« Je suis un chantre de l’harmonie »

Première des trois personnalités inspirantes invitées par le Vif/l’express à l’occasion du lancement de Nouveau Renault Espace, Peter de Caluwe plaide pour un monde vivant, conscient, et réactif.

Avec un enthousiasme communicatif, Peter de Caluwe entreprend la vie telle une passion dévorante qu’il aime partager avec son entourage. La musique est entrée dans sa vie avant même sa naissance, quand sa mère, enceinte, lui chantait des aires d’opérettes. Cette expérience foetale n’est sans doute pas étrangère à sa passion pour la voix. Car, s’il n’est ni musicien, ni soprano, Peter de Caluwe, ressent viscéralement la technique du chant. Humble, il avoue  » lorsque je mets la voie d’une cantatrice dans ma tête, j’entends ce que cela peut rendre sur une oeuvre. Je pensais que tout le monde était comme moi. Visiblement, ce n’est pas le cas. Et c’est sans doute l’une de mes chances.  » S’appuyant sur cette qualité, le directeur du théâtre de la Monnaie entraine depuis 2007 son public dans une création artistique engagée. Contemporaine et réactive, sa programmation séduit aujourd’hui le plus grand nombre. Preuve du succès des oeuvres présentées, et du charisme de son directeur, la Monnaie fonctionne majoritairement à guichet fermé et son nombre d’abonnés ne cesse d’augmenter. Et peu de grands théâtres européens peuvent en dire autant.

Regardez ici la vidéo de la soirée avec Peter de Caluwe :

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La mixité bruxelloise est une chance

Pour Peter de Caluwe, cette exception bruxelloise est le fruit d’une alchimie réussie entre répertoire, artistes invités et spectateurs :  » Notre public est d’excellente qualité. Mixant francophones, flamands et population étrangère, il affiche une ouverture d’esprit que l’on ne retrouve pas partout. C’est la raison pour laquelle j’aime travailler à la Monnaie. Je suis un chantre de l’harmonie. Si mes programmations devraient sans cesse affronter un public hostile, j’y perdrais en plaisir, et par conséquent, en créativité. »

© Jerry De Brie
Prendre notre métier au sérieux, c’est ne pas se contenter de donner au public ce qu’il attend.

Ne pas plaire à tout le monde : un choix assumé

Ces choix ne font cependant pas l’unanimité. Aux mélomanes conservateurs qui désapprouvent son ingéniosité, il rétorque ne pas être là pour divertir le public, mais pour le faire réfléchir.  » Une part du public voudrait un art facile. Ce n’est certainement pas le rôle du théâtre subventionné. Mon objectif est de faire de l’  » éduc’ainment  » et non de l’entertainment. Prendre notre métier au sérieux, c’est ne pas se contenter de donner au public ce qu’il attend. Il faut savoir surprendre et faire réagir, même si certains n’aiment pas être sorti de leur zone de confort. « 

© Jerry De Brie

Rechercher une prise de conscience commune

A l’instar les livrets visionnaires de Mozart qui, en leur temps, faisaient scandale, Peter de Caluwe privilégie les mises en scène qui réinterprètent les oeuvres et les remettent dans un contexte contemporain.  » Notre rôle est de proposer aux spectateurs des clés de compréhension et de lecture de notre société et de ses dérives « . Fédérateur autant qu’agitateur, le directeur du théâtre de la Monnaie de Bruxelles veut ainsi entrainer son public sur la voie de la catharsis. Pour lui, l’opéra doit provoquer des émotions suffisamment fortes pour créer une communion libératrice entre auditeurs, acteurs et musiciens :  » Ma mission, et mon défi au quotidien, sont que les spectacles de la Monnaie inspirent des sentiments partagés où tout le monde vit un moment unique et magique. « 

Mon défi au quotidien, est que les spectacles de la Monnaie inspirent des sentiments partagés où tout le monde vit un moment unique et magique.

La culture pèche de son individualisme

Aujourd’hui reconnue et saluée, sa réussite ne s’est pas faite sans encombre. Depuis sa prise de fonction en 2007, Peter De Caluwe se bat au quotidien pour défendre ses choix et les moyens de ses ambitions. Suivi par son public, il doit néanmoins se lutter au quitidien contre des restrictions budgétaires qu’il juge mortifères pour la création belge. Et à ce jeu, il regrette d’avoir été l’un des seuls à monter au créneau :  » Contrairement à l’industrie qui se défend efficacement à coup de lobbys, les artistes doivent avoir un problème d’égo qui les empêchent de jouer la carte de la solidarité. Parce que notre milieu est subventionné, ils ont sans doute peur d’affronter le pouvoir. Alors qu’au contraire, cela devrait leur en donner la force.  »

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