’importance de cette très vaste aire culturelle qui semble avoir préservé un héritage venu de la préhistoire. Le million d’hommes qui la peuple aujourd’hui est dispersé en Alaska, au Groenland, en Sibérie, en Scandinavie, dans le nord de l’Amérique et jusque dans l’extrême pointe du Japon. D’où la variété d’un art bien plus complexe qu’il n’y parut longtemps, qu’il s’agisse des XIXe ou XXe siècles ou d’un passé plus lointain, que l’archéologie découvre au fil des hasards. Après une introduction par Jean Malaurie sur le rapport de ces peuples avec le sacré et le chamanisme, chaque auteur traite d’un territoire particulier. G.G.

Médinas du Maroc

par Steven Ware, photos de J.-M. Ruiz et C. Tréal. Arthaud, 192 p.

C’est dans la cité de Médine que le prophète Mahomet chercha refuge, en l’an 1 de l’hégire (622 apr. J.-C.). Ce qui donna naissance au terme de médina, ville dont la population est fidèle à l’islam. Plutôt réservé à l’Afrique du Nord, le vocable est généralement utilisé pour désigner la vieille ville fortifiée. Cet ouvrage enchanteur nous emmène, selon plusieurs thèmes, dans différentes cités: Casablanca et Rabat (l’eau), Fès (le toucher), Meknès (la nature), Essaouira (la lumière), Marrakech (le son), les médinas du Sud (le feu). Entre les humbles portes ou les arches monumentales, les minarets crénelés et les enseignes peintes à la main, les murs chaulés aux couleurs ensorcelantes et les négoces de tisserands, teinturiers, dinandiers ou herboristes, le regard s’éblouit, se perd dans les ruelles chaotiques, la vertigineuse géométrie des zelliges, les jeux subtils d’ombre et de lumière… E.M.

Costumes et textiles d’Asie

Collectif. Skira/Seuil, 291 p.

Du Bosphore au Fuji-Yama, des artisans anonymes ont tissé, avec patience et dextérité, et au-delà des effets de surface, la saga des motifs nomades. Elle se décline dans cet ouvrage, par la présentation de la collection de deux passionnés bruxellois, Zaïra et Marcel Mis. Des tenues Ikat de l’Ouzbékistan aux vêtements de soie du peuple bogine des Célèbes, des jupes en perles de Bornéo aux tuniques en soie du Pakistan, que de questions, que d’émerveillements!

Remarquons également la publication, tout en couleurs, de l’enquête de Tiziana et Gianni Baldizzone sur le thème des Noces (Flammarion): un tour du monde thématique des costumes, parures et maquillages des futurs époux. G.G.

Masaccio

par Umberto Baldini. Gallimard, 181 p.

Les fresques de la chapelle Brancacci, en l’église du Carmine, à Florence, restaurées depuis peu, assurent à un de ses auteurs, Masaccio, une place de choix dans l’histoire de la Renaissance italienne, malgré sa courte vie (1401-1428). Cet innovateur, protégé de Donatello, impose une peinture résolument moderne et rationnelle: par son travail de la perspective, des volumes et des mouvements, il annonce Léonard de Vinci. De plus, ce nouvel ouvrage de la collection Maîtres de l’art nous permet de découvrir, par des reproductions sous tous les angles, des couleurs ravivées qui éclairent la profondeur des scènes religieuses.

Dans la même collection, un volume est consacré à Guido Reni (1575-1642), autre peintre italien de la Renaissance longtemps négligé. C.D.W.

Les Très Riches Heures du duc de Berry

Texte de Raymond Cazelles, La Renaissance du Livre, 239 p.

Jean, duc de Berry, né en 1340, était le troisième fils de Jean Le Bon – qui deviendra roi de France – et de Bonne de Luxembourg. Guerrier, politique et érudit, Jean de Berry a contribué à l’essor des « livres d’heures », sortes de psautiers enluminés et calligraphiés par des artisans pour les puissants de ce monde. Sous celui-ci s’ouvre un chemin d’approche de ce Moyen Age tardif où frémissent déjà de nombreux pressentiments de la Renaissance. On s’y délecte de la grâce et de la langueur d’un grand de cette époque qui – paraphrasons Umberto Eco, préfacier de ces Très Riches Heures -, en effleurant de ses doigts l’or qui incruste les oeuvres de cet ouvrage, « était convaincu de célébrer la présence de la divinité dans le monde ». I.Ph.

Samarcande…

… Boukara, Khiva, par Pierre Chuvin. Flammarion, 230 p.

Timur est le Vercingétorix de l’Asie centrale – en français, on l’appelle Tamerlan -, et Samarcande, la capitale de son empire. Au XIVe siècle, ce conquérant aussi cruel que lettré inaugure, dans l’Ouzbékistan actuel, l’équivalent de notre quattrocento. Qui le sait encore? L’esthète et historien Pierre Chuvin nous emmène à travers les merveilles de la cité-capitale, mais aussi de Boukhara et Khiva. La fragilité de ce patrimoine est soulignée: outre les dommages causés par les guerres, cette beauté-là doit aussi et surtout affronter un ennemi plus puissant: le climat. G.G.

De Mahomet à Charlemagne

La Méditerranée et l’art, sous la direction de Roberto Cassanelli. Citadelles & Mazenod, 264 p.

Marchands nomades et citadins, les conquérants de l’islam ont, très tôt, longé et traversé cette Méditerranée que l’on croyait principalement latine. Le souffle de celle-ci se serait déplacé alors vers le nord, jusqu’en Scandinavie. Mais l’histoire est plus complexe. L’art, à y regarder d’un peu plus près, rappelle à qui sait observer que cette Europe de Mahomet à Charlemagne se construit, comme l’Orient, de chemins de traverse, d’emprunts, d’audacieux mélanges de motifs, de formes et de techniques. G.G.

Bestiaire égyptien

par Philippe Germond et Jacques Livet. Citadelles & Mazenod, 224 p.

Dans la création du monde, l’Egyptien n’accorde pas plus d’importance à l’homme qu’aux animaux. A eux, donc, la faveur des peintres et des sculpteurs. A eux aussi, le rang de divinités, de forces obscures ou bienfaisantes, de protecteurs ou de juge ultime. A côté des stars bien connues (le faucon Horus, la vache Isis, le chacal Anubis…), voilà des grenouilles et des anguilles, des mangoustes et des carpes, des scorpions, des tortues et, même, un loulou de Poméranie! Voici aussi des hybrides superbes ou inquiétants, comme cette « Dévorante » au corps de lion, à l’arrière-train d’hippopotame femelle et à la gueule de crocodile. G.G.

Signorelli

par Laurence Kanter et Tom Henry. Hazan, 272 p.

Après la récente restauration des 800 mètres carrés de fresques réalisées entre 1499 et 1504 par Luca Signorelli dans la cathédrale d’Orvieto, on attendait une réévaluation de l’oeuvre. Ancien élève de Piero della Francesca et de Verrocchio, Signorelli n’est pas un suiveur. Son dessin tourmenté ainsi que l’audace de ses raccourcis et l’atmosphère souvent étouffante de ses compositions fascinent. L’oeuvre est multiple, l’évolution, riche en rebondissements. Ajoutons à l’intérêt de cette monographie, le catalogue de 148 tableaux, le plus complet à ce jour. G.G.

La Basilique Saint-Marc de Venise

sous la direction d’Ettore Vio. Citadelles & Mazenod, 320 p.

Plus de trois cents photographies inédites, excellemment mises en page, souvent de grand format, voilà ce qu’il fallait pour faire revivre au lecteur l’émerveillement ressenti lors de sa visite de la basilique Saint-Marc de Venise. Que d’ors et de richesses éblouissantes, glissant des cinq coupoles tout le long des murs et des 157 colonnes jusqu’aux sols polychromes. Le sacré se confond ici avec le faste profane et célèbre autant les doges que les saints et, pour tout dire, une cité. Le texte, d’une grande rigueur, offre une synthèse de tous les travaux actuels. Il invite aussi à l’une ou l’autre analyse iconographique plus approfondie, comme dans le cas de la coupole de la Genèse ou, encore, des marqueteries de la sacristie. G.G.

Le Paris noir

par Pascal Blanchard, Eric Deroo et Gilles Manceron. Hazan, 240 p.

Depuis les zoos humains et les expositions coloniales jusqu’au jazz de Sydney Bechet, en passant par les tirailleurs sénégalais et le sourire « Banania », Paris a toujours nourri une curiosité ambiguë pour le monde noir. Dans cette relation de fascination, tantôt maladroite, tantôt complice, la capitale française a su, au fil du siècle, intégrer l’identité noire, à travers les mouvements nègres, la personnalité de grands hommes comme Léopold Sédar Senghor ou les champions sportifs. C’est cet amour réciproque , à la fois méfiant et ingénu, qui est retracé dans ce Paris noir. Un livre remarquablement illustré, auquel on reprochera néanmoins un certain nombrilisme parisien. En effet, l’immigration, les sans-papiers, l’égalité des droits, l’image du Noir dans la publicité…, autant de thèmes qui ne sont pas exclusifs à la capitale de l’Hexagone. Th.D.

L’Art viking

par Régis Boyer. La Renaissance du Livre, 208 p.

L’auteur est un convaincu. Ici, pas question de légendes. Le Viking est ramené à ce qu’il est: un commerçant ambulant, qui peut compter sur les qualités de son bateau mais aussi sur son intelligence pour chercher fortune aux quatre coins du monde, depuis l’Andalousie jusqu’à Alexandrie et Bagdad. Le portrait décliné est surtout celui d’une culture méconnue dont l’art sert de fil d’Ariane. Une culture magistralement organisée qui, entre autres, s’illustre dans l’exemple islandais où, durant quatre siècles, au nom de la liberté, la vie sociale fit l’économie de rois, de princes et de police… G.G.

L’Art de la céramique dans l’architecture musulmane

par Yves Porter. Flammarion, 288 p.

Quelle profondeur chromatique, quel bleu, quel vert, quel jaune! Sur les murs des mosquées des madrassas et des minarets, le décor céramique flamboie, depuis l’époque prémongole jusqu’au XIXe siècle, du sous-continent indien à l’Espagne. Des émaux opacifiés aux pâtes siliceuses qui ont l’art d’illuminer les teintes, des décors géométriques aux motifs floraux, le lecteur est ravi. Fasciné, aussi, lorsqu’il lit l’une ou l’autre recette ancienne où il est question de mêler en doses précises soufre, arsenic et vitriol! G.G.

Peinture et poésie…

… Le Dialogue par le livre (1874-2000), par Yves Peyré. Gallimard, 272 p.

Directeur de la Bibliothèque Jacques Doucet à Paris, l’auteur se propose d’analyser, tout au long d’une histoire qui débute à l’époque d’Eugène Manet et s’interrompt à la fin du XXe siècle avec José Maria Sicilia, le territoire partagé du livre où, côte à côte et face à face, peintres et poètes échangent les signes d’une complicité où il est question de désirs et d’élargissements: « La peinture attend la poésie, mieux, elle l’atteint. » Et vice versa: voilà Manet et Mallarmé, Arp et Tzara, Léger et Cendrars, Jorn et Debord, Giacometti et Breton… Et, en sus, quelques dessins de poètes, quelques mots de plasticiens. G.G.

Le Portrait

Collectif. Gallimard, 304 p.

Les premiers gribouillis des enfants sont souvent des « portraits ». L’étymologie du mot (le latin « pro-traho » pour le français, et « re-traho » pour le ritratto italien) indique d’ailleurs l’action de tirer, de faire ressortir l’image de la réalité. Cet ouvrage analyse l’histoire, les thèmes et significations du genre, et réunit quelques-uns des plus célèbres portraits de la peinture occidentale entre les XVe et XXe siècles. Tous les grands noms y figurent (Van Eyck, Titien, Rembrandt, Goya, Manet…), pour offrir les visages d’hommes, de femmes et d’enfants d’époques lointaines, fixés à jamais sur la toile. Et pour souligner le dualisme entre l’apparence, dans la vie réelle, d’une personne dans une expression fugitive, et celle de l’oeuvre d’art, qui en devient l’icône, la mémoire, l' »idée ». D’ailleurs, à ceux qui jugeaient peu ressemblantes les effigies des ducs sur les tombeaux des Médicis à San Lorenzo, Michel-Ange répondait que, avec le temps, tout le monde oublierait les traits de Julien de Nemours, alors que, dans le portrait, son âme continuerait à vivre… E.M.

Les Rois Mages

par Johan von Hildesheim. La Renaissance du Livre, 172 p.

Quel bonheur que de se laisser guider par un texte écrit à l’époque des cathédrales, par un carme érudit, spécialiste des Saintes Ecritures. Au fil des pages, les images véhiculées par les artistes s’éclairent. On comprend mieux la présence de tel ou tel détail du décor, d’un geste, voire d’une topographie. Bethléem devient une réalité, de même que les trois royaumes d’où partent, précédés par de lourds équipages, les trois bienheureux Rois, Balthazar, Gaspard et Melchior. Pas d’exégèse ni d’analyse critique. Seulement une histoire et de superbes illustrations à savourer. G.G.

Histoire visuellle de l’art

sous la direction de Claude Frontisi. Larousse, 516 p.

L’exercice de synthèse est périlleux. Et celui-ci est réussi. De la préhistoire à l’art conceptuel, la ligne du temps s’étire sans surprise; mais, à l’intérieur de chaque champ historique, on découvre des vues rapprochées traitant de questions ou de personnalités particulières comme celles de la critique d’art, du cinéma ou encore du pouvoir et du contre-pouvoir des oeuvres. G.G.

Histoire de l’écriture

sous la direction d’Anne-Marie Christin. Flammarion, 406 p.

Voici une Histoire de l’écriture vraiment novatrice, basée sur le postulat que « l’écriture ne reproduit pas la parole, elle la rend visible ». En effet, l’ouvrage, extrêmement savant – et un régal pour les yeux! -, sort de l’habituel carcan des alphabets. Il a pour ambition de penser l’ image dans le système de l’écrit, jusqu’ici appréhendé principalement en combinaisons de lettres, reproduisant phonétiquement la parole. Or l’iconographie des hiéroglyphes égyptiens dépasse le simple signe phonétique, tout comme les surfaces enduites des grottes de Lascaux témoignent d’une « pensée de l’écran » propre à l’Homo sapiens, constituant des « espaces de communication provoquée avec l’invisible ». L’opus aborde les plus anciens systèmes d’écriture, parcourt l’histoire des alphabets, avant d’analyser la place de l’image dans l’écriture en Occident, depuis le Moyen Age jusqu’au multimédia. Passionnant. E.M.

L’Art en Belgique depuis 1975

sous la direction de Florent Bex. Fonds Mercator, 438 p.

Le voilà enfin, ce deuxième tome d’une Histoire de l’art en Belgique, dont le premier (1945-1975) est, aujourd’hui encore, le livre de référence par excellence. Mais alors que, dans celui-ci, on assistait à l’émergence d’une créativité plurielle, de l’informel au conceptuel, la chronique des trente dernières années est beaucoup plus floue et partisane. D’abord, parce qu’en lieu et place d’un texte continu la solution est celle d’éclairages divers où, souvent, les mêmes figures reviennent. Ensuite, parce que l’autogratification et le respect des « Dominants » en place sont par trop flagrants? Seul, peut-être, un texte, signé Michel Draguet, ose lancer quelques pavés dans la mare des conservateurs de musée. Notons, dans la seconde partie, un rappel chronologique des principales expositions. G.G.

Synagogues

par Dominique Jurassé. Adam Biro, 286 p.

Existe-t-il un art juif? En analysant l’architecture de la synagogue dans ses aspects les plus divers et tout au long de l’histoire, Dominique Jurassé éclaire de manière éblouissante l’identité juive. La seule présence du rouleau de la Torah entouré de dix hommes suffit à transformer le lieu en un espace de culte. Commment, dès lors, apparaîtront les solutions esthétiques? Et quel poids leur accorder? Notons qu’une exposition à Paris (et un livre chez le même éditeur) complète l’analyse de l’identité juive à travers l’image et la légende du Juif errant, dont les premières représentations remontent au Moyen Age. G.G.

Close-Up – Novarro

par Pierre Restany. Cercle d’art, 160 p.

Un grand format pour des portraits pleine page, pris par le photographe Novarro tout au long de ses rencontres avec les peintres et sculpteurs du XXe siècle. La méthode varie peu: l’objectif est très près du visage. Adieu, superflu! Restent les yeux, la bouche, une façon de tenir la cigarette ou de se gratter l’oreille. Et tout est là… G.G.

Théodore Chassériau

par Christine Peltre. Gallimard, 256 p.

A Paris, le Grand Palais s’apprête à consacrer l’un des peintres les plus méconnus du XIXe siècle, Théodore Chassériau. « Un Indien qui a fait ses études en Grèce », notera de lui Théophile Gautier. Peintre, décorateur, élève d’Ingres puis de Delacroix, il aime le théâtre, les anges et la poésie, davantage que la réalité concrète dont, en ces années 1850, Courbet est le représentant. Bien avant les symbolistes, son intérêt va dans le sens d’une quête spirituelle d’une étrange et pénétrante singularité. G.G.

Retables. L’âge gothique et la Renaissance

par Caterina Limentani Virdis et Mari Pietrogiovanna. Citadelles & Mazenod, 432 p.

Un livre très précieux qui, à la manière de ces autres parus chez le même éditeur sur l’art de la fresque, prend appui sur une trentaine d’exemples fameux pour analyser l’un des modes d’expression favoris de l’époque gothique: le retable. Partant des études les plus récentes, les deux auteurs italiens analysent les oeuvres de Van der Weyden, Bosch, Dürer, Cranach, Grünewald, Piero della Francesca ou encore le Maître de Moulins, alias Jean Prévost (par ailleur objet d’une monographie signée Albert Chatelet chez Gallimard). Soulignons l’importance de la campagne photographique qui, en soi, est un must. G.G.

Le Rhin

par Roland Recht. Gallimard, 378 p.

De Disentis à Delft, le Rhin coule, large et imposant, sur plus de mille kilomètres. Or quoi de mieux qu’un fleuve pour drainer les savoirs, les pratiques et les idées? En prenant appui sur cette idée, l’auteur développe une histoire de l’art qui s’étale sur deux millénaires, depuis la conquête romaine jusqu’au XIXe siècle. De nombreuses illustrations inédites soutiennent cette importante thèse antinationaliste. G.G.

Du dessin au tableau

par Pierre Rosenberg. Flammarion, 240 p.

Il fallait toute la science et la patience du regard de l’ancien directeur du Louvre pour mener à bien ce projet qui consiste à mettre en relation l’art du dessin et celui de la composition picturale chez cinq de ses artistes préférés: Poussin, Watteau, Fragonard, David et Ingres. L’exercice était périlleux. Le résultat est plus que convaincant. G.G.

Federico Barocci

par Nicholas Turner. Adam Biro, 222 p.

Face au maniérisme savant, Federico Barocci propose, à la fin du XVIe siècle, un « retour du coeur ». Inlassable dessinateur (plus de deux mille croquis nous sont parvenus), l’artiste d’Urbino puise dans les sentiments et l’émotion pour écrire, avec une liberté qu’on ne retrouvera qu’à la fin du XIXe siècle, les drames et passions chantés par la Contre-Réforme. Une première monographie. Et une découverte. G.G.

Le Paradis

par Jean Delumeau. La Martinière, 216 p.

Comment, au cours des siècles, a-t-on imaginé le Paradis? Voici la réponse, en 100 représentations, principalement issues de l’art chrétien, mais aussi avec leur contrepoint islamique, judaïque et bouddhique. Entre ces religions, un point commun: la verticalité du regard tendu vers un séjour divin situé au-dessus de la terre. Conçue comme une élévation, la démarche de spiritualité s’exprime dans les bras levés des orants, les hautes coupoles, les clochers et minarets élancés. Au fil des pages, on s’émerveille de découvrir comment les artistes ont traité les thèmes de l’âge d’or, du jardin éternel, de l’ascension, et ont répondu aux questions de leur temps: le Paradis est-il réservé à quelques-uns ou est-il un monde plein? Qui l’habite? Qui est le plus près de Dieu? Et quelle est la couleur de la plus haute partie du ciel, celle que les visionnaires et les voyageurs de l’au-delà ont aperçue dans des expériences fulgurantes? Un ouvrage… paradisiaque. E.M.

Les Mains des hommes

sous la dir. de Karl Groning. Ed. de la Martinière, 256 p.

Des mains. Des milliers de mains. Celle du soldat dont l’index tient encore la goupille de la grenade qui l’a tué. Celles, faméliques, d’un enfant d’Afrique. Celles qui accompagnent, mieux qu’un regard, les silences. Et toutes les autres: noires, blanches, aux ongles sales, aux doigts tranchés, celles, sculptées, en pierre ou en or. Baguées, tatouées, artificielles. Des mains qui jurent, qui bénissent, qui soignent. Qui résistent ou hésitent devant le tremblement du désir. Rassemblés en douze thèmes qui caressent l’art, la science, la vie, ces 400 documents illustrés sur cette part essentielle de nous-mêmes font mentir à jamais le dicton « jeux de mains, jeux de vilains ». V.C.

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