Vidéo : le militaire français et le journaliste togolais

Une vidéo montre un militaire français se présentant comme conseiller du chef d’état-major togolais s’en prendre avec véhémence à un journaliste de Lomé.

Tout commence par une vidéo relayée sur Internet montrant une altercation entre un colonel français et Agbedivlo Komi, alias Didier Ledoux, reporter du quotidien Liberté – un journal plutôt hostile au président du Togo Faure Gnassingbé.

Les circonstances de l’affaire sont encore peu claires. Selon le journal Liberté, c’est le mardi 10 août que se serait déroulée l’altercation. Alors que le congrès de l’UFC devait se tenir à l’église évangélique presbytérienne de Lomé, les attroupements monstres se seraient soldés par des échauffourées assez longues.

C’est au cours de ces incidents que la voiture de l’officier français aurait été abîmée. Voyant un journaliste prendre des photos, le coopérant aurait alors demandé à celui-ci de les effacer de son appareil numérique. « Tu enlèves ta photo », intime-t-il à plusieurs reprises au photographe. « Tu sais qui je suis? Je suis le conseiller du chef d’Etat major de l’armée de terre. Tu veux que j’appelle le RCGP (Régiment des Commandos de la Garde Présidentielle, ndlr) pour foutre un peu d’ordre là-dedans? Alors, je demande d’enlever les photos. Est-ce que c’est compliqué? » Puis , très énervé, il menace de donner un coup sur l’appareil photo et exige du caméraman présent de cesser de filmer la scène.

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L’incident est diffusé d’abord sur Facebook par plusieurs internautes togolais, dont le journaliste qui filme de la scène. Et l’histoire commence à faire du bruit – notamment sur Twitter. « Je ne fais que reprendre pour amplifier la diffusion car on n’arrive pas à se faire entendre en ce qui concerne la situation politique qui prévaut au Togo », argumente Togo VI , qui a publié la vidéo sur son compte YouTube.

Le Togo est en effet régulièrement accusé de bafouer la liberté de la presse. Depuis la réélection contestée de Gnassingbé en mars dernier face à l’opposant Jean-Pierre Fabre (Union des Forces de Changement, UFC), le Haut commissariat des Nations Unies aux droits de l’Homme (HCDH) surveille le pays.

Jets de pierres Le journal Liberté n’a pas tardé à relayer l’affaire en notant: « Que vient chercher un conseiller spécial du chef d’Etat major de l’armée de terre à une manifestation publique dont la sécurité est en principe assurée par la Police et la Gendarmerie? » Le quotidien précise également qu’il « ne s’est rien passé d’autre » pour son collaborateur.

Ce dernier s’est confié aux Inrockuptibles: « J’étais sur le lieu de la manifestation quand j’ai vu cet officier français faire de grands gestes aux forces de l’ordre, j’ai décidé de le prendre en photo comme j’aurais pris tous les mouvements qui auraient pu sembler particuliers. » Didier Ledoux évoque sa « frustration » à l’idée d’avoir vu « un officier français se comporter exactement comme les forces togolaises avec les journalistes au quotidien ».

Voilà une affaire dont l’armée française se serait bien passée. Mercredi 11 août, l’état-major de l’armée de Terre a officiellement désavoué son officier, coopérant au Togo. « Le ministère de la Défense ne se reconnait absolument pas ni dans les propos ni dans le comportement de cet officier français. La liberté de la presse est une valeur essentielle », a précisé à la rédaction de L’Express.fr un représentant de l’état-major français.

Anne-Laurence Gollion

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