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Ukraine : combats à Debaltseve, la situation se dégrade

Les rebelles prorusses sont entrés mardi dans la ville stratégique de Debaltseve (est de l’Ukraine) où des combats acharnés ont éclaté dans les rues, une dégradation de la situation survenue malgré la nouvelle trêve et un round de négociations téléphoniques au plus haut niveau.

Les combats qui faisaient rage depuis des semaines autour de cette ville quasiment encerclée « se sont déplacés à l’intérieur de la ville » et se déroulent en « face à face », a indiqué à l’AFP le chef adjoint de la police régionale, Ilia Kiva, qui se trouve à Debaltseve.

« Les rebelles utilisent des mortiers, des lance-grenades et des armes à feu. Il y a des morts et des blessés mais je n’ai pas de chiffres précis car les combats continuent », a-t-il poursuivi. L’entrée des rebelles à Debaltseve, noeud ferroviaire situé entre Lougansk et Donetsk, les deux « capitales » des républiques séparatistes de l’est de l’Ukraine, a été confirmée par un porte-parole militaire ukrainien qui a néanmoins minimisé son ampleur. « Des groupes isolés d’insurgés ont pénétré dans la ville », a déclaré à l’AFP ce porte-parole, Oleksandre Motouzianyk.

De leur côté, les rebelles ont affirmé avoir pris le contrôle de la gare ferroviaire et de la banlieue orientale de Debaltseve. « Nous contrôlons la gare ferroviaire et la banlieue est », a indiqué un responsable du « ministère » de la Défense séparatiste, cité par l’agence de presse officielle des rebelles. Kiev, qui a annoncé mardi avoir perdu cinq soldats en 24 heures, soit dix au total depuis le début de la nouvelle trêve instaurée ce week-end, affirme respecter pleinement le cessez-le-feu et de ne faire que riposter aux attaques rebelles.

Cette dégradation de la situation intervient après un nouveau tour de négociations téléphoniques au plus haut niveau, visant à calmer la tension dans l’est de l’Ukraine où plus de 5.600 personnes ont été tuées en dix mois de conflit.

Les combats à Debaltseve ont été abordés lors de plusieurs entretiens téléphoniques du président ukrainien Petro Porochenko, qui en a discuté lundi soir avec le président français François Hollande et la chancelière allemande Angela Merkel, mais aussi avec celle-ci et le président russe Vladimir Poutine, avant de discuter avec le secrétaire d’Etat américain John Kerry.

Au cours de leur conversation, Mme Merkel, M. Poutine et Petro Porochenko ont décidé de « mesures concrètes » pour permettre aux observateurs de l’OSCE de surveiller le cessez-le-feu sur le terrain, a annoncé mardi Berlin, sans dévoiler la nature de ces mesures. Alors que Kiev et les rebelles s’accusent mutuellement de violer le cessez-le-feu, les Etats-Unis ont directement mis en cause le Kremlin, accusé depuis des mois par Kiev et l’Occident d’armer les rebelles et d’avoir déployé ses troupes en Ukraine.

« Nous exhortons la Russie et les séparatistes à cesser immédiatement toutes les attaques », a déclaré lundi le département d’Etat. Sur fond de ballet diplomatique, les observateurs de l’Organisation pour la sécurité et la coopération de l’Europe (OSCE) dans l’est de l’Ukraine, qui s’étaient vu refuser dimanche l’entrée de Debaltseve par les rebelles, se préparaient à s’y rendre mardi.

Ils se trouvaient depuis le début de la matinée à Soledar, ville sous contrôle de Kiev située une soixantaine de kilomètres au nord de Debaltseve, et négociaient vivement avec les rebelles et les Ukrainiens pour y accéder en sécurité, selon un journaliste de l’AFP sur place. « La mission d’observation de l’OSCE se trouve avec des généraux ukrainiens et russes à Soledar » et « attend que les deux parties reconfirment leur engagements pour arrêter les tirs », a écrit la mission sur son Twitter officiel.

« Ce n’est pas du tout facile de résoudre ces problèmes », a avoué à l’AFP un membre de la mission, alors que des éclats de voix sortaient de la salle des négociations où se déroulaient les pourparlers. Un journaliste de l’AFP a pu entendre des bombardements réguliers avec des lance-roquette multiples, provenant vraisemblablement de la route menant vers Debaltseve, rendant incertaines les possibilités pour l’OSCE d’arriver à Debaltseve.

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