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Un soldat nord-coréen blessé par six balles dans sa fuite vers le Sud

Le Vif

Dans sa fuite éperdue, le soldat nord-coréen qui a fait défection lundi en traversant la frontière dans le secteur de Panmunjom a été la cible d’une quarantaine de tirs nord-coréens, dont six l’ont blessé.

Le Commandement des Nations unies en Corée (UNC), qui surveille le village frontalier de Panmunjom, a relaté mardi les circonstances de cette rare défection, expliquant que le militaire était arrivé à bord d’un véhicule à proximité de la démarcation fortement gardée entre les deux Corée.

« Il est sorti du véhicule et a fui au Sud en traversant la ligne alors que d’autres soldats lui tiraient dessus depuis la Corée du Nord », a précisé l’UNC dans un communiqué.

Après avoir traversé la frontière, il est allé s’abriter près d’un bâtiment du côté Sud.

L’état-major interarmes sud-coréen a précisé que le soldat nord-coréen avait été retrouvé dans un tas de feuilles mortes et récupéré par trois militaires sud-coréens qui s’étaient portés à son secours en rampant.

Un responsable de l’état-major sud-coréen a indiqué que les militaires nord-coréens avaient tiré au moins 40 balles.

Un médecin ayant examiné le déserteur, héliporté jusqu’à un hôpital, a précisé qu’il avait été grièvement touché à l’estomac.

« Il présente au moins six blessures par balle et la blessure à l’abdomen est la plus grave », a dit le docteur Lee Cook-Jong aux journalistes.

« Ses organes sont extrêmement touchés. Nous ne savons pas combien de temps il tiendra », a-t-il ajouté, qualifiant l’état du soldat de « très grave ».

Il est très rare que des militaires nord-coréens passent au Sud par la « zone commune de sécurité » (JSA) à Panmunjom, seul secteur de la Zone démilitarisée où les deux armées rivales se font face.

Pas d’autre blessé

Ce lieu est une attraction touristique majeure pour les étrangers visitant la Corée du Sud. Mais les visites guidées n’ont pas lieu le lundi et aucun touriste n’était présent au moment de la défection.

Le fait que le militaire soit arrivé en voiture laisse penser qu’il n’était probablement pas un membre de la force d’élite nord-coréenne postée à Panmunjom, sélectionnée avec soin pour sa loyauté envers le régime.

Cette défection intervient à un moment particulièrement tendu sur la péninsule, en raison de la poursuite des programmes nucléaire et balistique de la Corée du Nord.

L’armée sud-coréenne a précisé qu’il n’y avait eu aucun échange de coups de feu entre le Nord et le Sud à l’occasion de cette défection, survenue en plein jour vers 16H00. L’UNC a précisé qu’aucun militaire sud-coréen ou américain n’avait été blessé.

C’est à proximité que fut signé le cessez-le-feu de la guerre de Corée (1950-53). La JSA a depuis lors été maintes fois utilisée pour les négociations intercoréennes. Contrairement au reste de la DMZ, le secteur n’est pas militarisé, et matérialisé seulement par une marque de béton.

Les défections de militaires ne sont pas rares au travers de la DMZ qui, contrairement à ce qu’indique son nom, est une des frontières les plus militarisées au monde.

En juin, deux soldats nord-coréens avaient fait défection à une dizaine de jours d’intervalle en traversant la DMZ, bande démilitarisée de deux km de large de chaque côté de la frontière proprement dite.

En 1984, Vasily Yakovlevich Matuzok -un brillant étudiant moscovite qui suivait une formation pour devenir un diplomate soviétique- avait sprinté du Nord au Sud à Panmunjom, ce qui avait entraîné une fusillade de 30 minutes qui avait fait quatre morts.

En visite à Panmunjom, l’étudiant avait demandé à un ami de le prendre en photo, s’était rapproché de la ligne de démarcation avant de faire brusquement volte-face et de se lancer dans une course folle vers le Sud.

Cet épisode reste à ce jour la fusillade la plus meurtrière dans la JSA.

En 1967, une autre fusillade avait eu lieu quand un journaliste de l’agence nord-coréenne KCNA était passé au Sud alors qu’il couvrait des discussions militaires en cours à Panmunjom.

Plus de 30.000 Nord-Coréens ont fui leur pays, mais il est très rare que les civils traversent la frontière entre les deux Corée, lourdement sécurisée par des barbelés et des champs de mines. Ils préfèrent habituellement emprunter la frontière avec la Chine, plus poreuse.

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