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Ukraine : l’éducation des jeunes ruinée par la guerre

Stagiaire Le Vif

Selon un rapport officiel publié par Human Rights Watch, le conflit dans l’est de l’Ukraine entre le gouvernement de Kiev et les militants pro-russes a entrainé la destruction de centaines d’écoles, mettant en péril l’éducation de la jeunesse ukrainienne.

Dans un rapport de 65 pages, le « Studying Under Fire: Attacks on Schools, Military Use of Schools During the Armed Conflict in Eastern Ukraine« , une série de documents atteste comment les forces gouvernementales ukrainiennes et les militants pro-russes ont volontairement perpétré des attaques sur plusieurs écoles du Donbass, le territoire à l’est de l’Ukraine.

L’armée du gouvernement comme les factions rebelles ont successivement transformé les écoles en des lieux de combat, forçant un grand nombre d’enfants à les quitter et aux établissements à stopper net leurs activités ou, dans ces certains cas, à fonctionner dans des conditions difficiles. « Des civils, y compris des enfants des deux côtés du combat, continuent de supporter le fardeau de cette guerre », raconte Yulia Gorbunova, chercheur ukrainien à Human Rights Watch. Toutes les parties engagées dans ce conflit ont une responsabilité de protéger les enfants en s’assurant que leurs méfaits ne risquent plus leur sécurité ni leur éducation. »

Crimes de guerre

Ces événements récents sont contraires à deux traités. Le premier concerne le gouvernement ukrainien, tenu, selon les principes de la Safe School Declaration, d’assurer la protection des enfants, de maintenir leur accès à l’éducation tout en décourageant l’accès aux écoles aux forces militaires. Dans le même temps, l’autre camp des militants pro-Poutine doit également éviter les lieux de culture et d’éducation, en respect des Guidelines for Protecting Schools and Universities from Military Use during Armed Conflict.

La plupart des écoles attaquées, recensées des deux côtés du front par HRW, ne figuraient pas sur la liste des endroits officiellement occupés par des forces armées. Cela équivaut à une infraction des lois de la guerre, qui stipulent que toute atteinte à des institutions d’enseignement et toute attaque qui ne distinguerait pas les biens civils de ses objectifs militaires peuvent être poursuivies comme crimes de guerre.

Un cas similaire avait déjà été constaté en juin 2015, lors de l’attaque par un groupe rebelle d’une des écoles de Krasnohorivka, une ville dans la région de Donetsk contrôlée par l’état. Le bâtiment fut touché à 12 reprises, contre aucune au check-point militaire situé à 700 mètres à peine. A l’époque, le directeur de l’établissement avait déclaré avec humour que « ce check-point était l’endroit le plus sûr pour se cacher parce qu’ils ne l’attaquaient jamais. »

Des dégradations continuelles

Durant le conflit, lorsque les forces armées, gouvernementales et résistantes, occupaient les écoles, ils prenaient l’habitude de casser ou brûler du matériel scolaire comme des portes, chaises et bancs. Dans beaucoup de cas, les bâtiments utilisés par les combattants ont été abandonnés avec, dans leurs locaux, de l’artillerie lourde et des munitions non-utilisées. Un sérieux frein au retour du personnel et des élèves pour d’évidentes raisons de sécurité.

Dans un témoignage recueilli par HRW, le directeur d’une autre école, à Ilovaisk, a rapporté des faits de dégradation similaires après l’occupation des lieux par l’armée ukrainienne en aout 2014. Quelques semaines plus tard, des chercheurs de l’association non-gouvernementale ont notamment retrouvé sur place des mines inutilisées, sans doute laissées là juste avant le départ des militaires. Dans une récente interview, le Ministre ukrainien de l’Education et des Sciences a reconnu l’utilisation de ces écoles à des fins militaires. En respect de la Safe Schools Declaration, qu’elle a signée de même que 51 autres pays, l’Ukraine s’est formellement engagée à défendre son système éducatif de toute forme attaque, comme elle devrait urgemment revoir sa politique en temps de guerre et ses méthodes d’entrainement. Un comportement similaire est aussi attendu de la part des troupes rebelles pro-russes.

Même dans des endroits de l’est ukrainien où les enfants n’ont pas été expulsés de leur école, le conflit armé qui y sévit depuis de longs mois a progressivement érodé la qualité générale de l’éducation. Certaines écoles ont dû fermer leurs portes durant les périodes de combats, forçant les élèves à manquer les cours dans l’attente d’un cessez-le-feu. Un autre problème est également survenu ; la surpopulation dans les classes, provoquée par un afflux incontrôlé d’enfants ne pouvant plus se rendre au cours ailleurs. Mais si le nombre d’écoles a drastiquement diminué au fil du temps, le simple fait d’y aller est, lui aussi, devenu une épreuve de force à cause des tensions persistante dans les rues, des restrictions de déplacements imposées par le gouvernement ou du manque de transports disponibles.

Malgré tout, l’espoir demeure chez beaucoup. « Professeurs et parents, des deux côtés du front, ont démontré une détermination incroyable à préserver l’éducation de leurs enfants, malgré les ravages de la guerre, témoigne Gorbunova. Les factions impliquées devraient d’ailleurs en faire beaucoup plus pour éviter ces dommages irréparables sur la sécurité et l’éducation de nos enfants. »

Source: https://www.hrw.org

Guillaume Alvarez

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