Le 10 juin 1940, le gouvernement français quitte Paris. Au centre, Paul Reynaud, à gauche, le général Weygand et à droite, le maréchal Pétain. © BELGAIMAGE

16 juin 1940 : Comment la France décida d’arrêter la guerre

C’est l’ère des errances. En ce printemps 1940, la victoire semble choisir le camp des Allemands. Les autres se retrouvent face à un fameux dilemme : faut-il opter pour la soumission ou poursuivre la guerre ? Dès le 28 mai, la Belgique choisit de capituler. La France, elle, hésite. On le sait : l’Hexagone finira par choisir Pétain pour nouveau guide et demander l’armistice. Mais on l’oublie : l’histoire eût pu tourner autrement. Au fond, il s’en est fallu de très peu. En juin 1940, quatre personnages jouent un rôle clé : un mou qui joue les durs ; une vraie dure ; un vrai dur ; et un vrai mou.

Le gouvernement français est divisé. D’un côté, les  » durs « . Ceux qui entendent poursuivre le combat contre l’envahisseur. Charles de Gaulle, qui entre au gouvernement le 6 juin, incarne cette tendance. L’homme a fière allure mais, comme sous-secrétaire d’Etat à la Guerre et à la Défense nationale, il ne possède qu’une influence limitée. Surtout qu’en face de lui, il y a les  » mous « . Ceux qui trouvent le combat vain. Qui se verraient bien négocier avec les Allemands. Eventuellement même, dans le dos des Anglais. Enfin, au milieu, trône Paul Reynaud. En apparence, le président du Conseil est un dur. Mais en fait, c’est un mou. Le mou qui joue les durs, c’est lui.

Dans l’ombre du mou qui joue les durs, il y a une vraie dure. Fille d’un riche industriel, Hélène de Portes partage la couche de Reynaud depuis dix ans. C’est une femme de convictions et d’influence. Anglophobe, germanophile, elle verrait bien la France s’associer à l’Allemagne. De jour comme de nuit, telle est l’idée qu’elle susurre à l’oreille de son chéri. De plus en plus, Reynaud est sous sa coupe. En mai 1940, lorsqu’il renforce son gouvernement, c’est avec la bénédiction de sa maîtresse qu’il recrute un nouveau vice-président. Un certain Philippe Pétain.

Philippe Pétain, c’est le vrai dur. La Première Guerre mondiale a été une aubaine pour lui. Il s’y est distingué par son esprit offensif comme par son autorité morale. En novembre 1918, il est fait maréchal de France. En 1940, son prestige est toujours immense. Mais au fond de lui, l’homme est persuadé que son pays a perdu la guerre. Lorsque de Portes le reçoit au mois de mai, elle l’implore :  » Monsieur le Maréchal, empêchez Paul de faire des bêtises !  » La vraie dure et le faux dur sont faits pour s’entendre ; ils vont intriguer ensemble.

Tandis que Pétain manoeuvre le gouvernement, de Portes harcèle Reynaud. A bout de souffle, celui-ci finit par lâcher prise. Le 16 juin, il démissionne. Un dernier acteur peut alors entrer en piste : Albert Lebrun, président de la République. C’est à lui que revient la tâche de nommer un successeur à Reynaud. Lebrun est opposé à l’armistice, mais il ne parvient pas à s’opposer à Pétain, qu’il nomme à la présidence du Conseil. Dans ses mémoires, Charles de Gaulle aura pour Lebrun les mots les plus durs :  » Somme toute, comme chef d’Etat, il ne lui manquait que deux choses : être un chef et avoir un Etat.  » Lebrun, c’est le vrai mou.

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