Rue de Sydney © Belga

Working Holiday Visa : l’envers du beau décor

Le Vif

Surf, plages, soleil, kangourous, fiesta… L’Australie fait rêver les jeunes en quête d’aventure et de dépaysement. La solution adéquate pour partir ? Le Working Holiday Visa. « Visa » ? Oui. « Holiday » ? Certainement. « Working » ? Moins sûr ! A l’heure actuelle, les backpackers font les beaux jours des employeurs sans scrupules. Enquête.

Par Fabian Lecomte

Le backpacker, c’est le jeune baroudeur, muni d’un sac à dos dépassant par-dessus la tête, qui voyage à travers l’Australie durant plusieurs mois, allant d’une auberge de jeunesse à une autre. C’est aussi celui qui est muni d’un Working Holiday Visa. Appelé plus communément WHV, ce dernier désigne un visa temporaire permettant aux jeunes de 18 à 30 ans de partir à l’aventure pour visiter un pays, tout en ayant l’opportunité de travailler afin de financer son voyage. Le pied, quoi !

Avec une économie dynamique et un taux de chômage de 5 % seulement, l’Australie offre de nombreuses possibilités d’emplois pour les backpackers. Un véritable Eldorado. Les esprits rêveurs imaginent un fermier qui les attend, pioche à la main, prêt à leur offrir un boulot bien payé sous un soleil radieux. Hélas, non. Depuis quelques années, les étrangers en WHV éprouvent de plus en plus de difficultés à trouver un job. Certains sont alors prêts à tout accepter pour gagner de l’argent. Il en résulte une exploitation abusive de la part des autochtones et l’apparition d’arnaques et de jobs douteux.

Le coût de la vie en Australie est très élevé mais les salaires sont évidemment adaptés. Il est dès lors plus intéressant de gagner de l’argent sur place. Si les prestations à 20 dollars l’heure (14,5 dollars) sont considérées comme honnêtes, celles à moins de 15 dollars l’heure (11 euros) sont par contre à proscrire.

Besoin de retrouver un pote de voyage, d’acheter une voiture d’occasion, de vendre des objets, de trouver un petit job ? Allez sur Gumtree ! Ce site Internet très populaire, existant dans de nombreux pays, permet de poster et de consulter n’importe quel type d’annonce. Mais il suffit de parcourir quelques forums pour découvrir que beaucoup de backpackers sont victimes d’escroqueries. Par exemple, une petite annonce parlant d’un domaine agricole, lequel possède le numéro d’une compagnie en règle. Le post est en outre agrémenté de photos attirantes où l’on aperçoit des jeunes en train de travailler avec le sourire dans un vignoble. L’employeur demande de verser dans l’immédiat une caution dont le montant comporte généralement trois chiffres. Puis, une fois sur place, pas de vignes, pas de job. Juste une vieille dame surprise de découvrir quelqu’un à sa porte…

Les plans malhonnêtes ne fleurissent pas que sur Gumtree. Certaines auberges de jeunesse dénommées « working hostel » tentent également de tirer profit en faisant office d’agent intermédiaire. Si l’on séjourne dans l’établissement, le gérant s’occupe de dénicher un petit boulot dans les environs. Mais aucune garantie, loin de là.

Preuve en est qu’il n’est pas assuré de trouver du travail en Australie, le gouvernement exige que les détenteurs d’un WHV possèdent minimum 5 000 dollars (3 600 euros) sur leur compte en banque afin de pouvoir subvenir à leurs besoins durant quelque temps. Mais pratiquement, cette « obligation » est très rarement contrôlée aux aéroports.

Les boulots de backpackers ont la réputation de manquer de transparence. D’ailleurs, il n’existe généralement pas de contrat de travail. « On ignore complètement le règlement du travail australien. Si on nous dit quelque chose, on ne va pas vérifier. Certains le font et protestent. Mais ceux-là se font virer sur le champ », explique Jonathan, Wallon de 25 ans. Selon lui, ces abus sont le résultat d’une logique économique et sociale : « Dans le monde du travail, le backpacker est moins bien considéré que l’Australien moyen. C’est pourquoi on lui confie les jobs que les jeunes locaux, à la réputation flemmarde, ne veulent pas faire. Bien sûr, il y a des exceptions. Certains parviennent à trouver des jobs de rêve : moniteurs de plongée, hôtesse VIP… Mais il faut un bon bagage en arrivant, quelque chose à valoriser. »

La suite de l’enquête dans Le Vif/L’Express de cette semaine

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