© Toon Coussement

Charlie Dupont : ‘ Le plus difficile est de trouver sa voie ‘

Réunis par Le Vif/L’Express et Renault Espace, huit lecteurs du magazine ont eu la chance de partager une soirée avec Charlie Dupont. Un acteur hilarant et sensible qui vit pour, et par, son métier.

Vous semblez tellement à l’aise dans la comédie qu’on croirait que vous y êtes tombé tout petit …

Les apparences sont trompeuses car j’ai plutôt eu une révélation tardive ! Comme beaucoup, à 18 ans, je n’avais pas de passion. Ni pour la vie, ni pour rien. Et puis, pendant mes études de droit, j’ai joué, au théâtre de la fac, dans  » le Capitaine Fracasse « . J’y interprétais Scapin, l’acolyte du capitaine. C’était un rôle formidable car c’était un rôle muet. J’ai du apprendre à tout exprimer autrement que par des mots. Un très bel exercice pour une grande gueule comme moi ! Alors que mes études m’apprenaient le cérébral, l’analyse et le langage, je découvrais, grâce aux planches, des chemins d’expression qui passaient par l’émotion. Et cette chose là m’a saisi comme une évidence.

Sans cette pièce de théâtre pendant vos études, vous seriez peut-être passé à coté de votre passion ?

Je ne pense pas. J’aurais sans doute saisi cet appel autrement. L’idée de faire le con est en moi depuis longtemps. Il fallait seulement que je trouve comment faire fructifier ce terreau ! Si ça n’avait pas été par le biais de Scapin, je crois que cette voie est tellement mon chemin que quelque chose d’autre m’y aurait ramené.

La responsabilité première de l’humanité se place dans le contact avec l’autre.

Est-il toujours facile de jouer avec ses émotions ?

J’ai eu une éducation plutôt anglaise, où les émotions doivent être cachées. Chez moi, on n’exprime pas, Monsieur ! La preuve est aujourd’hui faite que j’avais fondamentalement besoin de trouver un moyen de m’extérioriser. Même si ce n’est pas toujours visible, je conserve curieusement une forme de timidité et d’intériorité. Mais au fil des ans, j’ai appris à les surmonter et j’utilise davantage mon quotient émotionnel que mon quotient intellectuel.

Charlie Dupont : ' Le plus difficile est de trouver sa voie '

Le jeu d’acteur est-il un plaisir égoïste ?

Je cite facilement Rocco Siffredi lorsqu’il affirme que  » tout plaisir est partagé « . Ainsi, le jeu d’acteur ne peut être qu’un échange. C’est particulièrement vrai au théâtre, mais cela l’est aussi au cinéma. Il y a des artistes maudits qui se complaisent dans le nombrilisme. Ils ne veulent créer que pour eux-mêmes, et certains ne veulent même pas montrer ce qu’ils font. Pour moi, cela frôle la masturbation. Même si je n’ai rien contre la masturbation !

 » Le jeu d’acteur ne peut être qu’un échange. « 

L’homme serait donc, avant tout, un animal social ?

Je me retrouve assez dans l’analyse du philosophe Emmanuel Levinas. Pour lui, la responsabilité première de l’humanité se place dans le contact avec l’autre. Notre raison d’exister est de reconnaître le visage d’autrui comme ayant quelque chose de semblable à notre propre visage. Ce qui conduit naturellement à un respect mutuel.

Charlie Dupont : ' Le plus difficile est de trouver sa voie '

Craignez vous le trac ?

Le trac est autant paralysant qu’il est moteur. Je l’assimile à l’envie de bien faire. Il apparaît lorsque l’on craint de ne pas y arriver. Savoir si l’on a le trac sur scène, c’est comme si je vous demandais si vous êtes déstabilisée quand vous rencontrez pour la première fois quelqu’un qui vous plait. C’est la même problématique. On se retrouve face à une personne que l’on veut séduire, et on a toujours peur de la décevoir. Le métier n’apprend pas à faire disparaître le trac, mais il apprend à le gérer. Jouer, c’est tout lâcher. Même lorsque l’on est tétanisé, il faut accepter la peur, puis passer au travers ; pour finalement avancer.

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