50 000 talents gaspillés

Notre enseignement n’assure aucune prise en charge des enfants surdoués. Résultats ? Des élèves malheureux, et leur  » richesse économique  » totalement inexploitée…

Ils ont un QI d’au moins 130. Très tôt dans l’existence, ils font preuve de perfectionnisme, d’une mémoire exceptionnelle, d’une forte capacité de concentration, d’une formidable envie de lire, d’une habileté mathématique et… d’un sens aigu de l’équité : 28 000 jeunes Flamands et 22 000 jeunes francophones (soit environ 2,5 % des effectifs scolaires – niveaux maternel, primaire et secondaire confondus) seraient des surdoués. Seule la moitié d’entre eux est cependant identifiée, parfois très tardivement. Or, affirme un récent rapport de l’Institut Itinera (un  » think tank  » indépendant), ces lacunes dans le repérage de la précocité de certains petits écoliers ont de lourdes conséquences sur leur santé mentale (ce qu’on savait déjà : les enfants à haut potentiel dépriment, voire régressent, dans un environnement non adapté), mais aussi sur l’économie du pays tout entier.

L’équation d’Itinera est simple : l’innovation est le secret qui se cache derrière la croissance économique. Comme, en cette matière,  » les surdoués peuvent offrir incontestablement une plus-value à l’ensemble de la société « , il est urgent, vu le marasme et le vieillissement de notre population, d' » activer cette opportunité « .

Comment ? Contrairement à nos voisins, il n’existe, chez nous, aucune procédure officielle de détection du  » surdon « . L’Institut Itinera préconise dès lors un screening obligatoire et précoce de la population scolaire. Elle recommande ensuite la création, dans chaque école, de classes  » kangourou « , où les élèves surdoués travaillent exclusivement entre pairs intellectuels, chaque semaine durant quatre heures, sur des matières plus difficiles ou plus pointues (astronomie, archéologie, philosophie…), de même que le saut systématique d’année pour les très bons élèves – une mesure qui suscite de fréquentes réserves parmi les enseignants, mais un fort consensus entre spécialistes, qui y relèvent surtout le mieux-être pour le surdoué. En Wallonie, à l’heure actuelle, 2 % des jeunes sont en avance scolaire. Mais une rapide analyse montre qu’il s’agit d’enfants simplement… nés en janvier et février, pour lesquels aucune raison cognitive n’a motivé le saut de classe.

Valérie Colin

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