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Le 23 octobre 2011 : le sourire qui élimina Berlusconi

Il semblait avoir été conçu pour résister à tout. Aux victoires politiques comme aux défaites électorales. Aux crises gouvernementales comme aux conflits d’intérêts. Aux affaires de moeurs comme aux scandales sexuels. Aux bancs solaires comme aux implants capillaires. Cet homme politique, pourtant, n’était pas immortel.

Ce 23 octobre 2011, dans une salle de presse surchauffée, un simple regard suffit à le discréditer. A l’éliminer. En pleine tornade financière, Silvio Berlusconi n’a plus la confiance des investisseurs, ni celle de ses homologues du Conseil européen. Serait-ce la fin de sa carrière politique ?

C’est par la Grèce que tout commence. Socrate va-t-il connaître le sort de Lehman Brothers ? Le scénario ne relève plus désormais de la fiction. Durant des années, Athènes a trafiqué ses livres bancaires. A présent, son déficit public atteint 15 %. Alors que les marchés mettent en doute sa capacité à rembourser, des investisseurs sans scrupules parient sur une crise de la dette. L’enjeu est continental : une crise grecque pourrait se transformer en crise de la zone euro. C’est pourquoi les plus hautes instances de l’Union multiplient les sommets. Les frugales fourmis du Nord doivent-elles venir en aide aux prodigues cigales du Sud ? Pendant que l’Union tergiverse, l’incendie se répand. Au printemps 2010, l’Espagne, le Portugal, l’Irlande entrent dans le viseur des agences de notation. Et l’Union agit enfin fermement : en mai, pour sauver l’euro, elle s’engage à recourir à  » toute la gamme des moyens disponibles « .

Merkel et Sarkozy : des sourires qui en disent long, le 23 octobre 2011.
Merkel et Sarkozy : des sourires qui en disent long, le 23 octobre 2011.© THIERRY MONASSE/GETTY IMAGES

Mi-2011, c’est l’Italie qui inquiète. Troisième puissance de la zone euro, la Botte ne parvient plus à maîtriser son déficit. Mis sous pression par la Banque centrale européenne, le Premier ministre Berlusconi annonce des réformes au Parlement. Mais il ne parvient pas à convaincre les marchés. Et ses partenaires demeurent inquiets.

Arrive le Sommet européen du 23 octobre 2011. Officiellement, il est convoqué pour réfléchir à une  » croissance durable et créatrice d’emplois  » dans l’UE. Mais dans les coulisses, un autre dossier occupe l’attention : l’Italie. A 8 h 30, Berlusconi déjeune avec le président du Conseil Van Rompuy. S’ensuit une audition avec Sarkozy et Merkel. En public, Berlusconi fanfaronne encore :  » je n’ai jamais été recalé à un examen « . Mais l’homme est sous pression. En son for intérieur, il est bousculé.

Le Conseil se clôt sur la traditionnelle conférence de presse. Merkel et Sarzoky sont sur l’estrade. Une question jaillit :  » Est-ce que vous êtes rassurés après avoir entendu M. Berlusconi ?  » Silence. Grimace de Sarkozy. Echange de regard entre les deux leaders. Sourire de Merkel. Sourire de Sarkozy. Rires de l’assemblée. Il n’en faut pas plus : Berlusconi est officiellement discrédité. Deux semaines plus tard, il est contraint de démissionner.

La fin ? Même pas ! En 2018, Berlusconi revient au centre de la vie politique italienne. En 2019, il est élu au Parlement européen. Il a aujourd’hui 83 ans. Mais il semble avoir été conçu pour résister à tout…

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