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Ukraine: l’UE divisée sur l’utilité d’un boycott de l’Euro-2012

Les ministres européens des Affaires étrangères se sont réunis pour trouver une position commune sur l’Ukraine, alors que le sort de Ioulia Timochenko empoisonne les relations entre Kiev et l’Union européenne avant l’Euro 2012 qui démarre le 8 juin.

Ils sont unanimes à dénoncer les conditions « inacceptables » de détention de l’opposante ukrainienne Ioulia Timochenko. Pour autant, les ministres européens des Affaires étrangères ont affiché ce lundi à Bruxelles des divergences sur l’opportunité d’un boycott de l’Euro-2012 de football en Ukraine.

Alors que l’Union européenne réclame depuis plusieurs mois la libération de l’ex-Première ministre et dénonce une justice sélective à son égard, le président de la Commission européenne José Manuel Barroso et l’ensemble de ses commissaires ont annoncé qu’ils boycotteraient les matches de l’Euro-2012 en Ukraine.

Indécisions autour du boycott

Le président de l’UE Herman Van Rompuy a lui aussi indiqué qu’il n’avait pas l’intention d’y aller. La chancelière allemande Angela Merkel a menacé d’en faire de même, et son ministre en charge du développement, Dirk Niebel, a d’ores et déjà annoncé qu’il boycotterait la compétition. La Haute Représentante de l’UE aux Affaires étrangères, Catherine Ashton, a indiqué soutenir « pleinement » cette position. Mais « bien sûr, nous avons besoin d’en discuter avec la Pologne », co-organisatrice du championnat avec l’Ukraine et opposée à un tel boycott, a-t-elle relevé.
« Personnellement, je n’ai pas le projet de m’y rendre », a annoncé le chef de la diplomatie britannique William Hague, tout en précisant que son gouvernement allait « continuer à étudier » quelle position adopter pour ses différents ministres.

La décision de boycotter le championnat est du ressort de l’UEFA, a relevé quant à lui le chef de la diplomatie luxembourgeoise Jean Asselborn, avant d’ajouter qu’il était « possible de jouer du bon football sans que trop de ministres soient présents ».
Certains sont encore indécis, comme le ministre italien Giulio Terzi qui a dit que son gouvernement n’avait pas encore pris de « décision politique » à propos d’une participation à l’Euro-2012.
« Des instruments nettement plus forts »

D’autres sont franchement sceptiques. Le Suédois Carl Bildt a ainsi confié avoir « du mal à considérer que la participation ou la non-participation à des matches de football soit le principal instrument de la politique européenne ». « Je pense que nous avons des instruments nettement plus forts et que nous devrions y avoir recours », a-t-il précisé, en allusion notamment à l’accord d’association, qui comprend un important volet commercial, que l’UE a fini de négocier avec Kiev mais qu’elle se refuse pour le moment à signer.

Il y aura par ailleurs des élections législatives à l’automne, a relevé Carl Bildt. « A cette occasion, nous allons regarder avec beaucoup d’attention la façon dont ce scrutin sera organisé. Ce sera extrêmement important. Alors nous pourrons voir si nous pouvons avancer avec l’Ukraine ou pas », a-t-il souligné, en référence à l’accord d’association. « Au bout du compte, c’est aux dirigeants ukrainiens de décider s’ils veulent conduire leur pays sur la voie de la Pologne (qui avait rapidement signé un accord d’association avec l’UE au début des années 1990, avant de rejoindre le bloc en 2004) ou sur la voie de la Biélorussie », ce régime autoritaire sanctionné par l’UE, a relevé Carl Bildt.

Dans l’attente, le Premier ministre ukrainien Mykola Azarov doit se rendre mardi et mercredi à Bruxelles où il doit participer à un « Conseil de coopération » avec l’Union européenne et à une table ronde au Parlement européen. Mais il ne rencontrera ni Herman Van Rompuy, ni José Manuel Barroso, qui ont décidé de ne pas s’afficher avec lui.

Une délégation américaine rend visite à l’opposante Timochenko

La délégation menée par un représentant du bureau pour la démocratie et les droits de l’Homme du Département d’État américain est arrivée dans l’après-midi à l’hôpital public de Kharkiv (est), où l’opposante souffrant d’hernies discales est hospitalisée depuis mercredi. Il s’agit de la première visite de responsables du gouvernement américain à l’opposante, incarcérée depuis août dernier. Mme Timochenko vient de mettre fin à une grève de la faim de 20 jours, entamée pour protester contre des violences dont elle dit avoir été victime en prison. Vendredi, la présidente lituanienne Dalia Grybauskaite a pu rencontrer à l’hôpital Mme Timochenko, condamnée à sept ans de prison pour abus de pouvoir.

LeVif.be avec L’Express

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