© M. HUENS

Au temps du slogan plan-plan

Consultants et communicants déboulent sur la scène électorale. Ils achèvent de transformer candidat et parti en produit. L’affiche aussi s’y colle, réduite à un papier d’emballage.

Marchands de concepts politiques et gourous de la com prennent le pouvoir et investissent les joutes électorales. Ils persuadent partis et candidats de pouvoir augmenter leurs scores en soumettant leurs campagnes aux canons de la publicité commerciale. Au diable la bataille des idées : rien de tel que la valeur ajoutée émotionnelle pour secouer l’apathie qui gagne l’électeur consommateur et combler la perte de son lien affectif avec un parti. Economique, sociale, budgétaire, la crise des années 1980 est sur toutes les lèvres et dans tous les esprits, mais les promesses faites à l’électeur sont unanimes : ça ira mieux demain.

L’affiche se lance aussi à la conquête de parts de marché électoral. Elle se couvre de slogans plan-plan, passe-partout, interchangeables, conçus pour ratisser large et offrir une prise de risque minimale.  » Vivre avec sa ville « ,  » Pour notre ville « ,  » Embellir la ville « ,  » Je l’aime, ma commune « ,  » Un homme de coeur, un homme d’action « ,  » Pour une gestion efficace au service de tous « ,  » Le retour à la confiance « . Profond, le message…  » Certains slogans présentent non seulement un flagrant déficit idéologique, parfois même une véritable carence de signification « , pointe le sociologue des médias François Heinderyckx (ULB) (1). Un sommet dans le genre, atteint par le candidat Léon Defosset aux communales de 1988 :  » Je vous aime tous « , ose clamer sur les murs d’Etterbeek le bourgmestre sortant et transfuge passé du FDF au PS. Pour tout écho, l’hymne à l’amour se prend une claque monumentale.

Crise économique, emploi en berne, finances publiques en vrille : la gauche des années 1980 n'a pas fini de souffrir. Ejecté de l'échelon national depuis fin 1981, le PS aborde les communales d'octobre 1982 sur la défensive : les socialistes font campagne en faisant barrage autour de la famille, toutes générations confondues. En revanche, il fait radieux sur la planète bleue, portée par la nouvelle vague néolibérale. Revenu aux affaires en compagnie des sociaux-chrétiens au sein d'un exécutif Martens V qui ne jure que par la rigueur, le PRL trace la route à l'asphalte d'un bleu royal. L'austérité en 1982, c'est tout droit.
Crise économique, emploi en berne, finances publiques en vrille : la gauche des années 1980 n’a pas fini de souffrir. Ejecté de l’échelon national depuis fin 1981, le PS aborde les communales d’octobre 1982 sur la défensive : les socialistes font campagne en faisant barrage autour de la famille, toutes générations confondues. En revanche, il fait radieux sur la planète bleue, portée par la nouvelle vague néolibérale. Revenu aux affaires en compagnie des sociaux-chrétiens au sein d’un exécutif Martens V qui ne jure que par la rigueur, le PRL trace la route à l’asphalte d’un bleu royal. L’austérité en 1982, c’est tout droit.© INSTITUT EMILE VANDERVELDE – BRUXELLES – HATIM KAGHAT

(1) Un siècle d’affiches politiques en Belgique francophone, par Xavier Mabille, François Heinderyckx et Gabriel Thoveron, éd. du Céfal, 2003, 83 p.

Crise économique, emploi en berne, finances publiques en vrille : la gauche des années 1980 n'a pas fini de souffrir. Ejecté de l'échelon national depuis fin 1981, le PS aborde les communales d'octobre 1982 sur la défensive : les socialistes font campagne en faisant barrage autour de la famille, toutes générations confondues. En revanche, il fait radieux sur la planète bleue, portée par la nouvelle vague néolibérale. Revenu aux affaires en compagnie des sociaux-chrétiens au sein d'un exécutif Martens V qui ne jure que par la rigueur, le PRL trace la route à l'asphalte d'un bleu royal. L'austérité en 1982, c'est tout droit.
Crise économique, emploi en berne, finances publiques en vrille : la gauche des années 1980 n’a pas fini de souffrir. Ejecté de l’échelon national depuis fin 1981, le PS aborde les communales d’octobre 1982 sur la défensive : les socialistes font campagne en faisant barrage autour de la famille, toutes générations confondues. En revanche, il fait radieux sur la planète bleue, portée par la nouvelle vague néolibérale. Revenu aux affaires en compagnie des sociaux-chrétiens au sein d’un exécutif Martens V qui ne jure que par la rigueur, le PRL trace la route à l’asphalte d’un bleu royal. L’austérité en 1982, c’est tout droit.© FONDS D'HISTOIRE DU MOUVEMENT WALLON – MVW
Slogan de campagne facilement taillé à son nom, le libéral Georges Pire arpente le terrain communal hutois au scrutin de 1982, avant de rouler sa bosse à la province de Liège et chez Publifin/Nethys. Pour le meilleur et pour le pire.
Slogan de campagne facilement taillé à son nom, le libéral Georges Pire arpente le terrain communal hutois au scrutin de 1982, avant de rouler sa bosse à la province de Liège et chez Publifin/Nethys. Pour le meilleur et pour le pire.© FONDS D'HISTOIRE DU MOUVEMENT WALLON – MVW
Un séisme. La fin de 152 années de gestion libérale à Bruxelles-Ville. Le plus prestigieux hôtel de ville du royaume en perdrait sa tour. Le mauvais pressentiment des libéraux en campagne s'est vérifié : ils sont délogés par une alliance FDF-PSC/CVP-PS. Hervé Brouhon devient le premier socialiste à ceindre l'écharpe mayorale bruxelloise.
Un séisme. La fin de 152 années de gestion libérale à Bruxelles-Ville. Le plus prestigieux hôtel de ville du royaume en perdrait sa tour. Le mauvais pressentiment des libéraux en campagne s’est vérifié : ils sont délogés par une alliance FDF-PSC/CVP-PS. Hervé Brouhon devient le premier socialiste à ceindre l’écharpe mayorale bruxelloise.© COLLECTION MUNDANEUM – MONS – HATIM KAGHAT
Liège au bord du gouffre. Endettée jusqu'au cou (45 milliards de francs belges en 1982, 111 millions d'euros), la Cité ardente est en cessation de paiement. En position d'arbitre à l'issue des communales de 1982, Ecolo se jette à l'eau, fait une entrée remarquée dans la majorité à Liège. Une première en Europe : un parti écologiste goûte à l'exercice du pouvoir.
Liège au bord du gouffre. Endettée jusqu’au cou (45 milliards de francs belges en 1982, 111 millions d’euros), la Cité ardente est en cessation de paiement. En position d’arbitre à l’issue des communales de 1982, Ecolo se jette à l’eau, fait une entrée remarquée dans la majorité à Liège. Une première en Europe : un parti écologiste goûte à l’exercice du pouvoir.© FONDS D'HISTOIRE DU MOUVEMENT WALLON – MVW
Les communales des années 1980 sourient au PS. Qui renforce sa position de premier parti wallon et reste majoritaire dans toutes les villes wallonnes de plus de 50 000 habitants, exceptées Verviers et Mouscron. Les socialistes capitalisent sur leurs bastions et leurs valeurs sûres.
Les communales des années 1980 sourient au PS. Qui renforce sa position de premier parti wallon et reste majoritaire dans toutes les villes wallonnes de plus de 50 000 habitants, exceptées Verviers et Mouscron. Les socialistes capitalisent sur leurs bastions et leurs valeurs sûres.  » L’empereur Van Cau  » règne sur le Pays noir et sa capitale Charleroi, Guy Mathot pose devant ce qui reste la fierté de Seraing : sa sidérurgie sur la voie du déclin.© FONDS D'HISTOIRE DU MOUVEMENT WALLON – MVW
Les communales des années 1980 sourient au PS. Qui renforce sa position de premier parti wallon et reste majoritaire dans toutes les villes wallonnes de plus de 50 000 habitants, exceptées Verviers et Mouscron. Les socialistes capitalisent sur leurs bastions et leurs valeurs sûres.
Les communales des années 1980 sourient au PS. Qui renforce sa position de premier parti wallon et reste majoritaire dans toutes les villes wallonnes de plus de 50 000 habitants, exceptées Verviers et Mouscron. Les socialistes capitalisent sur leurs bastions et leurs valeurs sûres.  » L’empereur Van Cau  » règne sur le Pays noir et sa capitale Charleroi, Guy Mathot pose devant ce qui reste la fierté de Seraing : sa sidérurgie sur la voie du déclin.© FONDS D'HISTOIRE DU MOUVEMENT WALLON – MVW
Le poil à gratter le plus célèbre de la politique communale des années 1980. Le hérisson fouronnais devient la bête noire de la Flandre, le cauchemar des gouvernements. A la tête de la liste Retour à Liège, l'agriculteur José Happart décroche la majorité à Fourons aux communales de 1982. Mais la voie du mayorat lui est obstinément barrée par une Flandre ulcérée par le refus de José H. d'intégrer le néerlandais dans l'exercice de la fonction. Premiers tours de carrousel fouronnais en 1982, avant un arrêt définitif après le scrutin de 1988. Fouron-la-turbulente n'est plus.
Le poil à gratter le plus célèbre de la politique communale des années 1980. Le hérisson fouronnais devient la bête noire de la Flandre, le cauchemar des gouvernements. A la tête de la liste Retour à Liège, l’agriculteur José Happart décroche la majorité à Fourons aux communales de 1982. Mais la voie du mayorat lui est obstinément barrée par une Flandre ulcérée par le refus de José H. d’intégrer le néerlandais dans l’exercice de la fonction. Premiers tours de carrousel fouronnais en 1982, avant un arrêt définitif après le scrutin de 1988. Fouron-la-turbulente n’est plus.© FONDS D'HISTOIRE DU MOUVEMENT WALLON – MVW
Propreté - sécurité - immigration clandestine : tout est lié sur cette boîte à savon estampillée FDF. Le thème ne laisse pas insensible la formation amarante, elle qui peine à gérer son encombrant bourgmestre de Schaerbeek, Roger Nols. Lequel joue à l'électron libre, adopte des positions toujours plus xénophobes et droitières et aborde les communales d'octobre 1982 sous ses propres couleurs : une liste
Propreté – sécurité – immigration clandestine : tout est lié sur cette boîte à savon estampillée FDF. Le thème ne laisse pas insensible la formation amarante, elle qui peine à gérer son encombrant bourgmestre de Schaerbeek, Roger Nols. Lequel joue à l’électron libre, adopte des positions toujours plus xénophobes et droitières et aborde les communales d’octobre 1982 sous ses propres couleurs : une liste  » Nouvelles orientations aux libertés schaerbeekoises  » (NOLS). Sa dérive anti-immigrés conduit le FDF à rompre en avril 1983 avec sa sulfureuse locomotive électorale qui s’en va trouver un temps refuge sur des listes libérales.© FONDS D'HISTOIRE DU MOUVEMENT WALLON – MVW
Chômage, pauvreté, insécurité : c'est toujours la faute de l'étranger. L'extrême droite en Wallonie, groupusculaire, a sa tête de Turc : l'immigré, nouvelle cible privilégiée des campagnes électorales. La Belgique francophone hérite d'un Front national au milieu des années 1980. Le FN décroche son premier élu communal à Molenbeek en 1988.
Chômage, pauvreté, insécurité : c’est toujours la faute de l’étranger. L’extrême droite en Wallonie, groupusculaire, a sa tête de Turc : l’immigré, nouvelle cible privilégiée des campagnes électorales. La Belgique francophone hérite d’un Front national au milieu des années 1980. Le FN décroche son premier élu communal à Molenbeek en 1988.© FONDS D'HISTOIRE DU MOUVEMENT WALLON – MVW
Communales de 1982, les premiers pas de
Communales de 1982, les premiers pas de  » Flupke moustache  » à Molenbeek. Dix ans plus tard, il décrochera son mayorat. Son adversaire du jour en 1982, Marcel Picard, avait pour slogan :  » Un bourgmestre honnête. « © M. HUENS
Michel Demaret, alias
Michel Demaret, alias  » Dikke Mich « , plus de 4 500 voix au compteur aux communales d’octobre 1988 : le clientélisme rapporte gros. D’ex-portier de boîte de nuit à premier, unique et éphémère bourgmestre catholique (faisant fonction) de Bruxelles-Ville, entre juillet 1993 et mars 1994. Ses frasques en tous genres le perdront.© FONDS D'HISTOIRE DU MOUVEMENT WALLON – MVW

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