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L’Europe entame de nouvelles négociations avec la Turquie

Stagiaire Le Vif

Après un important rapprochement entre Bruxelles et Ankara en mars dernier, l’Union européenne (UE) et la Turquie sont sur le point d’ouvrir un nouveau chapitre aux négociations d’adhésion.

Le 30 juin, le chapitre 33 des négociations d’adhésion de la Turquie s’ouvrira au cours de la présidence néerlandaise. Selon l’AFP, les négociations en vue d’une adhésion de la Turquie à l’UE porteront essentiellement sur les questions financières et budgétaires. En décembre 2015, les 28 pays de l’UE et la Turquie avaient déjà engagé des négociations sur le chapitre 17 concernant la politique économique et monétaire. Au total 35 chapitres ont été ouverts entre l’UE et la Turquie.

Plusieurs dirigeants européens, notamment la chancelière Angela Merkel et le Premier ministre britannique David Cameron ont cependant annoncé que l’adhésion de la Turquie n’était « pas à l’ordre du jour ».

La question de l’adhésion de la Turquie a toujours été délicate. Sa candidature a été rejetée à de nombreuses reprises compte tenu de graves atteintes aux droits de l’homme dont la Turquie est encore le théâtre. Les libertés fondamentales ne sont pas garanties dans ce pays et la liberté de la presse y est souvent bafouée.

Les négociations sont officiellement en cours depuis 2005. Elles avaient été relancées à l’automne dernier suite au rapprochement entre l’Union européenne et la Turquie pour endiguer l’afflux de centaines de milliers de réfugiés sur le continent européen.

Le très controversé « pacte migratoire »

Afin de remédier à la crise migratoire, l’Union européenne et la Turquie signaient un accord en mars dernier. Celui-ci prévoyait le renvoi systématique en Turquie des « nouveaux migrants irréguliers » qui arriveraient en Grèce. Ils peuvent certes faire une demande d’asile en Grèce, mais la Grèce peut tout à fait refuser, au motif que la Turquie est un « pays sûr » et leur offre des conditions de sécurité équivalentes à celles des réfugiés.

Un autre mécanisme avait également été mis en place, pour chaque Syrien renvoyé en Turquie, un autre Syrien, resté dans les camps de réfugiés à la frontière syrienne, a le droit d’être envoyé directement en Europe. En avril, 325 migrants avaient été renvoyés vers la Turquie contre seulement 103 Syriens installés sur le continent européen.

Un pacte très controversé qui avait suscité de vives réactions et posé de nombreuses questions, tant sur sa légalité que sur son efficacité. En contrepartie, Ankara a obtenu une accélération du processus d’adhésion à l’Union européenne. Même si, Jean-Claude Juncker, président de la Commission, s’est assuré qu’aucune adhésion ne serait possible avant 2020.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a, à de nombreuses reprises, menacé de suspendre l’accord si Bruxelles ne respectait pas l’exemption de visas pour les ressortissants turcs dans l’espace Schengen sous certaines conditions. La Turquie doit répondre à 72 critères au total répartis en 5 volets thématiques : la sécurité des documents, la gestion des migrations, l’ordre public et la sécurité, les droits fondamentaux et la réadmission des migrants irréguliers.

En mai, Frans Timmermans, premier vice-président de la Commission, avait déclaré : « La Turquie a accompli des progrès remarquables, notamment au cours des dernières semaines, en ce qui concerne le respect des critères énoncés dans sa feuille de route sur la libéralisation du régime des visas. La Turquie a encore du travail à accomplir d’urgence, mais si les progrès se poursuivent, elle peut satisfaire aux critères de référence restants. »

Toutefois, la Commission européenne avait également recensé les critères qui restent à remplir, dans des domaines tels que la lutte contre la corruption et la protection des données. Elle avait également réclamé l’assouplissement de la législation antiterroriste turque.

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