1) Les villes- jardins de Luc Schuiten

Laurence Van Ruymbeke
Laurence Van Ruymbeke Journaliste au Vif

Pendant cinq mois, le musée du Cinquantenaire sera peuplé de végétaux. L’architecte Luc Schuiten y installe son exposition Vegetal City, peuplée d’habitarbres, de véhicules imaginaires et de projets urbains pour demain

Sous les lianes tressées, vous ne reconnaîtrez plus la ville. Ni sa couleur, ni son odeur, ni le bruit de fond qui se déversait en permanence dans les oreilles et qui a soudain disparu. La ville de demain pourrait ne plus guère ressembler à la ville d’aujourd’hui. Qui s’en plaindrait ?

Convaincu que les Terriens courent à leur perte s’ils ne veillent pas avec davantage de tendresse sur leur planète, l’architecte Luc Schuiten s’est mis en tête, dans cet esprit, d’imaginer d’autres cités possibles. Des villes construites en fonction des élans et des besoins de Dame Nature. Donc, des nôtres.  » Il fallait développer un concept qui nous permette d’entrer en harmonie avec le monde, dit Luc Schuiten. Après tout, ne sommes-nous pas, aussi, des organismes biologiques ? « 

Pour concevoir ces villes nouvelles, qui impliquent d’autres ressources en énergie (le vent, le soleil, l’eau…), d’autres moyens de locomotion et d’autres matériaux de construction, l’architecte s’est inspiré du bio-mimétisme, cette approche qui consiste à s’inspirer de la logique des structures naturelles, notamment celles de la végétation, pour développer de nouvelles technologies.

Soucieux de ne pas élaborer de projets farfelus et de s’assurer qu’ils sont à la fois réalistes et crédibles, Luc Schuiten a collaboré avec des scientifiques, dont les biologistes de l’association Biomimicry Europa. Son propos n’en laisse pas moins certains observateurs sceptiques, qui trouvent à ses créations des allures d’inventions de Jules Verne.

Plusieurs des projets à découvrir lors de l’exposition Vegetal City, qui se tiendra au musée du Cinquantenaire du 3 avril au 30 août prochain, pourraient néanmoins se concrétiser assez vite. Comme le chenillard, par exemple, ce moyen de locomotion mi-transport individuel, mi-transport collectif, mû par l’électricité.  » C’est comme aller sur la Lune, rappelle l’architecte. Personne n’y croyait. Jusqu’à ce qu’on le décide et que l’on y mette les moyens. Le chenillard prouve que le futur, qui se conjuguera avec une moindre consommation d’énergie, n’est pas nécessairement triste, mais qu’il peut être festif ou créatif.  »

Ainsi en est-il aussi des projets de maisons construites autour d’arbres vivants et toujours en croissance ; des ornithoplanes à ailes battantes, ces engins aériens qui ressemblent à des dirigeables, alimentés par l’énergie solaire ; ou des cyclos, véhicules individuels hybrides fonctionnant à la force des mollets avec une assistance électrique.

A travers des maquettes, des planches et d’étonnantes installations de branches de saule ou de cerisier tissées, l’exposition Vegetal City donne à voir divers projets de ville qui permettent de croire que l’avenir des grandes cités urbaines n’est pas noir. Même si certaines ressources de la planète s’épuisent, il en est d’autres qui pourraient, demain, teinter les rues de vert.

Vegetal City, par Luc Schuiten, éditions Mardaga, 144 pages. Disponible au Museumshop du Cinquantenaire, à Bruxelles, à partir de début avril, ainsi que dans toutes les bonnes librairies.Infos : www.mrah.be

Laurence van Ruymbeke

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