A Namur, à vélo, on dépasse les autos

La capitale de Wallonie s’est autoproclamée capitale wallonne des vélos. Il est vrai que peu de villes lui disputent le titre. Gadget écolo ou réalité ?

Au petit jeu des associations d’idée,  » vélo  » n’est pas le premier mot qui vient à l’esprit quand on évoque Namur. Et pourtant, la petite reine s’y fait de plus en plus présente en ville.

Bien sûr, dans une commune entourée de collines, son royaume tient sur un confetti. On est loin des métropoles septentrionales du plat pays où la bicyclette partage plus naturellement la voirie avec les voitures et les piétons. En Wallonie, la pratique du vélo reste encore un sport, voire un loisir de dimanche après-midi ensoleillé, mais certainement pas un moyen de transport.

C’est une situation que les autorités communales voudraient voir évoluer. Patricia Grandchamps, notamment, l’échevine Ecolo à la mobilité, rêve d’un Namur plus  » cyclofréquentable « .

 » Namur a plusieurs atouts dans son jeu, précise-t-elle : 40 % de la population vit dans la vallée et 60 % des Namurois habitent dans un rayon de trois kilomètres autour du centre. La ville dispose d’un potentiel intéressant pour le vélo, d’autant que les gens sont plus réceptifs au message de mobilité durable. Nous avons été parmi les premiers à lancer un plan communal de mobilité et à ouvrir des parkings relais aux abords de l’agglomération. Il faut maintenant redonner une image positive du vélo.  » Vaste programme.

Pour y parvenir, la Ville, en collaboration avec la Région wallonne, mise sur la jeunesse. Cette année, plus de 500 Namurois de 5e année primaire ont passé leur brevet de cycliste. Ils ont reçu une formation théorique et pratique avant de se lancer dans les rues du centre-ville, le 26 juin dernier.

Un maximum de 3 % de cyclistes

Autre initiative pour les cyclistes en herbe : un projet de ramassage scolaire à vélo lancé par l’école Saint-Louis. Une expérience très populaire qui pourrait être étendue l’année prochaine à d’autres établissements.

Et pour garantir la sécurité de ces nouveaux usagers de la route, la Ville a multiplié les sens uniques limités et, en collaboration avec les TEC, a ouvert la possibilité, pour les deux roues, d’utiliser les couloirs de bus. Prochaine étape : transformer le centre de Namur en une zone où la circulation serait limitée à 30 kilomètres/heure. Il n’est pas exclu non plus que des vélos y soient mis en libre-service, à l’instar des expériences positives de Paris ou Lyon.

Alors Namur, paradis des amateurs de vélo ?  » On en est loin, tempère Luc Goffinet, responsable du Groupe de recherche et d’action des cyclistes au quotidien (Gracq) en Wallonie. Mais c’est vrai que les autorités communales sont à l’écoute des cyclistes et qu’ensemble, nous avons réussi à supprimer un grand nombre d’obstacles à l’utilisation du vélo en ville. Globalement, la situation semble meilleure ici que dans le reste de la Wallonie. On a dû passer de 1 % de cyclistes à 2, voire 3 %.  » Mais, de là à en faire une capitale du deux-roues, il y a un coup de pédale que Luc Goffinet ne donne pas.

Patricia Grandchamps se veut plus optimiste.  » Nous avons lancé un travail de fond qui prend également en compte les questions d’urbanisme. Nous développons l’habitat et les services de proximité, particulièrement autour du centre, pour qu’à terme les habitants ne soient pas éloignés de plus de 300 mètres d’un transport en commun. Le vélo aurait alors toute sa raison d’être pour couvrir ces petites distances. « 

Ce n’est donc que dans une dizaine d’années que l’on saura si ce titre de capitale du vélo est aujourd’hui une vision prophétique ou juste un effet d’annonce.

Ol. H.

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