Trump et Clinton, le 26 avril 2016 en Pennsylvanie © Reuters

USA: Des présidentielles entre candidats mal aimés et électeurs indécis

Le Vif

Qui choisir entre une « sectaire » et un « amateur »? Les mots très durs employés contre Hillary Clinton et Donald Trump témoignent de leur impopularité aux Etats-Unis, source d’indécision pour beaucoup d’électeurs dont la participation à la présidentielle devient encore plus impossible à prédire.

« Ce n’est pas une élection où nous avons de grands choix. Abraham Lincoln n’est pas candidat malheureusement », résume Scott Heskew, de San Antonio, au Texas, sur un forum de discussions où les débats sont nombreux sur la présidentielle et où des hypothèses comme voter pour le candidat de l’autre camp ou s’abstenir sont ouvertement avancées.

Même si la candidate démocrate reste en tête de la majorité des sondages pour l’élection présidentielle de novembre, elle a atteint un record d’impopularité, désormais presque aussi détestée que le candidat républicain par les électeurs américains, selon un récent sondage Washington Post-ABC News.

Matthew Heminger, informaticien de la côte Ouest, déplore devoir choisir « entre une sectaire dangereuse et misogyne et un politicien amateur autosuffisant et rentier à vie qui ment ». « C’est une réaction à notre frustration face à l’incapacité des hommes politiques à Washington à faire des choses qui soient réellement bénéfiques aux Américains de la classe moyenne », affirme Joyce Frankel, qui travaille dans le marketing à Kansas City (Missouri, centre).

Républicain, il votera Clinton

Mais cette détestation peut aussi « être un facteur de motivation pour voter contre un candidat », nuance Michael McDonald, expert de la participation à l’université de Floride.

Il prévoit par exemple une participation plus élevée qu’aux précédentes présidentielles chez les Hispaniques, qui pourraient voter contre les propositions anti-immigrés de Trump.

Difficile de prévoir car « nous n’avons jamais eu de tels candidats » pour la Maison Blanche, ajoute l’expert.

A l’élection sénatoriale de 2010 dans le Delaware (est), rappelle-t-il, les électeurs y compris républicains se sont largement mobilisés pour voter contre la représentante du très conservateur Tea Party Christine O’Donnell.

John Geare, de Charlottesville en Virginie, est républicain mais avoue sur Quora qu’il votera Clinton parce que Trump président « c’est sans doute pire que ce qui pourrait arriver si Hillary est élue ».

Pour l’analyste des sondages Drew Linzer aussi, il est « très difficile » d’envisager l’impact de la participation. Mais il ne serait « pas surpris » si elle était inférieure à 2012 et 2008, car « les électeurs ne sont pas contents des choix proposés ».

Et, selon lui, les électeurs restent très indécis. « En 2008 et 2012, le nombre de gens disant qu’ils allaient voter pour quelqu’un d’autre (que leur candidat) ou qu’ils étaient indécis diminuait avec le temps. Cette année, ce chiffre est en hausse ».

Electeurs démocrates pas fiables

Dans le seul Wisconsin (nord) –un Etat clé–, en 2012 à la même époque, seuls 5% des électeurs n’étaient pas fixés. Cette année, 19% des électeurs inscrits affirment qu’ils ne voteront ni pour Trump ni pour Clinton, selon la Marquette University.

Détestés comme jamais, les deux candidats ont néanmoins chacun remporté la primaire de leur parti, où la participation a été moins élevée que celle, record, de 2008 mais supérieure à celle des primaires de 2012, selon l’institut Pew.

Chez les républicains, où Trump s’était vanté pendant les primaires d’avoir déplacé beaucoup de nouveaux votants d’un électorat blanc populaire, « la question est de savoir si les diplômés, qui aiment moins Trump que les précédents candidats, vont aller voter », note Kyle Kondik, rédacteur en chef de la lettre spécialisée Sabato’s Crystal Ball.

Mais même s’ils ne votent pas Trump, le parti républicain a besoin qu’ils aillent aux urnes, ne serait-ce que pour élire leurs représentants au Congrès, actuellement dominé par les républicains.

Outre la présidentielle, les Américains renouvellent le même jour un tiers du Sénat et toute la Chambre des représentants.

Le camp démocrate a besoin d’une forte participation car son électorat, plus jeune et plus varié, est moins fiable pour aller aux urnes, selon M. Kondik.

Reste aussi à savoir si les Américains, au lieu de s’abstenir, reporteront leur voix sur la candidate des Verts, Jill Stein, ou le libertarien Gary Johnson.

Le taux de participation aux Etats-Unis est l’un des plus faibles de l’OCDE. Le pays occupe la 31e place sur 35, avec 53,6% de votants, selon Pew.

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