Anne-Sophie Bailly © a.dehez

A la marge

C’est un conclave budgétaire XXL qu’a achevé mardi matin le gouvernement d’Alexander De Croo. XXL car outre l’accord sur le budget 2022 proprement dit – un déficit budgétaire ramené à 3,1% du PIB contre 5,4% aujourd’hui, soit un effort de 2,4 milliards d’euros -, une série de mesures importantes ont été prises par l’ensemble des partenaires de la coalition Vivaldi (lire par ailleurs). Ainsi, un plan d’investissement d’un milliard d’euros dans la relance verte et digitale a été validé de même qu’une décision particulièrement attendue pour contenir l’augmentation de la facture énergétique, accord qui passe par la prolongation du tarif social, un chèque-énergie de quatre-vingts euros et l’instauration d’une norme énergétique.

Reste à voir combien de projets de l’accord budgétaire aboutiront. Et s’ils deviennent réalité, quand le seront-ils?

Autre chapitre majeur de l’accord, une première esquisse de la réforme du marché du travail. L’un des objectifs de la coalition au pouvoir est de porter le taux d’emploi de la Belgique à 80% en 2030 contre 71% actuellement. Ce qui ne se fera évidemment pas sans une série de mesures fortes. Le mardi 12 octobre au matin devant la presse, le mardi après-midi devant la Chambre, le Premier ministre a donc avancé une série de propositions en la matière: ramener à quatre jours la semaine de travail, assouplir le travail de nuit et du dimanche pour favoriser l’e-commerce, individualiser le droit à la formation, remettre au boulot les malades de longue durée, améliorer l’attrait pour les métiers en pénurie comme pour la mobilité interrégionale. Bref, un programme ambitieux et qui ratisse large.

Reste à voir combien de ces projets aboutiront réellement. Et s’ils deviennent réalité, quand le seront-ils? Car ces chantiers urgents mais complexes ont en commun d’être conditionnés à une table ronde, une étude, un groupe de travail. Bref, à un consensus difficile à atteindre. La semaine de quatre jours n’a pas particulièrement bonne presse auprès des partenaires sociaux. Le travail de nuit? Comeos déplore le fait d’en discuter depuis dix ans déjà, sans engranger d’accord. Quant aux trajets de réintégration des malades de longue durée, ils n’ont pour l’instant, dixit la Cour des comptes, connu qu’un succès mitigé.

Temporiser de la sorte ne revient-il pas à miser sur un petit coup de pouce bienvenu de la croissance pour éviter de prendre aujourd’hui, lors de ce premier véritable exercice budgétaire détaché de l’urgence sanitaire, des mesures compliquées et de nature à crisper les partenaires, alors que demain la marge de manoeuvre pourrait s’avérer un brin plus large? Pourrait.

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