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Turquie: le pouvoir « use de l’état d’urgence » pour museler l’opposition

« La Turquie doit cesser d’avoir recours à l’état d’urgence pour justifier la détention d’activistes, journalistes et représentants de la société civile », estime Amnesty International dans un rapport publié jeudi.

« Le gouvernement turc continue d’user de l’état d’urgence pour réduire l’espace disponible aux vues dissonantes ou alternatives », stipule l’ONG dans son rapport.

La république a été placée en état d’urgence depuis le 20 juillet 2016, quelques jours après la tentative manquée de coup d’Etat lancée par des membres de l’armée. Depuis lors, selon le rapport, plus de 107,000 employés du secteur public ont perdu leur emploi, plus de 100.000 font l’objet d’une enquête criminelle, et plus de 50.000 sont placés en détention en l’attente d’un jugement.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a longtemps imputé le coup d’Etat manqué au prédicateur Fethullah Gulen, exilé aux USA. Nombreuses sont les personnes ayant perdu leur emploi ou faisant face à des enquêtes parce que suspectées d’avoir des liens avec celui-ci.

Or Amnesty relève que la plupart de ces personnes ne sont pas liées à Gulen et sont juste des activistes ou journalistes en demande de démocratie.

« Il est temps pour la Turquie de lever l’état d’urgence et les mesures draconiennes qui vont au-delà des mesures légitimes pour lutter contre les menaces à la sécurité nationale. Ceci avant qu’il n’y ait plus de société civile critique et indépendante dans le pays », enjoint le rapport.

Deux représentants d’Amnesty International font partie des individus concernés par des enquêtes criminelles: Idil Eser est libre en attente de son jugement, alors que Taner Kilic est détenu depuis plus d’un an.

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