© Reuters

Une mauvaise habitude de Trump a permis aux Chinois de l’espionner

Muriel Lefevre

Quand Trump papotait au téléphone avec ses amis, les Chinois tendaient leur oreille la plus indiscrète. Une véritable mine d’informations qui aura permis d’établir des stratégies d’influence sur le président américain et son entourage et ainsi servir au mieux les intérêts économiques chinois, dit The New York Times.

Le New York Times vient de publier une enquête sur les failles du dispositif de sécurité autour du président américain. Il en ressort que les conversations téléphoniques privées du président sont régulièrement espionnées par les Chinois. Celui-ci aimant particulièrement discuter de ses choix de manière informelle et individuelle, cette source s’est révélée être une véritable mine d’or pour décrypter certaines décisions qui semblaient, de prime abord, impulsives ou imprévisibles. L’écoute de ces conversations aurait aussi permis de mieux cerner la façon dont « il pense, mais aussi les arguments qui l’influencent et retiennent son attention » selon le New York Times. Plus subtil, cela les a aussi aidé à établir une liste de personnes qu’il serait judicieux de chercher à influencer.

Une très mauvaise habitude

Trump dispose de trois appareils téléphoniques selon le New York Times. Il en a deux officiels qui sont configurés, bridés et avec une capacité très limitée (l’un est destiné à tweeter et à télécharger des applications, l’autre à passer des appels). Il a aussi un troisième iPhone, privé celui-là, dans lequel il peut, contrairement aux deux autres, stocker ses contacts. Contre l’avis de ses assistants, il utiliserait ce dernier sans parcimonie. Le fait que la Chine ait pu tendre ses oreilles indiscrètes doit donc beaucoup à une certaine paresse de la part du président.

Utiliser un simple téléphone est toujours dangereux. La seule solution, si on souhaite qu’une conversation reste réellement privée, est de la crypter de bout en bout. C’est un peu similaire à ce que fait WhatsApp. Pour cela, il faut des téléphones spécifiques dont on est certain de la provenance et qui cadenassent tout le trafic. On oublie donc l’idée d’installer Candycrush, mais ils offrent une sécurité maximale. En Belgique aussi, le Premier ministre Michel utilise un téléphone spécialement sécurisé.

« L’appareil en lui-même n’a probablement pas été hacké », dit un expert dans De Morgen, « ce type d’appareil n’étant pas si simple à pirater et les logiciels malveillants y peuvent rapidement être détectés ». Il est par contre plus que probable qu’on ait utilisé ce qu’on appelle du wire taping. Par la magie d’un intercepteur d’IMSI (IMSI-catcher), un appareil de surveillance utilisé pour intercepter le trafic des communications mobiles, il est possible de récupérer des informations à distance. Pour cela, l’intercepteur simule une fausse antenne-relais en s’intercalant entre le réseau de l’opérateur de téléphonie et le matériel surveillé. Le téléphone, n’ayant aucun moyen de le savoir, accepte alors ce signal comme un réseau fiable.

Une mauvaise habitude de Trump a permis aux Chinois de l'espionner
© Reuters

Il existe encore un autre moyen d’écouter à distance les conversations d’un GSM, si sécurisé soit-il, par exemple en pénétrant dans les infrastructures physiques, celles qui passent sous la terre et même sous les océans, qui servent à transmettre les informations. La difficulté est ici de « retrouver » les conversations de Trump dans cette énorme quantité de données. Si la tâche est ardue, pour ne pas dire franchement ingrate, elle est néanmoins possible.

La Chine s’est, pour l’instant, contentée de réagir avec amusement en conseillant de remplacer l’iPhone par un Huawei.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire