Terminal nu nouvel aéroport affichant le portrait du Président Kurbanguly Berdymukhamedov, septembre 2017 © Reuters

Turkménistan : Le président obtient un troisième mandat avec 98% des voix

Le Vif

Le président turkmène Gourbangouly Berdymoukhamedov, au pouvoir depuis 2006, a obtenu un troisième mandat avec 98% des votes, a annoncé lundi la Commission électorale de ce pays d’Asie centrale, l’un des plus fermés au monde.

La commission a également annoncé un haut taux de participation, plus de 97%, pour le scrutin qui s’est tenu dimanche, dans lequel l’autocrate se présentait contre huit candidats presque inconnus, condamnés à faire de la figuration.

Après deux mandats de cinq ans chacun, Gourbangouly Berdymoukhamedov doit cette fois rester au pouvoir au moins sept ans grâce à une réforme constitutionnelle adoptée en septembre.

Dentiste personnel du premier président du pays Saparmourat Niazov puis devenu ministre de la Santé, Gourbangouly Berdymoukhamedov avait été élu une première fois en 2007 avec 89% des votes après la mort de M. Niazov et reconduit en 2012 avec un score de 97,14%. « Le scrutin décidera de l’avenir du peuple au cours des sept prochaines années », a-t-il déclaré dimanche matin, lorsqu’il est venu voter dans une école d’Achkhabad, la capitale. « Si je suis élu, notre politique d’amélioration de l’aide sociale pour le peuple sera poursuivie », a promis le président de 59 ans.

Dès son arrivée au pouvoir, Gourbangouly Berdymoukhamedov a rapidement mis place son propre culte de la personnalité, à l’image de son prédécesseur et des autres pays de la région majoritairement dominés par des dirigeants autoritaires.

Le Turkménistan a ainsi adopté en septembre une réforme constitutionnelle accordant davantage de pouvoir à son dirigeant, signe que le président Berdymoukhamedov se prépare à un règne à vie, comme Saparmourat Niazov.

Bien que disposant des quatrièmes réserves mondiales de gaz, le Turkménistan traverse une période difficile, la devise turkmène, le manat, ayant perdu plus de la moitié de sa valeur face au dollar depuis la chute des prix des hydrocarbures.

Portrait de Berdymoukhamedov, le dentiste devenu homme fort du Turkménistan

Le président turkmène Gourbangouly Berdymoukhamedov, réélu lundi pour un troisième mandat, était le dentiste personnel de son fantasque prédécesseur jusqu’à ce qu’il prenne les rênes de ce pays d’Asie centrale, où il maintient un puissant culte de la personnalité et un pouvoir autoritaire.

Lorsqu’il prend la succession après sa mort en 2006 du premier président du pays Saparmourat Niazov, Gourbangouly Berdymoukhamedov suscite d’abord des espoirs d’ouverture dans cette ex-république soviétique.

S’il se débarrasse de certains excès du temps de M. Niazov, qui se faisait appeler le « Père des Turkmènes », le nouveau président ne relâche pas le contrôle des autorités sur la société et érige à son tour des monuments fastueux à sa propre gloire.

Il est réélu lundi avec 98% pour un troisième mandat, cette fois de sept ans, lors d’une élection jouée d’avance. A 59 ans, l’autocrate semble en bonne voie pour diriger à vie un pays où il n’existe pas de réelle opposition.

Poèmes et statue en or

Né le 29 juin 1957, M. Berdymoukhamedov a d’abord choisi une carrière de dentiste et s’occupait des dents de Saparmourat Niazov avant d’être nommé ministre de la Santé par ce dernier, en 1997.

A la mort soudaine du président, qui dirigeait sans partage le Turkménistan depuis la dislocation de l’Union soviétique, M. Berdymoukhamedov arrive au sommet de l’Etat avec le soutien, vital, des services secrets.

Dans les premières années de sa présidence, M. Berdymoukhamedov s’évertue à démanteler les symboles — omniprésents — de son prédécesseur. La statue en or à l’effigie de Niazov est déplacée du centre d’Achkhabad, la capitale, vers sa banlieue.

Mais le nouveau président consolide rapidement son pouvoir, à l’image des autres pays de la région majoritairement dominés par des dirigeants autoritaires, et met en place son propre culte de la personnalité.

En 2015, les autorités inaugurent dans la capitale une statue en or équestre de Gourbangouly Berdymoukhamedov, une colombe perchée sur sa main gauche.

Il n’existe pas de presse libre au Turkménistan et les poèmes du président sont publiés en Une des journaux, une chorale de milliers de personnes étant allée jusqu’à chanter une chanson qu’il a lui-même composée.

Une petite fissure dans son image présidentielle apparaît en 2013 quand une vidéo diffusée sur internet le montre tombant de cheval pendant une course. Mais les médias d’Etat gardent le silence sur l’incident.

Si Saparmourat Niazov gardait sa famille à l’abri du public, le fils de M. Berdymoukhamedov, Serdar, a lui été élu au Parlement en novembre. L’homme fort du Turkménistan apparaît également souvent en présence de son petit-fils Kerimgouly, un autre grand amateur de chevaux.

Dépenses fastueuses

Bien qu’il ait promis à son arrivée au pouvoir que sa présidence serait marquée par la « modération », M. Berdymoukhamedov a utilisé les revenus tirés des riches réserves en gaz de son pays pour construire à tout-va.

Il a ainsi fait ériger un palais présidentiel estimé à 250 millions de dollars à Achkhabad, qui figure elle-même au livre Guinness des records comme la ville contenant la plus grande concentration au monde de bâtiments en marbre blanc.

L’année dernière, le pays a inauguré un nouvel aéroport en forme d’oiseau estimé à plus de deux milliards de dollars en dépit d’une affluence touristique proche de zéro.

Malgré ces dépenses fastueuses, le pays traverse des difficultés liées à la chute des prix des hydrocarbures et le président évoque l’idée que ses concitoyens paient pour le gaz, l’électricité et l’eau, des services gratuits.

Officiellement, le Turkménistan est toujours resté un pays neutre sur la scène internationale mais il est devenu de plus en plus dépendant de la Chine, qui achète plus des trois-quarts de ses exportations en hydrocarbures. Les signes d’incertitude se multiplient, poussant même les autorités à dévaluer la monnaie nationale d’un cinquième de sa valeur en 2015.

Mais les médias d’Etat ne manquent jamais une occasion de rappeler à leurs concitoyens qu’ils vivent une « ère de bonheur suprême », officiellement instaurée par Gourbangouly Berdymoukhamedov en 2012.

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