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Un pape épuisé pour sa dernière grande messe fustige l »hypocrisie religieuse »

Le Vif

Le pape Benoît XVI, très ému et fatigué, a fait deux apparitions publiques mercredi au Vatican, les premières depuis l’annonce de sa démission, fustigeant les divisions de l’Eglise et appelant à prier pour son successeur.

Lors de sa dernière messe dans la basilique Saint-Pierre, à l’occasion du Mercredi des cendres, début du Carême, le pape allemand, âgé de 85 ans, a déploré que « le visage de l’Eglise (soit) parfois défiguré ». « Je pense notamment aux coups portés à l’unité de l’Eglise, aux divisions du corps ecclésial », a-t-il dit en présence de nombreux cardinaux.

La cérémonie était retransmise sur des écrans géants sur la place Saint-Pierre, devant lesquels quelques centaines personnes s’étaient rassemblées dans le froid. Beaucoup de cardinaux et évêques avaient les larmes aux yeux à la fin de la cérémonie.

« La tristesse voile mon coeur », a déclaré le secrétaire d’Etat Tarcisio Bertone, en lisant un message adressé au pape au nom de tous les cardinaux. Il l’a remercié d' »avoir donné un exemple lumineux de simple et humble travailleur dans la vigne du Seigneur ».

Très ému, le cardinal Bertone a retiré sa barette (calotte rouge) et embrassé les mains du pape, déclenchant une longue ovation de l’assistance à laquelle le pape allemand, peu enclin aux effusions, a mis fin par quelques mots : « Retournons à la prière ».

Benoît XVI, qui a annoncé sa démission pour le 28 février, avait auparavant fustigé dans son homélie « l’hypocrisie religieuse » et « les attitudes qui recherchent les applaudissements et l’approbation ». « La qualité et la vérité du rapport avec Dieu est ce qui certifie l’authenticité de tout geste religieux », a-t-il averti.

Vêtu d’un chasuble violette, le pape semblait fatigué et amaigri, quand il est entré sur une estrade roulante dans la basilique Saint-Pierre, alors que les cardinaux et évêques chantaient « Ora pro Nobis » (« Priez pour nous »).

Le matin, dans la grande salle Paul VI comble à l’occasion de l’audience hebdomadaire, le pape a invité le milliard de catholiques à prier pour « lui, l’Eglise et le futur pape » qui sera élu lors d’un prochain conclave, prévu « pas avant le 15 mars », selon le Vatican.

Sans modifier d’un pouce un rituel immuable et solennel, il a montré à plusieurs signes, notamment un air profondément pensif, assis dans son fauteuil blanc, que ce n’était pas une audience comme les autres.

La foule l’a interrompu à plusieurs reprises, en scandant « Benedetto, Benedetto » (son nom en italien) et longuement applaudi, quand il a répété avoir décidé de « renoncer (à sa fonction) en pleine liberté pour le bien de l’Eglise », estimant n’avoir « plus la force requise ».

« Merci pour votre sympathie (…) pour l’amour et la prière qui m’ont accompagnés en ces jours pas faciles. J’ai senti quasi physiquement la force de cette prière », a-t-il dit.

Il a encore une fois dénoncé l’avortement, l’euthanasie et la crise du mariage traditionnel, « épreuves qui touchent la vie personnelle et sociale » du chrétien.

Pendant ce temps, les spéculations continuaient sur les « papabili » au futur conclave qui se tiendra avant Pâques et qui pourrait commencer le 15, le 16, le 17 ou le 18 février. « Un pape africain ? Que la volonté de Dieu soit faite. L’Eglise a des fidèles partout », a commenté sobrement l’un d’eux, le cardinal ghanéen, Peter Turkson, dans un journal italien.

Et le geste historique de Joseph Ratzinger continue d’étonner. Selon les médias italiens, le cardinal Bertone et le secrétaire particulier du pape, Georg Gänswein, ont été informés de sa décision il y a seulement quinze jours.

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