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Un navire de croisière s’échoue en Italie: suspension des recherches, arrestation du commandant

L’échouement sur un rocher d’un navire de croisière près d’une île de la Toscane, en Italie, a fait trois morts et 14 blessés. Les autorités ont suspendu les recherches de disparus, chiffrés à environ 40, tandis que la justice a arrêté le commandant notamment pour abandon du navire.

Six Belges étaient à bord du paquebot. Ils sont tous indemnes, a indiqué le SPF Affaires étrangères.

« Il y a 3 morts certifiés », a indiqué le préfet de cette ville, en expliquant l’annonce dans les heures précédentes de bilans plus lourds –certains médias ayant parlé de six ou huit morts– par les difficultés dans l’organisation des secours.

Interrogé par la chaîne de télévision Sky TG24 sur d’éventuels disparus, le préfet a indiqué que « malheureusement ce n’est pas possible de les quantifier, nous saurons avec certitude s’il y en a et combien ils sont quand nous aurons fini d’inspecter le bateau ».

« On ne peut pas exclure à ce stade qu’il y ait des disparus, on attend le résultat de l’intervention des plongeurs pour vérifier si quelqu’un est resté (bloqué) dans la partie immergée », a expliqué le préfet.

Selon lui, « comme il y a eu un grand mouvement de panique et que certaines personnes se sont jetées à la mer, il se peut que certaines n’aient pas pu être secourues ».

La compagnie Costa Crosières a mis en place un numéro vert : 0039/848 50 50 50.

Environ 40 personnes manquent encore à l’appel

Une quarantaine de personnes figurant sur les listes des occupants du navire n’ont pas encore été retrouvées.

La différence entre les personnes identifiées à terre et les chiffres des passagers et de l’équipage embarqué s’est établi à environ 40 personnes mais on ne peut pas encore parler de disparus car ils pourraient « ne pas s’être enregistrés » à leur arrivée à terre, a indiqué la capitainerie.

Le préfet a parlé pour sa part de « 41 personnes dont il faut retrouver la trace ». « Les vérifications se poursuivent, c’est un travail assez long qui continuera cette nuit », a-t-il dit.

« Sur les 4.232 personnes à bord, 4.191 ont été retrouvées jusqu’à présent », a indiqué M. Linardi.

Arrestation du commandant

Le commandant, Francesco Schettino, ainsi que le premier officier Ciro Ambrosio sont accusés d’homicide multiple, naufrage et abandon du navire.

Le commandant « s’est approché de manière très maladroite de l’île du Giglio, a heurté un rocher qui s’est encastré dans son flanc gauche, faisant s’incliner (le navire) et embarquer énormément d’eau dans l’espace de deux, trois minutes », a indiqué le procureur de Grosseto Francesco Verusio à la presse.

M. Schettino s’était auparavant défendu en affirmant avoir « heurté un éperon rocheux » qui ne figurait pas sur les cartes nautiques, une hypothèse exclue par les garde-côtes.

Le bilan comprend aussi 42 blessés, dont deux dans un état grave, une femme souffrant d’un traumatisme crânien et un homme pour un traumatisme à la colonne vertébrale. Selon des sources sanitaires, la plupart ont eu des membres, mains, bras ou jambes cassés et souffrent d’hypothermie, signe qu’ils se sont jetés dans l’eau glacée.

Ennio Aquilino, commandant des pompiers de Grossetto, a indiqué à l’AFP que ses hommes avaient « sorti 100 personnes de l’eau et sauvé environ 60 autres qui étaient piégées sur le bateau ». Toute la journée, des sauveteurs et des plongeurs ont inspecté les parties émergées et immergées du navire, couché sur le flanc avec une brèche énorme de 70 à 100 mètres, incliné à 80 degrés, et à moitié sous l’eau, à la recherche d’éventuels survivants. Les « boîtes noires » du navire (enregistrement des conversations) ont été récupérées et saisies par la justice.

Luca Cari, un porte-parole des pompiers a dit à l’AFP sa crainte que le navire « échoué sur les rochers » ne glisse vers le large, où il pourrait couler par 100 mètres de fond. Le préfet a aussi parlé d’un risque de pollution puisqu’il y a 2.380 tonnes de gazole dans les réservoirs du navire, un danger relativisé par un responsable du ministère de l’Environnement auprès de l’AFP: « c’est un navire neuf, à double fond, tout est bien scellé ».

Les plus de 4.200 rescapés ont été transférés du Giglio vers le port de Santo Stefano puis ensuite rapatriés chez eux en Italie, à l’étranger ou répartis dans les hôtels de la région.

4.229 personnes à bord

Le Costa Concordia, parti de Civitavecchia vers 18H00 GMT samedi, transportait 4.229 personnes dont plus de 3.000 touristes, en particulier 989 Italiens, 569 Allemands, 462 Français, 177 Espagnols, 129 Américains. Selon les Affaires étrangères, il y avait également 6 passagers belges. Selon un communiqué de Costa Crociere, le paquebot effectuait une croisière en Méditerranée au départ de Savone « avec des escales prévues à Civitavecchia, Palerme, Cagliari, Palma de Majorque, Barcelone et Marseille ».

Le Concordia était considéré comme un véritable « temple du divertissement » avec ses 58 suites avec balcons, cinq restaurants, 13 bars, cinq jacuzzis et quatre piscines.

Les passagers étaient en train de dîner ou pour certains déjà au lit, au moment de l’accident. Au départ le commandant s’est voulu rassurant annonçant une panne électrique. « Vers 21H45 (20H45 GMT), il y a eu l’alarme pour avarie, deux coups de sifflets longs suivis d’un court et nous avons gardé notre calme pour éviter de faire paniquer les passagers », a indiqué une animatrice du navire, selon qui « l’abandon du navire a été décidé deux heures plus tard ». « Nous avons entendu un grand bruit, les plats et couverts sont tombés par terre, les lumières se sont éteintes mais le personnel nous disait de ne pas nous inquiéter », a témoigné Roberto Bombardieri, un coiffeur qui devait participer à un concours de sa catégorie à bord. Plusieurs passagers ont décrit des « scènes d’apocalypse » et de « panique » avec des bousculades entre passagers cherchant à monter sur les chaloupes, au milieu de cris et pleurs de la cinquantaine d’enfants et des nombreux retraités participant à la croisière.

Une passagère journaliste, Mara Parmegiani, a dénoncé l’impréparation de l’équipage: « il y a eu des problèmes au moment où les chaloupes ont été descendues à la mer » et le pilote de son canot « a dû être remplacer », alors que certains gilets de sauvetage « ne fonctionnaient pas, de même que les lumières » d’urgence.

La capitainerie du port de Livourne, le plus important de Toscane, a ouvert une enquête sur les causes de l’accident et sur la façon dont les passagers ont été secourus. Le ministère des Infrastructures a lui aussi ouvert une enquête.

LeVif.be, avec Belga.

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