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Le gouverneur de l’Etat de Virginie empêche le retour de la chaise électrique

Stagiaire

La pénurie de l’anesthésiant utilisé pour l’injection létale pousse les autorités à considérer d’autres options pour continuer à appliquer la peine capitale. Parmi les solutions envisagées, le retour au premier plan de la chaise électrique, une méthode toujours en application dans certains Etats. Une éventualité qui divise, comme en témoigne le cas de l’Etat de Virginie.

Conséquence de la décision des laboratoires européens de ne plus approvisionner les différentes administrations pénitentiaires des Etats-Unis, les stocks de l’anesthésiant utilisé pour l’injection létale sont aujourd’hui épuisés. Dans un pays où 31 Etats appliquent toujours la peine de mort et où une trentaine d’exécutions sont encore pratiquées annuellement, il devient urgent pour certains Etats de trouver une solution de remplacement, quitte à mettre de côté une certaine éthique.

L’Etat de Virginie et la chaise électrique : une histoire d’amour vieille de plus d’un siècle

Plus discret que son homologue texan en matière de peine capitale, l’Etat de Virginie se classe tout de même en troisième position des Etats qui exécutent le plus aux Etats-Unis (derrière le Texas et l’Oklahoma). Dans un territoire où le condamné à mort avait déjà le choix entre une exécution par injection létale ou par la chaise électrique, recourir à cette dernière comme seul procédé d’exécution pour pallier à la pénurie s’était donc imposée comme la solution la plus tentante. Et c’est donc dans cette optique-là – et contrairement aux avis de nombreux leaders religieux qui la qualifient de « relique barbare » – que l’amendement fut adopté en mars dernier par les sénateurs de l’Etat. La loi pouvait donc entrer en application à partir du premier juillet, date à laquelle serait exécuté le premier condamné à mort après que l’amendement soit entré en vigueur. A moins que le gouverneur local, démocrate et proche d’Hillary Clinton ne s’en mêle.

Une décision aux répercussions dans la course à l’investiture démocrate

L’amendement stipulait que les autorités se chargeraient de choisir le mode d’exécution à la place du détenu, ce qui reviendrait presque automatiquement à recourir à la chaise électrique dans l’état actuel des choses. Il ne restait donc qu’un dernier obstacle législatif pour que cet amendement controversé soit définitivement entériné : l’accord tacite du gouverneur démocrate Terry McAuliffe, détenteur du droit de véto pour toute loi d’Etat. Au-delà de l’acte idéologique, ce proche du clan Clinton savait que cautionner le rétablissement d’une méthode à la réputation controversée (217 des 267 personnes exécutées par chaise électrique étaient noires depuis son instauration en 1908) pourrait avoir des conséquences sur la campagne de sa protégée. En effet, les prises de position d’Hillary Clinton contre l’abolition de la peine de mort en octobre dernier lui avaient déjà attiré une avalanche de critiques de la part ses concurrents, qui qualifiaient la position de la candidate sur la question « d’archaïque ».

Le gouverneur avait jusqu’à dimanche minuit pour prendre sa décision, et c’est tout logiquement qu’il a fait valoir son droit au véto. Il lui reste maintenant à convaincre le Sénat majoritairement républicain de Virginie du bien-fondé de la proposition qu’il a introduite en échange de son véto, et qui prévoit le secret d’approvisionnement du fameux anesthésiant nécessaire pour l’exécution. Une chose est sûre : la chaise électrique, surnommée « Old Sparky » dans plusieurs Etats américains, n’est pas prête de disparaître.

Nicolas Claise

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