AÉRONAUTIQUE

Le gouvernement fédéral a fait le ménage au conseil d’administration de la compagnie aérienne. Un message destiné à l’autre actionnaire de la Sabena, le groupe Swissair

Un geste, comme pour annoncer le printemps. En modifiant radicalement le conseil d’administration de la Sabena, le gouvernement Verhofstadt a manifestement voulu adresser un signal à l’actionnaire minoritaire de la compagnie, le groupe Swissair, et au personnel. Traduisez: on efface tout et on recommence.

On recommence, avec de nouvelles têtes. La Sabena sera désormais présidée par Ferdinand Chaffart, naguère président de la Générale de Banque, appelé en renfort par le gouvernement lors de la crise de la dioxine, en 1999.

Sur décision du gouvernement fédéral, le conseil d’administration de la Sabena ne comptera plus que 9 membres, au lieu de 12 actuellement. Tous ont été choisis pour leurs compétences en gestion des affaires ou en aéronautique. Les nominations politiques ont vécu, jure l’exécutif. L’administrateur délégué de la compagnie, Christoph Müller, siégera également au conseil d’administration, comme trois autres Suisses, représentants du groupe Swissair (actionnaire à 49,5 % de la compagnie belge). L’homme est chargé de concocter, d’ici au mois de mai, un plan stratégique pour les années 2002-2004, dont la pertinence et l’efficacité devront convaincre Swissair de rester présent dans l’actionnariat de la Sabena, au côté de l’Etat belge.

On efface tout, certes. Au point que le gouvernement a décidé de décharger de leurs responsabilités la majorité des anciens administrateurs de la compagnie, pourtant critiqués à maintes reprises pour leur gestion peu transparente et peu vigilante de la compagnie aérienne. L’équipe de Guy Verhofstadt n’a refusé la décharge qu’aux 2 Suisses Paul Reutlinger, ancien patron de la Sabena, et Philippe Bruggisser, ex-dirigeant du SAir Group, fraîchement rebaptisé Swissair. Il est vrai que lors de la récente assemblée générale du groupe Swissair, ses actionnaires ont obtenu qu’un audit financier complémentaire soit réalisé. Dans l’attente de ses résultats, la décharge n’a pas été accordée au conseil d’administration helvète. Logiquement, le gouvernement belge ne pouvait guère agir d’une autre manière par rapport à ces deux anciens responsables.

On efface tout, encore. L’assemblée générale des actionnaires de la Sabena a approuvé les comptes de la compagnie pour l’année 2000, plombés par une perte de 13 milliards de francs. L’origine confuse de ce gouffre financier a permis à 3 pilotes de la compagnie, par ailleurs petits actionnaires, d’obtenir, auprès du tribunal de commerce de Bruxelles, la nomination d’un expert judiciaire. Celui-ci dispose désormais de six mois pour éplucher tous les comptes de la Sabena et de Swissair, et pour s’assurer qu’il n’y a pas eu de transfert irrégulier d’actifs de la Sabena vers son actionnaire suisse.

On efface tout, vraiment ? Ce n’est pas ce que doit penser le personnel de la compagnie. L’encre du précédent plan de restructuration, dit Blue Sky, dont le coût s’élevait à 2,1 milliards de francs, est à peine sèche que l’on annonce un nouveau projet de réorganisation, concocté par l’administrateur délégué Christoph Müller. Ce dernier a d’ores et déjà évoqué ses intentions: la Sabena pourrait rejoindre les compagnies de taille plus réduite, proposer un nombre de destinations limité ou assurer des liaisons au moyen de plus petits avions. L’objectif, désormais, sera bien d’atteindre la rentabilité plutôt que de viser la croissance. Avec de telles perspectives, il n’est pas exclu que le personnel doive aussi payer son tribut pour assurer la survie de l’entreprise. Il lui faudra encore patienter quelque peu: son sort ne sera scellé qu’en août, lorsque le groupe Swissair aura définitivement décidé de l’avenir de son alliance avec la compagnie belge.

L.v.R.

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