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La rentrée se prépare aussi sur le Web

Ettore Rizza
Ettore Rizza Journaliste au Vif/L'Express

Suivre un prestigieux cours d’Harvard sur les mythes grecs, c’est désormais possible gratuitement tout en restant dans son salon. Merci les MOOC, les cours en ligne ouverts à tous et gratuits.

La rentrée approche dans le supérieur. Tandis que certains étudiants font la file aux guichets d’inscription, cherchent un kot ou règlent leur minerval, d’autres nettoient leur PC et vérifient leur connexion Internet. Ces derniers suivent des MOOC (prononcez « mouk »).

Des « massive open online courses », cours en ligne ouverts et massifs. En ligne, car ils se donnent uniquement sur le Web ; ouverts, car ils sont gratuits en tout ou pour l’essentiel ; massifs, car ils peuvent réunir 100 000 étudiants, voire le double.
Apparus sous leur forme actuelle il y a deux ans à peine, les MOOC sont aux universités virtuelles de première génération ce que Facebook est à un annuaire téléphonique en ligne. D’un côté, un simple podcast ou une vidéo d’un professeur filmé pendant son cours ; de l’autre, de courtes capsules vidéo, des questionnaires, des exercices, des échanges virtuels entre les étudiants et les enseignants, des attestations de réussite qui, sans valoir un diplôme, peuvent garnir un CV…

Encore balbutiant en Europe, le phénomène fait déjà l’objet aux Etats-Unis d’un oligopole. Les plus grandes universités ou sociétés technologiques se sont divisées en trois consortiums dominants : Coursera, edX et Udacity (lire en pages suivantes). Plusieurs établissements francophones ont rejoint l’une de ces plates-formes, comme les facultés polytechniques de Paris et de Lausanne. En Belgique, seule l’UCL s’apprête à franchir le pas. Quatre cours débuteront en février, dont deux en français et un sur les « international human rights » donné par Olivier De Schutter, rapporteur spécial aux Nations unies pour le droit à l’alimentation.
Des trois grands MOOC américains, Louvain-la-Neuve a choisi edX, le plus sélectif. En partie parce que le porteur du projet louvaniste, le polytechnicien Vincent Blondel, donne également cours au Massachusetts Institute of Technology (MIT), fondateur d’edX avec Harvard. Mais surtout parce que cette plate-forme est la seule qui se déclare sans but lucratif.

Ce qui ne signifie pas qu’elle restera gratuite de A à Z. Le contrat conclu avec l’UCL stipule que la délivrance d’une certification, elle, pourrait un jour donner lieu au paiement d’une trentaine ou d’une quarantaine de dollars. Mais ce n’est pas encore le cas et ce ne le sera pas pour l’UCL. « Ces plates-formes doivent encore trouver leur business modèle, analyse Vincent Blondel. Peut-être en mettant leurs cours à disposition d’autres universités, contre rémunération. »

Les quatre projets lancés, sélectionnés parmi vingt candidats, bénéficient chacun d’un assistant, auxquels s’ajoute une coordinatrice spécialisée en pédagogie et multimédia. Pour l’heure, il s’agit d’un investissement sans retour immédiat, si ce n’est de la visibilité et la satisfaction de propager le savoir.
D’autres formations suivront peut-être selon les résultats de l’expérience, notamment le succès des cours francophones en Afrique du Nord. Même si l’objectif, pour l’UCL comme pour les autres universités, n’est pas de fournir l’ensemble de leurs catalogues en version MOOC. La palette de cours disponibles sur les diverses plates-formes est toutefois assez vaste pour satisfaire bien des appétits de connaissances, surtout chez les anglophones. A condition souvent de s’inscrire à temps.

Par Ettore Rizza

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