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Visite « historique » d’Angela Merkel à Dachau

Le Vif

La Chancelière Angela Merkel se rend, ce mardi, à Dachau pour visiter l’ancien camp de déportation nazi. C’est la première fois qu’un chef de gouvernement allemand s’y déplace.

Angela Merkel, à Dachau mardi pour une réunion électorale à 33 jours des législatives, sera le premier chef de gouvernement allemand à visiter le camp de concentration de cette petite ville bavaroise.

La chancelière, en piste pour un troisième mandat, est attendue à 16h45 GMT dans ce camp proche de Munich où elle doit tenir un bref discours, déposer une gerbe et visiter ce qui reste des installations. Angela Merkel, 59 ans, sera accompagnée par le président du Comité des anciens prisonniers de Dachau, Max Mannheimer, et par d’autres survivants. Pour ce dernier, âgé de 93 ans, ce voyage de la première dame du gouvernement est un « signe de respect pour les anciens détenus ».

Le précédent Buchenwald Dans son podcast hebdomadaire, samedi, la chancelière a déclaré qu’elle se rendait à Dachau « avec un sentiment de honte et de compassion ». « Ce qui s’est passé dans les camps de concentration est et reste incompréhensible. Nous ne devons jamais nous résoudre à ce que de telles idées (d’extrême droite) aient une place dans notre Europe démocratique », a dit, samedi, la chancelière dans son podcast hebdomadaire. Si cette visite est « historique », dixit Mannheimer, elle n’est pas une première pour Merkel qui a déjà visité l’ancien camp de Buchenwald en compagnie du président des Etats-Unis Barack Obama, en juin 2009.

Après sa visite, Mme Merkel doit prendre la parole lors d’un rassemblement électoral, avant les élections régionales bavaroises du 15 septembre et les élections législatives fédérales une semaine plus tard.

Difficile de capitaliser sur le nazisme Le voyage de Dachau interviendra à deux semaines d’une autre visite historique, celle du président de la République Joachim Gauck à Oradour, village français martyr des nazis. Il sera le premier chef de l’Etat allemand dans ce village où les SS ont massacré la population, 642 personnes.

Ces deux initiatives indiquent un changement du rapport avec le pouvoir allemand et l’histoire du pays. « Néanmoins, quelque chose a changé ces dernières années: apparemment, il n’y a plus de risque (politique) à visiter un camp de concentration nazi en pleine campagne électorale.

Le choix de Merkel est personnel, et il est également un signe du changement de la relation des Allemands à leur histoire, qui devient moins crispée », a expliqué, lundi, Michael Wolffsohn, historien de l’université de l’armée allemande à Munich au quotidien berlinois Tagesspiegel. Ce dernier n’y voit en aucun cas, un acte à but électoral. « Il n’est pas très facile, dans ce pays, de soulever l’enthousiasme avec l’Histoire (allemande), en particulier celle du national socialisme »

41 000 morts à Dachau Les nazis avaient ouvert le camp de Dachau en mars 1933, peu après l’arrivée d’Hitler au pouvoir, pour y interner des prisonniers politiques. Ce fut le premier des camps nazis, et il servit de modèle.

Plus de 200 000 opposants politiques, homosexuels, juifs, handicapés, tziganes voire prisonniers de guerre furent internés à Dachau pendant la Seconde guerre mondiale, dont l’ancien Premier ministre français Léon Blum, qui était juif. Plus de 41 000 d’entre eux y furent tués, ou moururent d’épuisement, de faim ou de maladie avant que le camp soit libéré par les Américains en avril 1945.

Aujourd’hui, ce qui est devenu un mémorial attire quelque 800 000 visiteurs chaque année.

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