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La (haute) tension augmente

Le gouvernement a parlé : dès 2026, seules les nouvelles voitures de société ne produisant aucune émission de CO2 seront encore fiscalement déductibles. Cette déductibilité s’inscrit dans un ensemble plus vaste de mesures visant à réduire drastiquement les émissions de CO2, des mesures nécessaires afin de pouvoir atteindre les objectifs de l’accord de Paris sur le climat pour 2020-2050. Pour y parvenir, une transition rapide des motorisations thermiques vers l’électrique est indispensable. Mais sommes-nous prêts ?

Si nous avons pu vaincre le coronavirus avec une ou deux injections et le respect de la distanciation sociale, inverser le réchauffement et les changements climatiques constitue un défi bien plus vaste, qui exige des mesures plus profondes. Notamment une réduction drastique des émissions de CO2. Ce n’est réalisable qu’en remplaçant les moteurs à essence et Diesel polluants des voitures par des moteurs électriques zéro émission.

Passation de pouvoir

Une telle transition est-elle imaginable et réalisable ? Totalement. La propulsion électrique est (presque) aussi ancienne que l’automobile elle-même. Deux ans seulement après la demande par Carl Benz en 1886 d’une licence pour sa Benz Patent-Motorwagen, un tricycle à moteur 4-temps à essence, considéré officiellement comme la véritable première automobile, Andreas Flocker levait le voile sur la première voiture électrique. Un moment, la propulsion électrique a même été la norme. Mais au début du 20e siècle, le moteur électrique a dû céder la place aux nouveaux moteurs à essence, qui offraient un bien meilleur rendement énergétique.

Quelque 100 ans plus tard, les moteurs à combustion interne demeurent toujours largement majoritaires, mais leurs jours sont comptés. En raison des changements climatiques majeurs, les émissions de gaz d’échappement nocives doivent être drastiquement abaissées. Les autorités politiques ont formulé dans une grande partie du monde des objectifs CO2 encore plus stricts, qui ne pourront être atteints qu’au moyen d’une transition rapide des voitures thermiques vers les voitures électriques.

Ce basculement, il a été initié par le scandale du Dieselgate en 2015. La chancelière Angela Merkel s’est sentie trompée par les patrons des géants allemands de l’automobile, ne voulant plus continuer à défendre les constructeurs dans leur combat contre le durcissement des objectifs européens en matière de CO2 pour l’industrie automobile, et les lourdes amendes infligées à ceux ne parvenant pas à atteindre ces objectifs.

Quand le cours des marques automobiles allemandes s’est à son tour effondré, un vent de panique a soufflé sur le marché. Une passation de pouvoir a cependant eu lieu au sommet de quasiment toutes les marques allemandes et, depuis, le marché automobile est reparti dans la bonne direction. Les constructeurs investissent des milliards et des milliards pour électrifier leur gamme et disposent désormais de plateformes spécifiques à la propulsion électrique, grâce auxquelles ils peuvent concevoir des modèles particulièrement élégants, certains méritant même le qualificatif d’oeuvre d’art. La créativité a retrouvé un espace d’expression. Et le made in Germany est à nouveau très apprécié, notamment en Chine, le pays qui a détrôné les États-Unis au rang de plus grande économie mondiale.

Les constructeurs investissent des milliards pour électrifier leur gamme et disposent désormais de plateformes spécifiques à la propulsion électrique.

Les prix des voitures électriques baissent

Les premières voitures électriques commercialisées étaient sensiblement plus chères que les modèles équivalents à moteur Diesel ou à essence. Dans notre pays, c’est toujours le cas pour ceux qui ne peuvent pas déduire fiscalement leur véhicule, mais les différences s’estompent. D’une part, le nombre de VE produits enregistre un essor (important), ce qui permet d’amortir les coûts de développement sur un volume plus grand. Grâce à la concurrence renforcée sur le marché des VE, nous pouvons aussi nous attendre à une chute rapide des prix.

Aujourd’hui déjà, les constructeurs annoncent que dans quelques années, les VE ne seront pas plus chers à l’achat qu’un modèle équivalent doté d’une motorisation Diesel ou à essence. En outre, l’avantage au niveau du TCO (Total Cost of Ownership) basculera alors dans le camp des VE, ceux-ci pouvant bénéficier d’une déductibilité fiscale, de coûts de maintenance plus faibles et d’une meilleure valeur de revente.

La (haute) tension augmente
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Intérêts communs

Cette grande puissance qu’est la Chine a également tout intérêt à réaliser cette transition rapide vers la voiture électrique, que ce soit au plan domestique ou au niveau international. La qualité de l’air en République populaire reste assez déplorable, avec toutes les conséquences que cela peut avoir sur le plan de la santé publique. C’est ce qui explique la prime gouvernementale à l’achat d’une voiture électrique. Aucun pays au monde ne produit davantage de voitures électriques que la Chine, où circulent aussi le plus de voitures électriques au monde.

Les constructeurs européens qui veulent continuer à jouer un rôle prédominant sont obligés de vendre, et de produire, des voitures électriques en Chine. Inversement, les marques chinoises vendent en Europe des voitures électriques made in China. Dans notre pays, c’est pour l’instant à petite échelle, au maximum quelques centaines de véhicules. Et donc rien de comparable avec les ventes des marques sud-coréennes. Mais cela peut changer.

Évolution positive et espoir

Si la percée de la voiture électrique a pris plus de temps que prévu, c’est notamment la conséquence de leur prix élevé, du nombre réduit de modèles proposés, de leur faible autonomie et de la durée de rechargement importante combinée au manque d’infrastructures de recharge. Les utilisateurs se posent aussi des questions sur la durée de vie des batteries, l’évolution du prix de l’énergie et la disponibilité de l’électricité à terme, mais aussi sur les politiques en matière de mobilité et les projets du gouvernement au niveau de la déductibilité fiscale.

Commençons par ce dernier point : c’est toujours le politique qui a le dernier mot. Mais les constellations politiques variant selon les Régions, c’est également le cas des législations. Il est clair que la majorité des formations politiques ne disposent pas d’une vision et d’une stratégie en matière de mobilité basées sur des réalités scientifiques.

Au début du 20e siècle, le moteur électrique a dû céder la place aux nouveaux moteurs à essence, qui offraient un bien meilleur rendement énergétique.

Coup de pouce du gouvernement

Dès 2026, seules les voitures ne produisant aucune émission – à savoir les véhicules électriques à batterie (BEV) ou à hydrogène – seront encore déductibles fiscalement à 100 pour cent. Ce pourcentage sera progressivement abaissé pour se limiter en 2031 à 67,5 pour cent. Pour les voitures Diesel ou à essence, ou les modèles fonctionnant au gaz naturel ou au GPL, la déductibilité fiscale se réduira chaque année de 2023 à 2028. La nouvelle réglementation s’applique aux voitures immatriculées à partir de 2023 et pas à celles qui le sont avant cette date.

Désormais, les entreprises peuvent amortir plus rapidement et totalement les coûts d’installation des bornes de recharge, à la condition que ces bornes soient partiellement accessibles au public. Le particulier qui installe une borne domestique peut quant à lui tabler sur un abattement fiscal de 45 pour cent, qui sera ensuite abaissé jusqu’à 15 pour cent.

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Quels sont les avantages de la voiture électrique ?

La bonne nouvelle, c’est que le prix des voitures électriques baisse au fur et à mesure que les volumes de production augmentent. Au fil du temps, ces modèles sont de plus en plus proposés dans tous les formats, et toutes les catégories de poids. Mais leurs batteries sont aussi de plus en plus compactes et performantes, ce qui réduit leur durée de recharge et augmente leur autonomie. Nous savons aussi désormais que ces voitures électriques sont fiables et ne présentent pas davantage de risques que les voitures à motorisation classique sur le plan de la sécurité. C’est ce qui ressort d’une récente grande étude de CE Delft à la demande des autorités néerlandaises.

Grâce à sa conception technique, un VE offre aux designers des possibilités inédites afin de donner libre cours à leur créativité. Le design redevient ainsi un paramètre distinctif pour les marques. Une voiture électrique étant constituée de nettement moins de composants, les occupants bénéficient d’une plus grande habitabilité, d’un espace aux jambes plus généreux et d’un coffre plus vaste.

L’expérience nous a appris que l’on s’habitue très rapidement à la conduite d’une voiture électrique et que celle-ci incite à adopter une conduite décontractée. L’électrique, c’est une véritable way of life, l’expression d’une philosophie et d’un mode de vie. La mobilité électrique, c’est (é)mission possible, et cela ne doit pas se faire au détriment du plaisir de conduire. Un VE affiche un comportement très dynamique et bénéficie, grâce à son centre de gravité surbaissé, d’une excellente adhérence et d’une excellente tenue de route.

Une voiture électrique étant constituée de nettement moins de composants, les occupants bénéficient d’une plus grande habitabilité, d’un espace aux jambes plus généreux et d’un coffre plus vaste.

Deux acheteurs sur trois veulent recharger leur VE à domicile

Selon une étude du cabinet de consultance Deloitte, 64 pour cent de la population souhaite recharger à domicile leur futur VE. Afin de savoir si c’est techniquement possible, il est préférable de prendre contact avec votre fournisseur d’électricité. Dès que la borne est placée, celle-ci doit être agréée.

Dans le cas d’une nouvelle construction ou d’une rénovation en Flandre, l’installation de bornes doit être prévue. C’est ce qu’exigent les autorités flamandes. Le décret précise pour les nouvelles constructions résidentielles proposant au moins deux places de parking accessibles au public que le câblage nécessaire soit installé. Dans le cas des constructions neuves ou des bâtiments non résidentiels disposant de 10 places de parking ou plus, au minimum deux bornes de recharge doivent être installées, de même que le câblage afin de pouvoir mettre en place des bornes sur un quart de toutes les places de parking.

En Wallonie, dans le cas d’une nouvelle construction ou d’une rénovation importante, il est obligatoire depuis le 11 mars 2021 d’intégrer une infrastructure de recharge à la demande de permis pour un parking comptant plus de 10 places. Bruxelles a choisi de définir sa propre trajectoire et ambitionne d’installer quelque 11.000 bornes de recharge sur son territoire d’ici 2035. Ces bornes ne seront pas toutes installées sur la voie publique : en dehors de celle-ci, des bornes seront accessibles à tous, par exemple sur des espaces de stationnement publics ou des parkings de supermarché.

#Road to EV

Dans le cadre du dossier #Road to EV, nous allons nous intéresser dans les prochaines semaines aux différentes facettes de la mobilité électrique avec des rencontre avec des interlocuteurs de diverses marques, qui présenteront leur vision et leur offre. Ne ratez pas ce rendez-vous sur www.levif.be/RoadtoEV.

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