Venezuela : Le modèle chaviste peut-il survivre sans Hugo Chavez ?

Lancée officiellement dimanche 1er juillet, la campagne pour la présidentielle Vénézuélienne du 7 octobre oppose un président Hugo Chavez, affaibli par un cancer, à Henrique Capriles Radonski, le chef d’une coalition  » anti-Chavez « . La lutte s’annonce des plus serrée.

María Fernanda González Binetti, docteur en science politique, lève un coin du voile de cette campagne vénézuélienne.

Hugo Chavez entame la campagne présidentielle, affaibli par un cancer. Sa maladie constitue-t-elle un handicap ?

Le cancer du président émeut les Vénézuéliens. La multiplication d’informations et de spéculations autour de sa maladie n’apporte rien. Ce n’est pas un thème de fond, même si pour certains, cela justifierait qu’il renonce à se présenter.

Le modèle chaviste peut-il survivre sans Hugo Chavez ?

Malade ou non, Hugo Chavez aurait dû passer la main. La santé démocratique du pays passe par une alternance. La constitution du Venezuela accorde beaucoup de libertés et des lois encadrent l’exécutif. Néanmoins, Hugo Chavez a personnifié le pouvoir et il prend beaucoup de décisions seul. Ce n’est pas sûr que ce modèle perdure sans lui.

Hugo Chavez, favori des sondages, reste populaire treize ans après son arrivée au pouvoir. Comment l’expliquez-vous ?

Le président  » bolivarien  » compte avant tout sur le soutien des plus défavorisés, des personnes dites  » pauvres « . Ce sont elles qui ont profité des  » misiones « , ces programmes sociaux qu’il a lancés dans les domaines de la santé, de l’éducation, et aujourd’hui du logement, avec la  » Misión Vivienda « . Grâce à ces aides, le taux de chômage est aujourd’hui inférieur à 7 %. Néanmoins, Hugo Chavez fait face à un problème de fond : la déconnexion entre le peuple et son parti, le PSUV (Parti socialiste unifié du Venezuela). Celui-ci est désorganisé et les gens se sentent mal représentés. Hugo Chavez, s’il est réélu, risque ainsi de perdre la majorité à l’Assemblée nationale lors des élections législatives de décembre 2012.

Que propose l’opposant Henrique Capriles Radonski pour rattraper son retard dans les sondages ?

Capriles Radonski a déjà annoncé qu’il continuerait les  » misiones « . Ces programmes sont essentiels : l’Unesco estime qu’ils ont permis de faire disparaître l’analphabétisme du Venezuela. Il souhaite ensuite lutter contre l’insécurité et la corruption, deux problèmes majeurs qui n’ont pas été résolus sous la présidence d’Hugo Chavez. Grâce à ce discours, il peut compter sur le soutien des intellectuels, du monde économique, des élites politiques et d’une partie de la classe moyenne. Reste à séduire les indécis qui représentent entre un quart et un tiers des électeurs.

Vous publiez une étude comparée des discours d’Hugo Chavez et d’Alvaro Uribe, l’ancien président de la Colombie. Où en sont les relations entre les deux pays ?

Depuis le départ d’Alvaro Uribe, remplacé en 2010 par Juan Manuel Santos, les relations bilatérales se sont renouvelées. A l’époque en Colombie, on soupçonnait Chavez de soutenir la guérilla narcomarxiste des FARC et on l’accusait de tenir un discours trop social, alors que la sécurité était la priorité d’Uribe. Mais on peut aujourd’hui à nouveau parler d’amour entre ces deux pays. Le président Santos a même déclaré :  » Chavez est mon nouveau meilleur ami  » !

Par Esteban Wendling, L’Express

María Fernanda González Binetti, docteur en science politique (université de Paris 3 – Sorbonne Nouvelle), est enseignante à l’Institut des hautes études de l’Amérique latine à Paris, à l’université nationale de Colombie, et auteur de  » Hugo Chávez et Álvaro Uribe ou la force des mots, deux discours pour gouverner  » (L’Harmattan, juin 2012, 186 p., 18,50€).

María Fernanda González Binetti, docteur en science politique (université de Paris 3 – Sorbonne Nouvelle), est enseignante à l’Institut des hautes études de l’Amérique latine à Paris, à l’université nationale de Colombie, et auteur de  » Hugo Chávez et Álvaro Uribe ou la force des mots, deux discours pour gouverner  » (L’Harmattan, juin 2012, 186 p., 18,50€).

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