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Viols en RDC: arme de guerre et crime impuni

Stagiaire Le Vif

De 2010 à 2013, l’ONU a enregistré plus de 3.600 faits de violence sexuelle en RDC. Les femmes et les enfants sont les premières victimes. Les coupables sont rarement poursuivis.

Dans un rapport publié ce mercredi, l’Organisation des Nations Unies révèle que 3.600 personnes ont été victimes de violences sexuelles en RDC de 2010 à 2013. Ces crimes sont principalement perpétrés dans l’est de la République Démocratique du Congo. Les provinces du Nord-Kivu, Sud-Kivu et Orientale sont les plus touchées.

Les violences touchent les femmes… et les enfants

Les viols répertoriés touchent principalement les femmes, mais aussi les enfants. Les victimes enregistrées étaient âgées de 2 à 80 ans. Dans son rapport, l’ONU indique que parmi les 3.635 victimes répertoriées, 73 % étaient des femmes, soit 2.648 personnes. 25 % étaient des enfants, soit 906 victimes, et 2% étaient des hommes (81 individus).

Le viol comme arme de guerre

En RDC, les groupes armés n’hésitent pas à utiliser le viol comme une arme de guerre. Ils terrorisent les populations locales pour qu’elles ne collaborent pas avec l’armée nationale. Et les viols s’ajoutent parfois à d’autres violations des droits de l’homme.

Certaines violences sexuelles prennent un caractère systématique dans l’est du pays. De nombreux viols y sont commis lorsque les femmes travaillent aux champs, quand elles vont au marché ou encore quand elles vont chercher de l’eau.

Les groupes armés sont responsables de plus de la moitié des viols en RDC. Ils sont surtout commis durant des attaques visant à contrôler des territoires riches en ressources naturelles. Les militaires de l’armée officielle congolaise, les FARDC, sont responsables d’environ un tiers des viols. Le reste des cas sont commis par d’autres agents de l’État.

Les criminels sont rarement poursuivis

Selon l’ONU, le nombre de poursuites judiciaires augmente. Pourtant, les crimes restent souvent impunis. De 2011 à 2013, les juridictions militaires ont condamné 187 individus à des peines de prison allant de 10 mois à 20 ans. Mais les groupes armés, eux, échappent presque toujours à la justice. Seuls quatre des 187 condamnés sont issus de groupes armés, pourtant responsables de la moitié des viols.

Le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Navi Pillay, estime qu’il reste un long chemin à parcourir. « J’appelle le gouvernement à donner la priorité à la lutte contre l’impunité pour les violences sexuelles, à conclure des enquêtes efficaces et indépendantes et à poursuivre les auteurs présumés, y compris ceux suspectés d’avoir une responsabilité de commandement », a-t-il déclaré.

Plusieurs obstacles empêchent encore de poursuivre les responsables de viols. L’ONU pointe les efforts limités de certaines autorités, la corruption du système judiciaire et le manque de moyens dont dispose la justice.

Enfin, beaucoup de victimes ne dénoncent tout simplement pas les coupables. Elles ont peur d’être rejetées par leur communauté ou craignent des représailles. De nombreuses victimes n’ont pas non plus les moyens de payer les frais judiciaires, médicaux et ne peuvent pas se déplacer.

« Il n’y a pas d’excuses pour les violences sexuelles, et l’impunité généralisée crée encore davantage d’injustice. Le gouvernement doit prendre toutes les mesures nécessaires pour faciliter l’accès des victimes de violences sexuelles à la justice et pour garantir leur sécurité », a déclaré le Représentant spécial du Secrétaire général en RDC, Martin Kobler.

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