Trump et Erdogan le 11 juillet 2018 à Bruxelles

Washington veut des explications après la menace d’Ankara de fermer des bases stratégiques

Le Vif

Le ministre américain de la Défense Mark Esper veut des explications d’Ankara après les menaces du président turc Recep Tayyip Erdogan de fermer deux bases stratégiques pour l’Otan en Turquie.

Interrogé dimanche par une chaîne de télévision turque progouvernementale sur les menaces de sanctions américaines qui visent la Turquie pour son achat de système de défense russes S400, le président turc a affirmé que la Turquie pourrait fermer « si cela est nécessaire » les bases d’Incirlik et de Kürecik.

Or la base aérienne d’Incirlik, située dans le sud de la Turquie, est utilisée depuis des décennies par l’US Air Force pour assurer l’appui aérien des opérations militaires américaines dans la région et, selon les experts, elle abrite une cinquantaine de têtes nucléaires américaines.

La base de Kürecik, dans le sud-est du pays, accueille une importante station radar de l’Otan. « Il faut que je parle avec mon homologue (turc Hulusi Akar, ndlr) pour comprendre ce qu’ils veulent dire et si c’est vraiment sérieux », a déclaré le chef du Pentagone lundi à la presse.

« Si les Turcs sont sérieux à ce sujet, c’est une nation souveraine et ils ont tout à fait le droit d’accueillir ou non des bases de l’Otan ou des forces étrangères », a souligné M. Esper qui s’exprimait dans l’avion le ramenant de Belgique, où il avait assisté au 75e anniversaire de la bataille des Ardennes. « Mais cela devient alors une question qui concerne toute l’Alliance atlantique, ainsi que leur engagement envers cette alliance, si effectivement ils parlent sérieusement », a ajouté le ministre américain avant de regretter une fois de plus la « direction » prise par Ankara qui paraît s’éloigner de l’Otan pour se rapprocher de la Russie.

Les relations entre les Etats-Unis et la Turquie se sont fortement tendues depuis l’achat par Ankara de systèmes de défense russes S400 malgré l’opposition de Washington qui les considère incompatibles avec l’armement de l’Otan.

Les tensions se sont exacerbées lorsque la Turquie a lancé en octobre, contre la volonté de Washington, une incursion militaire dans le nord-est de la Syrie contre les alliés kurdes des Etats-Unis dans la lutte contre le groupe Etat islamique (EI).

Le Congrès américain vient d’approuver une loi de financement militaire des Etats-Unis pour l’exercice 2020 dans laquelle ils ont introduit l’obligation d’imposer des sanctions économiques à Ankara pour répondre à l’achat des S400 russes.

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