Anciaux, cadeau empoisonné au SP. A

Pierre Havaux
Pierre Havaux Journaliste au Vif

L’arrivée de Bert Anciaux, enfant terrible de l’ex-Volksunie, jette un froid parmi les socialistes flamands. Et aggrave le mal qui mine le parti : image brouillée, leadership chaotique. Du pain bénit pour la droite …

Déjà bien malade, le SP. A vient peut-être de s’offrir un nouveau clou pour son cercueil. En engageant le remuant Bert Anciaux, le parti est saisi d’un de ces accès de fièvre peu indiqués, vu son état de santé fragile. L’arrivée tambour battant du chien fou du nationalisme flamand a fait perdre la tête au SP.A. Jusqu’à ne plus savoir à quelle appellation se vouerà. SP. A ancienne version, pour  » Parti socialiste, autrement  » ? Ou SP. A nouvelle formule, pour  » Socialistes et Progressistes, autrement  » ? Plus qu’une question de nuance, ce changement de nom devait marquer l’empreinte du nouveau venu au sein du parti : Bert Anciaux, ex-homme fort du défunt Spirit (qui formait un cartel avec le SP. A), est un chaud partisan d’un grand parti réunissant tous les progressistes de Flandre. Dans son désir d’attirer le ministre régional des Sports et de la Culture, Caroline Gennez, présidente du SP. A, s’était empressée de combler ses v£ux. Mais elle a été bien mal inspirée d’agir en solo. Au sein du parti, on a peu apprécié d’apprendre parà Bert Anciaux la fleur qui lui était ainsi faite. La vieille garde n’a pas mâché ses mots pour vilipender ce changement brutal. Louis Tobback en tête :  » Si ce n’est pas idiot, c’est en tout cas grossier.  » Le temps d’un week-end chahuté au sommet du parti, le SP. A a sauvé la face : il garde son appellation d’origine, mais remanie son sous-titre, rebaptisé  » socialistes et progressistes autrement « . L’incident laisse des traces : l’aile gauche du parti, SP. A Rood, ajoutera expressément à son logo la mention  » socialisten « . Ambianceà

En s’offrant ainsi en spectacle, le SP. A aggrave son cas. Rien ne va plus au parti, incapable de se refaire une santé depuis sa cuisante défaite électorale en juin 2007, où il avait recueilli à peine 16,3 % des suffrages. Pis : le dernier sondage publié le 17 janvier par Het Laatste Nieuws montre que la descente aux enfers se poursuit : avec 13,4 % d’intentions de vote, les socialistes flamands passant ainsi derrière le Vlaams Belang et la Lijst Dedecker.  » Le SP. A se cherche toujours une nouvelle ligne politique et les moyens de redevenir attractif « , indique Carl Devos, politologue à l’université de Gand. La gestion catastrophique du transfert de Bert Anciaux ne fait que brouiller les cartes. Plus que jamais, le SP. A est tiraillé entre les adeptes d’un virage à gauche et les tenants d’une option progressiste incarnée par Anciaux.  » Le sommet du parti a fait preuve d’amateurisme et d’arrogance « , assène Carl Devos.

 » Ce n’est plus une locomotive électorale « 

De plus, le SP. A doit maintenant contrôler Bert Anciaux, dont le parcours politique n’est pas vraiment un modèle de grande stabilité. Volksunie, ID21, Spirit, VlaamsProgressieven : Anciaux a fait le tour de toutes les chapelles progressistes du nationalisme flamand.  » Partout où il passe, il crée davantage de problèmes qu’il n’en résout « , relève un observateur de la vie politique dans le nord du pays. Certains SP. A comptent sans doute sur la popularité passée d’Anciaux (212 000 voix récoltées aux élections fédérales de 2003) pour limiter la casse au scrutin régional et européen de juin prochain. Ils risquent de déchanter.  » La locomotive électorale n’est plus ce qu’elle était. Son image médiatique s’est fortement détériorée, en raison de son côté opportuniste « , relève Dave Sinardet, politologue à l’université d’Anvers.  » Anciaux avait affirmé qu’il ne deviendrait jamais membre du SP. A « , rappelle Carl Devos. Tout cela fait plutôt désordre. Ce n’est pas la droite flamande, déjà si prospère, qui s’en plaindra.

Pierre Havaux

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