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Ukraine: accord sur un cessez-le-feu et le retrait des troupes

Le Vif

Kiev et les rebelles prorusses ont signé vendredi un cessez-le-feu et un accord sur le retrait des troupes et un échange de prisonniers, à l’issue d’une rencontre à Minsk destinée à mettre fin à cinq mois de conflit meurtrier dans l’Est de l’Ukraine.

Le cessez-le-feu, qui intervient après de violents combats ayant fait près de 2.600 morts depuis avril, est entré en vigueur à 15H00 GMT.

Aucun tir, ni bruit d’explosion n’a été entendu après 15H00 GMT à Donetsk, un fief rebelle dans l’est de l’Ukraine, tout comme à Marioupol, dernière grande ville dans l’Est sous contrôle des forces ukrainiennes.

« Le cessez-le-feu est basé sur un accord qui a été trouvé lors de ma conversation téléphonique avec le président russe Poutine », a déclaré le président ukrainien Petro Porochenko, en marge du sommet de l’Otan à Newport (Royaume-Uni).

« C’est la raison pour laquelle je pense que (…) c’est désormais notre responsabilité commune de faire durer ce cessez-le-feu longtemps », a-t-il souligné.

Aucune précision n’a été donnée sur la durée du cessez-le feu qui constitue un succès pour les séparatistes et la Russie, dans la mesure où il est susceptible d’entériner la perte pour Kiev de plusieurs villes de l’Est après l’avancée victorieuse ces dernières semaines des rebelles, aidés sur le terrain par des militaires russes, selon les Occidentaux.

Le « groupe de contact » comprenant la Russie, l’Ukraine, les séparatistes et l’OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe), qui s’est réuni à Minsk, est parvenu à un accord sur « le retrait des troupes, l’accès de convois humanitaires et un échange de prisonniers sur le principe +tous contre tous+ », selon la représentante de l’OSCE, Heidi Tagliavini.

Mme Tagliavini n’a pas toutefois donné de précisions sur les modalités du retrait des troupes.

« Respecté point par point »

Le Kremlin a salué l’accord sur le cessez-le-feu disant espérer que celui-ci sera « respecté point par point ».

Le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon a appelé « tous ceux qui sont impliqués dans cet accord à faire preuve de bonne volonté et à prendre des mesures concrètes pour l’appliquer totalement, de manière urgente et efficace ».

Pour sa part, le président américain Barack Obama a souligné que le cessez-le-feu devait être suivi d’effets « sur le terrain ».

Alors que les Etats-Unis préparaient, en étroite coordination avec l’UE, de nouvelles sanctions économiques contre la Russie, accusée de souffler le chaud et le froid dans cette crise, M. Obama a jugé qu’il était préférable d' »imposer des sanctions, quitte à les lever ensuite ».

Le cessez-le feu obtenu lors des discussions du « groupe de contact » est très loin du plan de paix souhaité par le Premier ministre ukrainien Arseni Iatseniouk. Ce dernier a rappelé qu’il devait inclure « le retrait des troupes russes, des bandits et des terroristes (les séparatistes – ndlr) et le rétablissement de la frontière ».

Mais la marge de manoeuvre semble très faible pour Kiev, les troupes du président Petro Porochenko perdant chaque jour du terrain.

L’Otan, qui a annoncé vendredi la création d’une force « très réactive » capable d’être déployée en quelques jours en cas de crise et son intention de maintenir sa présence dans l’Est de l’Europe, a dit espérer que le cessez-le-feu marquerait « le début d’un processus politique constructif ».

« Une chose est de déclarer un cessez-le-feu, mais la prochaine étape cruciale est l’application de bonne foi (du cessez-le-feu) et cela reste à voir », a déclaré le secrétaire général de l’Alliance Anders Fogh Rasmussen.

La création de la nouvelle force de l’Otan a été aussitôt critiquée par Moscou: « Il s’agit d’une modification significative de la situation militaire dans la région », a déclaré le représentant de la Russie à l’Otan, Alexandre Grouchko.

La signature de cet accord intervient après que le président russe Vladimir Poutine ait présenté mercredi un plan de règlement de la crise en sept points qui prévoyait notamment le retrait des troupes gouvernementales des régions industrielles de Donetsk et Lougansk.

Les Occidentaux soupçonnent le président russe, furieux de l’accord d’association économique entre l’Ukraine et l’Union européenne en juin, de tout faire pour que ces régions restent dépendantes de la Russie pour leurs échanges commerciaux.

Avant l’annonce du cessez-le-feu, à Donetsk, de nombreuses explosions ont été entendues toute la nuit, marquant une recrudescence des bombardements après plusieurs jours d’accalmie. Selon la mairie, cinq civils ont été tués et neuf blessés.

Dans la matinée, les insurgés avaient également poursuivi leurs attaques aux abords de Marioupol, un port stratégique sur la mer d’Azov dont la chute ouvrirait aux séparatistes la route de la Crimée, annexée par la Russie en mars dernier.

Selon une note des consultants politiques d’Eurasia Group, « un cessez-le-feu permanent reste incertain étant donné les différences fondamentales entre la Russie et l’Ukraine sur ce qu’impliquerait un accord de paix », notamment le refus de Kiev de retirer ses troupes de l’Est et d’accepter le modèle de fédéralisation réclamé par le Kremlin depuis des mois.

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