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Vers un accord politique sur la répartition de 160.000 réfugiés

Les ministres européens de l’Intérieur ont trouvé lundi à Bruxelles un accord politique de principe sur la répartition de 160.000 réfugiés entre les pays de l’UE, qui devra être formalisé le mois prochain, a indiqué en soirée le ministre allemand, Thomas de Maizière.

Les ministres européens de l’Intérieur devraient parvenir à un « accord politique » pour accueillir au total 160.000 réfugiés, mais sans entrer dans le détail de leur répartition par quotas, ont indiqué lundi soir les ministres allemand et français.

« Nous avons aujourd’hui atteint, si c’est entériné tout à l’heure, un accord sur la distribution des 160.000 » réfugiés, a indiqué Thomas de Maizière, lors d’une conférence de presse franco-allemande, organisée avant même l’issue de la réunion avec leurs homologues de l’UE, convoquée en urgence à Bruxelles « Nous n’avons pas atteint d’accord sur la fixation des quotas », a en revanche ajouté M. de Maizière, alors que la Commission européenne avait proposé la semaine passée des quotas contraignants, avec un chiffrage par pays, une option vivement rejetée par certains Etats-membres, particulièrement d’Europe de l’est. « Nous allons l’entériner seulement lors de la prochaine réunion le 8 octobre » à Luxembourg, a-t-il précisé lors de cette conférence de presse destinée à montrer que Paris et Berlin sont sur la même ligne dans cette crise migratoire majeure qui frappe l’Europe, avec l’afflux de demandeurs d’asile fuyant les combats dans leur pays d’origine.

Les Etats membres ont confirmé lundi qu’ils allaient se répartir l’accueil de quelque 40.000 personnes (même s’ils n’ont fixé la destination que de quelque 32.000 réfugiés), mais la Commission leur a demandé un effort supplémentaire pour en accueillir 120.000 de plus parmi ceux se trouvant actuellement en Italie, en Grèce et en Hongrie. Les premières relocalisations pourraient avoir lieu « dans les prochaines semaines », selon une porte-parole de la Commission. Les Etats-membres recevront 6.000 euros par personnes « relocalisée ».

C’est « une étape importante, mais bien loin de ce que nous attendons de la solidarité dans l’Union européenne », a souligné le ministre allemand. M. de Maizière et son homologue français Bernard Cazeneuve ont insisté sur la nécessité de mettre en oeuvre des centres d’accueil et d’enregistrement des demandeurs d’asile, les « hotspots », en Italie, en Grèce et en Hongrie, comme condition préalable à cette répartition.

Pour « relever le défi » de l’afflux inédit de réfugiés, a souligné de son côté M. Cazeneuve, il faut « d’abord un dispositif efficace et puissant de contrôle des frontières extérieures ». « Frontex (l’agence européenne chargée de cette tâche) doit monter en puissance et être mandaté par l’UE pour organiser le retour de ceux qui n’ont pas vocation » à être reconnus comme des réfugiés en Europe, comme les migrants économiques. Il faut pour cela une « mise en place des hotspots pour distinguer les réfugiés » de ceux qui ont vocation à être renvoyés vers leurs pays, a insisté M. Cazeneuve. Mais si l’Italie et la Grèce sont d’accord pour la mise en place de ces centres, la Hongrie est encore très réticente.

Paris et Berlin ont mis lundi la pression sur Budapest pour obtenir son accord sur ce point. La répartition solidaire des réfugiés « ne saurait en aucun cas dispenser les Etats des regles de Dublin », a-t-il mis en garde par ailleurs, rappelant la responsabilité qui repose sur les Etats par lesquels les réfugiés entrent dans l’espace Schengen de traiter leur demande d’asile.

Le temps presse

Il était temps, car le temps presse après que l’Autriche et la Slovaquie eurent annoncé lundi le rétablissement des contrôles à leurs frontières, au lendemain d’une décision similaire de l’Allemagne, afin de faire face à l’afflux de migrants et de réfugiés – 10.000 par jour la semaine dernière -, la pire crise du genre que connaît l’Europe depuis 70 ans.

L’ex-Premier ministre belge Guy Verhofstadt, actuel chef du groupe de l’Alliance des libéraux et démocrates pour l’Europe ALDE au Parlement européen, a quant à lui réclamé la convocation « immédiate » d’un sommet des dirigeants européens pour discuter de propositions législatives d’urgence qui pourraient résulter en une « véritable politique européenne en matière d’asile et de migration ». Les Européens doivent avoir une vision « plus large » de la crise migratoire, a-t-il ajouté dans un communiqué.

« Si nous ne trouvons pas de solution, le chaos va s’installer aux frontières, un effet domino sera créé et nous pourrons oublier (l’accord sur la libre-circulation de) Schengen », a encore affirmé lundi le ministre luxembourgeois de l’Immigration et de l’Asile, Jean Asselborn, qui préside la réunion.

Le secrétaire d’Etat belge à l’Asile et à la Migration, Theo Francken, a dit constater que l’effet domino était déjà perceptible après les annonces de Berlin, Vienne et Bratislava.

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