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Turquie: au moins 50 morts dans un attentat contre un mariage

Le Vif

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a estimé dimanche que le groupe Etat islamique était « probablement » l’auteur d’un attentat qui a fait au moins 50 morts lors d’un mariage à Gaziantep, ville du sud-est de la Turquie proche de la frontière syrienne.

Les restes d’une veste d’explosifs ont été retrouvés sur les lieux, a annoncé le parquet, confirmant la thèse d’un attentat-suicide samedi soir dans la ville de Gaziantep, proche de la frontière syrienne.

« Le nombre de personnes tuées dans cet attentat terroriste est aujourd’hui de 50 », a annoncé le gouverneur de la province, Ali Yerlikaya.

Il s’agit ainsi de l’attaque la plus meurtrière pour la Turquie endeuillée depuis un an par une vague d’attentats sanglants attribués au groupe Etat islamique (EI) ou au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), notamment à Ankara et à Istanbul.

L’attentat a visé un mariage auquel assistaient de nombreux Kurdes et a également fait près d’une centaine de blessés.

Dans un communiqué, le président Recep Tayyip Erdogan a dit ne faire « aucune différence » entre le prédicateur en exil Fethullah Gülen — qu’il accuse d’avoir ourdi le coup d’Etat raté du 15 juillet — les rebelles du PKK et le groupe jihadiste EI, « probable auteur de l’attentat de Gaziantep ».

« Notre pays, notre nation ne peuvent que réitérer un seul et même message à ceux qui nous attaquent: vous échouerez! », a-t-il encore écrit, avant que des condamnations affluent de l’étranger.

Le président français François Hollande a dénoncé « avec force l’ignoble attentat terroriste » de Gaziantep. « La France se tient aux côtés de tous ceux qui luttent contre le fléau du terrorisme », a-t-il dit, selon un communiqué de la présidence.

Le président russe Vladimir Poutine a condamné « la cruauté et le cynisme » de cette attaque.

L’ambassadeur des Etats-Unis John Bass a de son côté « condamné l’attaque barbare de civils innocents ». « Nous sommes solidaires de notre allié la Turquie et nous engageons à continuer à travailler étroitement ensemble pour défaire la menace terroriste », a-t-il conclu.

Au Vatican, le pape François a déclaré: « Prions pour les victimes, morts et blessés, et demandons le don de la paix pour tous ».

– ‘bain de sang ‘ –

Un responsable turc a indiqué que le mariage « se déroulait en plein air » et dans un quartier du centre de Gaziantep à forte concentration kurde, ce qui renforce la piste jihadiste.

Les mariés ont survécu au carnage. La mariée Besna Akdogan, alternant crises de larmes et d’évanouissement depuis le drame, a déclaré à l’agence de presse Anadolu : « Ils ont transformé notre mariage en bain de sang ». Légèrement blessée, elle a pu quitter l’hôpital dimanche.

D’après l’agence de presse Dogan, un kamikaze s’est mêlé aux invités — dont un grand nombre de femmes et d’enfants — avant d’actionner sa charge. Les forces de sécurité sont désormais à la recherche de deux personnes qui l’accompagnaient.

Des témoins ont livré des descriptions effroyables de la scène de l’attentat.

« Lorsque nous sommes arrivés, il y avait des tas de morts, une vingtaine, des personnes » avec « la tête, le bras, la main éparpillés au sol », a dit un homme.

« Regardez, ce sont les morceaux de ferraille qui sont entrés dans les corps de nos proches, ces billes les ont tués, il n’y a plus rien à dire », a déclaré un autre.

Gulser Ates, blessée, a raconté au quotidien Hurriyet que l’attaque avait eu lieu au moment où la fête se terminait.

« Nous étions assis sur des chaises, je discutais avec un de mes voisins. Il s’est effondré sur moi durant l’explosion. S’il n’était pas tombé sur moi, je serais morte », a-t-elle dit.

– des rangées de cercueils –

Le parti pro-kurde HDP a condamné l’attentat dans un email, affirmant que « beaucoup de Kurdes ont perdu la vie ».

M. Erdogan a jugé que les auteurs de l’attaque avaient pour objectif de semer la division entre les différents groupes ethniques vivant en Turquie.

Nombre de jihadistes perçoivent les Kurdes comme des ennemis. En Syrie voisine, les milices kurdes sont en première ligne dans les combats contre l’EI et ont permis leur recul sur le terrain.

Trois attentats

Le sud-est et l’est de la Turquie ont été secoués en milieu de semaine par trois attentats qui ont fait 14 morts et ont été attribués par Ankara à la guérilla kurde qui semble, après une relative trêve à la suite du coup d’Etat manqué, avoir repris une campagne intense d’attentats .

Gaziantep est devenue le point de passage de très nombreux réfugiés syriens fuyant la guerre dans leur pays et dont 2,7 millions, vivent en Turquie.

Mais la zone abriterait en dehors des réfugiés et des militants de l’opposition un nombre significatif de jihadistes.

L’attentat de Gaziantep est survenu le jour où le Premier ministre Binali Yildirim a annoncé que la Turquie souhaitait jouer un rôle « plus actif » dans la solution de la crise en Syrie afin de « faire cesser le bain de sang ».

Ankara est également aujourd’hui plus activement impliqué dans la lutte de la coalition menée par les Etats-Unis contre l’EI.

Comme pour chaque attentat majeur, les autorités turques ont interdit la diffusion d’images en direct par les télévisions et réseaux sociaux.

Le vice-Premier ministre Mehmet Sismek, également député de Gaziantep, a jugé « barbare d’attaquer un mariage ». « L’objectif de la terreur est d’effrayer les gens, mais nous n’accepterons pas cela », a-t-il dit à la télévision.

Il a lui aussi évoqué la possibilité d’un attentat-suicide.

Le sud-est et l’est de la Turquie ont été secoués en milieu de semaine par trois attentats qui ont fait 14 morts et ont été attribués par Ankara au PKK.

La guérilla kurde semble, après une relative trêve à la suite du coup d’Etat manqué du 15 juillet, avoir repris une campagne intense d’attentats contre des cibles des forces de sécurité.

Série d’attentats

Gaziantep est devenue le point de passage de très nombreux réfugiés syriens fuyant la guerre qui dure depuis plus de 5 ans et demi dans leur pays.

Mais la zone abriterait en dehors des réfugiés et des militants de l’opposition un nombre significatif de jihadistes.

La Turquie est secouée depuis plus d’un an par une série d’attentats très meurtriers attribués à l’EI ou au PKK, notamment à Ankara et à Istanbul, où l’aéroport Atatürk a été visé fin juin.

L’explosion de Gaziantep survient alors que le Premier ministre Binali Yildirim a annoncé samedi que la Turquie souhaitait jouer un rôle « plus actif » dans la solution de la crise en Syrie afin de « faire cesser le bain de sang ».

« Que nous l’aimions ou pas, Assad est aujourd’hui l’un des acteurs » de la guerre dans ce pays et il est possible de « lui parler pour la transition », a dit M. Yildirim, tout en excluant que ce soit la Turquie qui le fasse.

« Nous pensons que le PKK, Daech et Assad ne devraient pas faire partie de l’avenir de la Syrie », a-t-il dit, ajoutant que la Turquie, l’Iran, la Russie et les Etats-Unis devaient oeuvrer ensemble à une solution.

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