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Yémen : le président Saleh sera vite de retour

Le président, hospitalisé en Arabie saoudite, reviendra à Sanaa « dans les prochains jours », a annoncé le régime, douchant les espoirs de l’opposition d’une transition rapide.

L’hospitalisation du président Ali Abdallah Saleh, transféré en Arabie saoudite, avait ouvert le débat sur sa succession au Yémen, où son pouvoir est contesté depuis des mois. Mais le débat risque de se refermer trop vite au goût de l’opposition: le régime yéménite a annoncé qu’il reviendrait à Sanaa « dans les prochains jours ».

Des responsables saoudiens avaient indiqué ce week-end que le président ne regagnerait son pays qu’après une convalescence de 14 jours, ce que « les jeunes de la révolution » avaient interprété comme un départ définitif du chef de l’Etat. Pour prévenir tout retour de Saleh, ils ont appelé à la formation d' »un conseil présidentiel intérimaire » pour diriger le pays.

La Maison-Blanche a affirmé de son côté qu’une « transition immédiate » du pouvoir était « dans le meilleur intérêt » pour les habitants. « Nous voulons une transition (du pouvoir) pacifique et ordonnée », a déclaré le porte-parole du président Barack Obama, Jay Carney.

Saleh « récupère bien »

Mais le vice-président Abed Rabbo Mansour Hadi a semblé vouloir freiner l’enthousiasme des opposants en indiquant que Saleh rentrerait « au pays dans les prochains jours ». Mansour Hadi s’est montré rassurant sur la santé de Saleh, blessé dans le bombardement du palais présidentiel, vendredi en affirmant lui avoir parlé lundi matin et ajoutant qu’il « récupère bien ».

Le Congrès populaire général (CPG, parti au pouvoir), dont Mansour Hadi est le secrétaire général, a condamné la position de certains leaders du Forum commun, alliance de partis d’opposition, estimant qu’ils profitaient de cet évènement douloureux » en le transformant en « victoire politique ».

L’Arabie saoudite a indiqué lundi avoir accueilli Saleh à sa demande, pour des soins, et a déclaré que le royaume ainsi que les autre membres du Conseil de coopération du Golfe (CCG) allaient « continuer à déployer leurs efforts (…) pour parvenir à un règlement pacifique qui mettra un terme aux combats ».

Le médiateur du Golfe, Abdellatif Zayani, a annoncé lui aussi être disposé à relancer sa médiation au Yémen et estimé que « l’initiative du Golfe offre toujours la solution appropriée » à la crise. Le 23 mai, le CCG avait suspendu sa médiation après le refus du président Saleh, au pouvoir depuis 33 ans, de signer l’accord de transition, prévoyant son départ.

Trêve précaire à Sanaa

Sur le terrain, une trêve a été négociée par le vice-président avec le puissant chef tribal des Hached, cheikh Sadek al-Ahmar, sous l’impulsion du roi Abdallah d’Arabie saoudite. Le vice-président a affirmé que la consolidation de la trêve était la « priorité numéro un » et souhaité « la collaboration de tous » pour y parvenir.

La trêve semblait tenir en dépit d’un incident mortel. A la mi-journée, des proches de cheikh Ahmar ont accusé des snipers à la solde du régime d’avoir tué trois des hommes du chef tribal, près de sa résidence dans le nord de la capitale.

Dans la nuit, au moment où se négociait le cessez-le-feu, deux assaillants ont été abattus après avoir attaqué à Sanaa un barrage tenu par les hommes du général dissident Ali Mohsen al-Ahmar et tué trois personnes dont un soldat. L’attaque a eu lieu, selon une source militaire, près de la résidence du vice-président qui assume en principe le pouvoir en l’absence de Saleh.

A Taëz, grande ville du sud-ouest et autre foyer de la contestation, le calme régnait aussi. Les forces de l’ordre se sont retirées et ne gardent que le palais présidentiel, alors que les manifestants ont reconstitué leur sit-in.

Le vif.be, avec L’Express.fr

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