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Un ramadan écologique, sportif et sans sucre, c’est possible

Le Vif

Covoiturage de la mosquée au domicile après la prière du soir, repas de rupture du jeûne sans sucre après une séance de sport: en France, des initiatives bousculent les traditions du ramadan, le mois sacré musulman.

« Le vivre-ensemble par le conduire ensemble »: le 10 juin, quatre jours après le début du ramadan, Frédéric Sarkis, l’un des trois cofondateurs de « Microstop », profite d’un court moment avant le grand prêche du vendredi pour présenter son application aux fidèles de la mosquée de Gennevilliers (Hauts-de-Seine).

« Notre religion nous incite à ne pas semer le désordre dans notre planète », réagit Ahmed Lemhajeb, de l’association « Ennour » rattachée à la mosquée, site pilote de « l’appli » pour smartphone créée par trois voisins liés par l’écologie et les nouvelles technologies.

L’argument écologique, mais aussi pratique, porte. Au ramadan, « on a l’équivalent de 30 vendredis en un mois », explique le président de l’association Mohamed Benali: la mosquée peut contenir jusqu’à 5.000 fidèles qui, pour beaucoup, « viennent de très loin ».

Le parking ne compte que 60 places, et la prière du soir se finit après minuit quand les métros finissent de circuler.

Mohamed habite Levallois-Perret, mais il fréquente la mosquée de Gennevilliers. Avec le temps d’attente pour le bus de nuit, c’est « un peu compliqué pour le retour », souligne-t-il.

Il a expérimenté une fois le covoiturage depuis la mosquée, dont la pratique est encore balbutiante. Et plébiscite le côté social: « si ce type d’expérience peut se généraliser, ça peut créer des liens dans la communauté ». M. Lemhajeb approuve: il prévoit de présenter l’initiative à des membres du Conseil français du culte musulman (CFCM).

Sport et lait de coco

Sylvie Eberenna a un autre usage de son smartphone. A peine a-t-elle mis en ligne une vidéo sur sa page Facebook qu’elle enfile sa tenue de sport rose et noire pour s’adonner à sa séance d’entraînement quotidienne. Devant son téléphone posé sur un tabouret, elle tourne son prochain « Ramadan challenge ».

Coach sportive de confession musulmane et mère célibataire de quatre enfants, la jeune femme anime depuis 2012 des blogs et pages Facebook sur le sport et la nutrition.

Pendant le ramadan, c’est le blog « Fit Sister » qui l’occupe plus particulièrement. Suivi par 20.000 followers, « Fit Sister » s’adresse aux femmes musulmanes – mais pas exclusivement – et conseille une activité sportive régulière et la transition vers un régime sans sucre, pauvre en glucides et en mauvaises graisses.

Oubliés donc les makrouds ou cornes de gazelle: « on les garde pour l’Aïd », la fête qui clôt le ramadan, plaisante Sylvie. A la place: noix de coco, amandes et chocolat noir.

Durant le ramadan, « les gens ont peur de manquer, et vont manger beaucoup, et de mauvais aliments », déplore la coach qui prône plutôt « un repas pas forcément important en quantité mais dense sur le plan nutritionnel ».

Dans le concept « Fit Sister », quelques hommes ont été conquis. Sportif, féru de boxe, Ali s’est lancé dans l’aventure « cétogène »: un régime « qui n’interdit » pas, excepté le sucre et certains féculents.

Pour son iftar (repas de rupture du jeûne) avec deux amis, il tente de convaincre des préceptes de Sylvie: curry de poulet aux légumes verts cuisiné avec du lait de coco, « un condiment privilégié puisqu’il contient de bonnes graisses ». En dessert, un cheesecake sans sucre, mais dont la compotée de fruits rouges apporte sa dose de sucre naturel.

Un vrai changement pour ce restaurateur habitué à voir défiler burgers et desserts ultra-sucrés. Mais « le jeûne est beaucoup plus facile, je n’ai plus la sensation de fringale ou les maux de tête au réveil ».

Passé 22H00, une radio musulmane donne le signal de l’iftar. Son ami Zain a déjà sorti la baguette, impensable pour Ali qui l’a bannie de son alimentation.

Le repas déconcerte. Seules les dattes – « faibles en calories et riches en minéraux », selon Sylvie Eberenna, ont été épargnées: la tradition a aussi du bon.

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