Dans les oliveraies qui entourent le camp de réfugiés de Moria, sur l'île de Lesbos, s'entassent des milliers de migrants dépourvus de véritables structures d'accueil. © Artur Widak/belgaimage

A Lesbos, la tragédie oubliée des migrants

Gérald Papy
Gérald Papy Rédacteur en chef adjoint

Vice-président du comité consultatif du Conseil des droits de l’homme des Nations unies, Jean Ziegler ambitionne de réveiller les consciences sur la question des candidats réfugiés en Europe.

Il publie un essai, Lesbos, la honte de l’Europe (Seuil, 142 p.), fruit d’une mission effectuée en 2019 sur l’île grecque, principalement dans le hot spot (centre de rétention) de Moria et les oliveraies qui l’entourent et où croupissent des milliers de migrants.  » Comme rapporteur spécial des Nations unies pour le droit à l’alimentation, j’ai parcouru la Rocinha, la plus grande favela de Rio de Janeiro, les slums des Smokey Moutains de Manille et les puantes shantytowns de Dacca, au Bangladesh. Mais je n’ai jamais été confronté à des habitations aussi sordides, à des familles aussi désespérées que dans les oliveraies de Moria.  »  » Aujourd’hui, analyse-t-il, les hot spots sont au service d’une stratégie précise : de la dissuasion et de la terreur. Un effroi tel que les persécutés renonceraient à quitter leur pays.  » Endossant une nouvelle fois son rôle de lanceur d’alerte, Jean Ziegler dénonce pour leur inhumanité les bureaucrates de l’Union européenne et du Bureau européen d’appui en matière d’asile (Easo), les garde-côtes de l’agence Frontex, chargée de la surveillance des frontières de l’Union, qui n’hésiteraient pas à recourir à la violence pour repousser les migrants vers la Turquie, ou le Haut commis- sariat pour les réfugiés des Nations unies, absent de manière incompréhensible de Moria. Un cri de révolte salutaire.

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