Theresa May © REUTERS

« Une large victoire électorale rendra May moins dépendante des défenseurs d’un Brexit pur et dur »

Pour parler sérieusement du Brexit, il faudra que la Première ministre britannique Theresa May obtienne une majorité large au parlement.

Les négociations en vue de la sortie britannique de l’Union européenne semblent mal parties. Les relations entre les futurs interlocuteurs sont tendues. Après une visite au 10 Downing Street, le président de la Commission européenne a déclaré que pour lui, la Première ministre Theresa May vit sur une autre planète. Ce coup de gueule lui a valu la colère de l’intéressée qui accuse les politiques européens de tenter d’influencer l’électeur britannique qui élira une nouvelle Chambre des communes le 8 juin prochain.

La semaine dernière, John Kerr, un ancien ambassadeur britannique de l’UE, a accusé May de vouloir faire du « cherry picking » : elle ne souhaite prendre que le meilleur dans le plat européen et laisser le reste de côté. Les 27 états membres restants sont d’accord que les entretiens sur le Brexit doivent être bien avancés avant d’aborder le sujet de la future relation entre Londres et l’Union. Ils sont également d’avis que les Britanniques, tant qu’ils sont membres de l’UE, doivent payer leur part de la facture européenne. Le montant estimé oscille entre 60 et 100 milliards d’euros. Pour couronner le tout, l’Union suggère aussi qu’après le Brexit et une éventuelle réunification avec la République d’Irlande, l’Irlande du Nord rejoigne l’UE sans transition.

Entre-temps, May tire profit de la guéguerre. Depuis son accession au poste de Première ministre, elle a commis peu d’erreurs. Après son entrée en fonctions, elle a déclaré qu’on ne reviendrait pas sur le référendum : le Brexit, c’est le Brexit. Il y a quelques semaines, elle a décidé inopinément d’organiser des élections que son Parti conservateur remportera très facilement. Avant le véritable début des négociations à Bruxelles, May souhaite une majorité aussi large que possible au parlement. Cela la rendra moins dépendante des défenseurs d’un Brexit pur et dur qui n’accepteront aucun compromis de la part de Bruxelles. Elle adoptera un ton plus conciliant qu’aujourd’hui, car elle disposera de davantage de liberté de parole et aura peut-être l’occasion de négocier un atterrissage plus doux.

Aujourd’hui, Theresa May est en mode campagne. Les élections locales de la semaine dernière ont démontré que son ton dur fonctionne. Comme Londres ne compte pas de défenseurs de la cause européenne capables de jouer un rôle significatif après le 8 juin, il vaut mieux pour l’Union que May soit assez forte pour ne pas regarder continuellement derrière elle lors des négociations à propos du Brexit. Sa position est d’ailleurs moins solide qu’elle ne laisse entendre à l’heure actuelle. Cependant, ses véritables intentions ne seront claires qu’après les élections.

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