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Turquie-Israël : rien ne va plus

Les relations entre la Turquie et Israël s’étaient rapidement détériorées avec l’abordage par l’armée israélienne, le 31 mai 2010, d’une flottille turque, qui avait fait 9 morts du côté turc. Les tensions se poursuivent encore à l’heure actuelle, alors que la Turquie a décidé d’expulser l’ambassadeur israélien.

En mai 2010, la flottille turque avait tenté de briser le blocus de la bande de Gaza afin d’apporter une aide aux palestiniens. Le convoi était sous la direction de l’IHH, une organisation islamiste aux objectifs humanitaires qui vient en aide aux musulmans partout dans le monde, mais dont la priorité est nettement le sort des Palestiniens. Les autorités israéliennes la considèrent comme une organisation proche du Hamas à qui elle transmettrait des armes.

Des relations qui n’en finissent plus de se dégrader

Depuis cet incident, les relations se sont encore tendues. La Turquie a exigé des excuses de la part d’Israël, alors que le Premier Ministre israélien, Benjamin Netanyahu a rétorqué qu’ « Israël ne présentera jamais d’excuses ». S’en sont suivies plusieurs décisions symboliques qui ont marqué l’arrêt de la coopération entre les deux pays ; entre autres, l’arrêt des relations commerciales, militaires et industrielles pour le secteur militaire, l’annulation de rencontres de football entre les équipes des deux pays, ou la fermeture de l’espace aérien turc aux avions de chasse israéliens. Cela fait plus d’un an, et rien n’a évolué : ce 2 septembre, la Turquie a expulsé l’ambassadeur Israélien. Son homologue turc en Israël avait été rappelé l’an dernier.

La rupture des relations entre Ankara et Jérusalem n’ira pas en s’améliorant. Le Premier Ministre turc, Recep Tayyip Erdogan a déclaré mardi que la reconnaissance d’un Etat palestinien était une « obligation », au moment où les Palestiniens se préparent à faire une demande en ce sens à l’ONU. « La reconnaissance d’un Etat palestinien n’est pas une option, c’est une obligation », a déclaré M. Erdogan lors d’un discours au siège de la Ligue arabe au Caire. Il a également rappelé que sans excuses de Jérusalem et la levée du blocus de Gaza, les relations entre les deux pays resteraient gelées.

Dans les deux pays, le peuple semble soutenir la décision des gouvernements. Un sondage réalisé mardi pour le quotidien israélien Haaretz a montré que 64% des israéliens approuvaient le refus de Netanhayu de présenter des excuses à Ankara. En Turquie, le soutien au gouvernement est large car le peuple reste très pro-palestinien et s’est vu touché directement par la mort des 9 militants turcs.

Une décision qui pourrait coûter cher aux deux pays

Pour le Premier Ministre turc, cette position est électoralement avantageuse. Mais à long terme, la Turquie pourrait y perdre. En effet, en soutenant les Palestiniens sur un chemin dont eux-mêmes ne savent pas où il mène, elle perd un allié. De plus, la Turquie, membre de l’OTAN, entend bien rester alliée avec Washington, alliance que son soutien à la Palestine pourrait finir par compromettre.

Du côté d’Israël, le maintien de son refus pourrait aussi lui jouer des tours. La perte de son allié principal dans la région fragilise sa position. Entre la reconnaissance de la Palestine possible dans un futur proche, la Syrie à feu et à sang et la remise en cause des accords de paix entre Israël et l’Egypte depuis la chute de Moubarak, Israël se retrouve dans une position peu confortable. Enfin, le gouvernement Obama, bien qu’allié à Israël, est nettement moins pro-sioniste que le gouvernement Bush, constate Le Monde sur son site internet.

Le Vif.be

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