3. Caroline Persoons » C’est la douche froide « 

Pour Caroline Persoons (FDF),  » le front francophone a perdu sa colonne vertébrale  » et la Flandre  » prépare son indépendance tout en cherchant à mettre la main sur Bruxelles « .

Le Vif/L’Express :  » Réclamer l’extension de la Région bruxelloise est tout sauf une provocation ; c’est un devoir, une obligation morale « , écriviez-vous sur votre blog en juin dernier. Deux mois plus tard, la plupart des leaders francophones se font discrets sur la question de l’élargissement. Déçue ?

> Caroline Persoons (députée MR-FDF de la Région bruxelloise et de la Communauté française) : C’est la douche froide ! Cela ne m’étonne qu’à moitié de la part du PS. Mais je ne comprends pas la frilosité d’Ecolo et du CDH. C’est comme si le front francophone avait perdu sa colonne vertébrale. Les Flamands, eux, n’ont pas ces scrupules. Ils ne renoncent jamais à leurs exigences initiales. Ils en reviennent toujours au programme adopté au parlement flamand.

La N-VA et le CD&V ont réclamé une cogestion de Bruxelles par les Communautés. Un scénario imaginable à terme ?

> Tout est imaginable, mais cela créerait une situation ingérable à Bruxelles. Et cela susciterait une surenchère dangereuse, qui toucherait directement les personnes, les familles. Selon le régime linguistique choisi, les Bruxellois bénéficieraient d’avantages différents. On pousserait les habitants à se  » vendre  » au plus offrant ! Je rejoins totalement Didier Gosuin(1) quand il affirme que la communautarisation des soins de santé et des allocations familiales instaurerait un apartheid social. A Bruxelles, la concurrence entre Communautés se fait déjà sentir dans des secteurs comme celui de l’accueil de la petite enfance. L’entrisme de Kind & Gezin, le pendant de l’ONE chez les néerlandophones, est de plus en plus perceptible en matière d’agrément de crèches privées.

Quel est, selon vous, l’objectif de la NV-A et du CD&V ?

> Ces exigences flamandes visent à nier le Région bruxelloise et à préparer l’indépendance de la Flandre, tout en mettant la main sur Bruxelles.

Vous prônez une unité politique forte liant la Wallonie et Bruxelles. N’y a-t-il pas des divergences de vues à ce sujet au sein du FDF ? Didier Gosuin, lui, s’affiche plutôt régionaliste…

> Il faut, bien sûr, une Région bruxelloise à part entière, mais cela doit s’accompagner d’un projet politique francophone fort. Malheureusement, la proposition des ministres-présidents Charles Picqué et Rudy Demotte en vue de constituer une fédération Wallonie-Bruxelles n’est pas suivie d’effets très concrets. On ne peut se contenter de rencontres entre gouvernements. Le projet francophone n’est pas assez élaboré. C’est une lacune face à la Flandre.

Le parlement et le gouvernement bruxellois sont apparus peu actifs ces derniers mois. Cette inertie n’offre-t-elle pas des arguments aux Flamands qui rêvent de priver Bruxelles de ses institutions ?

>Il y a un manque de souffle certain : pas de nouvelles initiatives pour éviter la congestion automobile à Bruxelles, peu d’efforts en matière de logement… Et le manque d’argent n’explique pas tout. Pourtant, il y avait de l’optimisme au sein de l’olivier en début de législature. Il est vrai que les institutions bruxelloises sont lourdes, complexes et onéreuses. Elles pourraient être simplifiées. Les indemnités de sortie des collaborateurs de députés coûtent un pont. On pourrait réduire le nombre de parlementaires. Mais cela ne doit pas pour autant hypothéquer l’existence de la Région.

(1) L’interview de Didier Gosuin, chef de file MR-FDF au parlement bruxellois

sur www. leVIF.BE

ENTRETIEN : OLIVIER ROGEAU

 » On pousserait les habitants à se  »vendre  » au plus offrant « 

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