Gérald Papy

Une chance pour l’Europe

Gérald Papy Rédacteur en chef adjoint

Nouvelle commission, nouveau président du Conseil, Parlement renouvelé : l’Union européenne va-t-elle bénéficier d’un nouvel élan ? Chaque changement amène son espoir de progrès.

Le trio Ursula von der Leyen (première présidente de la Commission européenne, démocrate-chrétienne) – Charles Michel (président du Conseil, libéral) – David Sassoli (président du Parlement, social-démocrate) a quelques atouts à faire valoir. Mais l’Europe est aussi et surtout ce que les chefs d’Etat et de gouvernement veulent en faire.

La récente polémique entre Angela Merkel et Emmanuel Macron sur l’Otan décrétée en  » mort cérébrale  » par le second démontre, s’il le fallait encore, que le couple franco-allemand, moteur de l’Union, n’est pas au summum de sa puissance. Les campagnes électorales qui se profilent (législatives en Allemagne en septembre 2021 pour désigner le (la) successeur (e) de la chancelière, et présidentielle dans l’Hexagone en avril 2022 pour dire stop ou encore à Macron) ne contribueront pas à le booster. Et pas davantage la fracture entre un  » camp progressiste  » et un  » camp souverainiste  » que la montée des populistes de la Pologne à l’Italie et l’obsession maladroite du président français ont installée comme étalon du débat européen.

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A ces éléments de contexte handicapants, la Commission européenne peut en opposer d’autres plus engageants. A ce stade, et même si la conjoncture dans ces deux domaines reste précaire, des répliques à la crise de la dette publique et à celle des migrants (par extinction du conflit en Syrie) semblent pouvoir être évitées à court terme. Et sauf victoire inattendue du Labour de Jeremy Corbyn lors des élections législatives du 12 décembre au Royaume-Uni, l’équipe d’Ursula von der Leyen pourra tourner la page du Brexit le 31 janvier 2020 (mais pas celle, a priori moins houleuse, des négociations sur la relation future entre les deux entités). Elle devrait donc pouvoir se consacrer pleinement aux causes qui ont engendré cette déchirure et l’attraction pour les populistes dans une partie de l’Union.

La présidente de la Commission est armée pour relever ce défi. Les fonctions ministérielles qu’elle a assumées en Allemagne (Défense, Travail, Affaires sociales…) l’ont en effet mieux préparée à développer une  » économie au service des citoyens « , une des trois priorités de la Commission, que ses prédécesseurs Jean-Claude Juncker et José Manuel Barroso, plus préoccupés par l’optimisation fiscale ou financière. Elle bénéficiera aussi du précieux concours de ses expérimentés vice-présidents exécutifs Margrethe Vestager et Frans Timmermans pour engranger des avancées sur les dossiers du numérique et du climat. L’entente qu’elle a affichée jusqu’à présent avec le président du Conseil Charles Michel, tenté sans doute par un rôle plus politique que celui de  » bureaucrate en chef  » auquel son prédécesseur Donald Tusk a regretté d’avoir été assigné, devrait finir de la mettre dans une position de force.

Jean-Claude Juncker avait prévenu pompeusement que sa Commission serait celle de  » la dernière chance « . Les élections européennes du 26 mai 2019 ne se sont pas transformées en Grand Soir pour les eurosceptiques. Mais il est difficile d’en attribuer le bénéfice à l’action de sa Commission. Ursula von der Leyen a cinq ans pour redonner l’envie d’Europe, sous peine cette fois de voir Marine Le Pen, Matteo Salvini et Viktor Orban avoir le champ libre pour démanteler l’Union.

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